mercredi 29 décembre 2021

Légion, les futurs chefs de corps

2019, Saint-Cyr, Thomas Riou alors lieutenant-colonel

A l'été 2022, la 13e DBLE, le 2eme REI, le 2e REP, le 3e REI et le GRLE changeront de chef de corps. Sur le Larzac (13e Demi-brigade de la Légion étrangère), le colonel Thomas Riou qui commande actuellement à Saint-Cyr le 1er bataillon (promotion capitaine Anjot), remplacera le colonel Pierre-Henri Aubry. A Nîmes (2e Régiment étranger d'infanterie), le lieutenant-colonel Guillaume Vancina succèdera au colonel Geoffroy Desgrées-du-Loû. Il sert actuellement au cabinet du chef d'état-major de l'armée de terre (pôle "stratégie"). A Calvi, (2e Régiment étranger de parachutistes) arrivée, en août prochain, du lieutenant-colonel Baptiste Thomas, lui aussi actuellement à l'académie militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan (chef du bureau "études générales"). Jusqu'à l'été, le REP est dirigé par le colonel Christophe Tritscher. A Kourou (3e Régiment étranger d'infanterie), le lieutenant-colonel Jean-Pierre Royet, aujourd'hui chef de la division "opérations" au Commandement supérieur des forces armées en Guyane, relèvera le colonel Amaury Poirier-Coutansais. Enfin, à Fontenay-sous-Bois (Groupement de recrutement de la Légion étrangère), le lieutenant-colonel Thomas Eickmayer deviendra le n°1 du régiment. Il est actuellement second au GRLE, commandé par le lieutenant-colonel Fabrice Prenveille.

vendredi 24 décembre 2021

Tournoi des 6 nations : vers un stage de l'équipe de France de rugby à la Légion ?

 

© Twitter

Le XV de France pourrait préparer le Tournoi des 6 nations 2022 par un stage, au mois de janvier, à la Légion étrangère. Une immersion de quelques jours dans un régiment est sérieusement envisagée par Fabien Galthié, le sélectionneur-entraineur, qui est à la recherche de ressorts nouveaux pour motiver ses joueurs. Le 14 octobre dernier, accompagné de Max Guazzini, ancien président du Stade Français et première classe d’honneur de la Légion, il passait la journée au 1er Régiment étranger de cavalerie (REC, Carpiagne, Bouches-du-Rhône). Deux mois plus tard, les deux hommes étaient reçus à Aubagne par le COMLE (commandant de la Légion étrangère), le général Alain Lardet. Le Tournoi des 6 nations débute pour les tricolores le 6 février à Paris, face aux Italiens. Pourquoi, ensuite, ne pas étirer ce possible partenariat vers la préparation de la coupe du monde 2023, qui se déroulera en France ?

jeudi 23 décembre 2021

Un dernier cadeau de Noël ?

 

Un livre, c'est une rencontre, un voyage, une initiation ; qui peut prendre la forme d'un cadeau pour marquer un événement, pour transmettre un message, pour consoler...Le petit Quizz c'est se plonger quelques minutes différemment dans l'histoire militaire. A quelques heures de Noël, pourquoi pas celui consacré à la 13ème Demi-brigade de Légion étrangère (DBLE), signé Grégoire Thonnat (éditions Pierre de Taillac, 6,90 €) ?

mercredi 22 décembre 2021

Anniversaire de la fin de l'URSS, la photo avec Elstine

Le 25 décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev annonce sa démission. L’URSS a vécu. Le président russe Boris Elstine, en poste depuis la fin mai de l’année précédente, est le vainqueur du duel qui l’opposait depuis à l’homme de la perestroïka et de la glasnost.

Portrait officiel de Boris Eltsine

Ce que je vais vous raconter, loin des pages d’histoire, n’est qu’une anecdote personnelle puisée dans mes souvenirs d’envoyé spécial d’une chaîne de télévision, la 5, à Moscou. Retournons-nous sur ce 29 mai 1990. En fin de matinée, Boris Nikolaïevitch Eltsine est élu au Kremlin, après plusieurs tours de scrutin, président du soviet suprême de la République socialiste fédérative soviétique de Russie par les 1062 députés. Il n’est pas le candidat de Gorbatchev. Entouré de plusieurs dizaines de journalistes du monde entier, nous le suivons jusqu’à la place Rouge. Posant à la volée des questions. Je lance la mienne en français, aussitôt traduite par Dimitri, collaborateur fidèle et très efficace. La réponse du nouvel élu, convenue, ne présente pas d’intérêt particulier. Boris Elstine monte ensuite dans sa Zil noire, la limousine des hiérarques du régime. Il est accompagné de son chauffeur et de sa photographe.

La photo
Je suis insatisfait. J'aimerais obtenir une interview. Et si nous le suivions et lui proposions l’idée ? Dima (diminutif de Dimitri) me dit qu’il pense savoir où se rend Elstine. Notre conducteur nous rejoint. Quelques minutes plus tard nous arrivons, en même temps que le président, dans une cité aux immeubles blancs, bien entretenus, réservés aux cadres du parti communiste. Nous courons vers lui et tentons notre chance. Il accepte l'entretien. Pour gagner du temps, Gilles le cameraman travaille à l’épaule. L’interview est enregistrée. Au terme de celle-ci, je demande à la photographe si elle accepte de faire un cliché avec Boris Elstine. La réponse sèche est traduite par Dima : « Elle refuse, parce que tu es étranger... »

lundi 13 décembre 2021

Le mémorial du Mont-Valérien dégradé par des "anti-passe sanitaire"

Qu’auraient fait ces lâches (ou ce lâche) en 1940 ? Peut-être auraient-ils attendu les premières heures de la Libération pour affirmer leur virile résistance ? On peut imaginer que leur seul fait d’arme aurait été de tondre des femmes. 
L’ignominie, est aussi d’avoir tagué sur le mémorial « anti-pass » avec deux « S » qui rappellent le SS nazi. Plus de mille hommes et femmes, condamnés par les tribunaux militaires allemands ont été suppliciés et fusillés durant l’occupation au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine). Dans le mémorial, reposent dix-sept corps de combattantes et combattants. Tous avaient, très tôt et individuellement, manifesté leur courage et leur inébranlable volonté de se battre pour que les Français puissent jouir, ultérieurement, à nouveau de la liberté. Quitte à mourir pour cela. L’injure qui leur est ainsi faite est intolérable !

dimanche 12 décembre 2021

Nouvelle-Calédonie : et maintenant ?



La question avait été posée hier sur Twitter sur un mode humoristique : « Si miss Nouvelle-Calédonie devient miss France ce soir et que l’archipel devient indépendant demain ? » Une période de transition était prévue dans un tel cas...qui n’est plus d’actualité aujourd’hui. Car la victoire du « non » à l’indépendance au troisième référendum est sans appel : 96,5,% des électeurs ont exprimé leur rejet d’un tel avenir. « La Nouvelle-Calédonie restera donc française » a conclu le président de la République dans une déclaration télévisée.
Mais au-delà de ce chiffre impressionnant, c’est celui de la participation qu’il faut prioritairement consulter. 43,9% seulement des 183 332 inscrits sur la liste électorale spéciale sont allés voter ce 12 décembre. Soit 41,80 points d’écart avec les chiffres de la participation d’octobre 2020 (deuxième référendum). Pour utiliser une métaphore sportive, cette fois-ci seule l’une des deux équipes s’est déplacée.

La Covid
Les indépendantistes, qui sont pourtant à l’origine de cette troisième et ultime consultation ont finalement appelé leur camp à ne pas se rendre aux urnes après avoir échoué à obtenir son report, estimant que l’épidémie de Covid-19 ne leur permettait pas de « mener une campagne équitable », mettant également en avant l’impossibilité pour les familles kanak de mener leur deuil après la disparition d’un proche lors de la crise sanitaire. La Covid qui a frappé à partir du 6 septembre 2021 en Calédonie, a causé la mort de 280 personnes, majoritairement mélanésiennes. Des arguments rejetés par les « loyalistes » qui estiment que leurs rivaux craignaient d’abord ne pas remporter cette élection.

Le destin commun
Cette dernière consultation ne résout donc pas grand-chose. Certes, les trois référendums, avec des scores très différents ont confirmé la victoire du « Non ». Mais aujourd’hui et pour poursuivre avec le vocabulaire sportif « la balle est au centre ». Car quel enseignement tirer de ce 12 décembre ? Que rien n’est définitivement réglé ! Et que seule la bonne volonté des deux camps et de l’Etat pourra déterminer cet avenir apaisé indispensable à la Calédonie, ce destin commun. On a vraiment l’impression de revenir en arrière…

mercredi 1 décembre 2021

Six femmes...

Avec Joséphine Baker, ce sont six femmes qui ont été admises au Panthéon (sur 81 personnes transférées). Un chiffre appelé à progresser. Six est aussi le nombre de femmes "immortelles" qui siègent à l'académie française (sur 35 académiciens(nes) actuellement). Cinq sièges sont à pourvoir... Six enfin est le nombre de femmes "Compagnon" de la Libération (sur 1038). Dans ce dernier cas, l'ordre étant forclos, le rapport ne sera jamais modifié.  

samedi 27 novembre 2021

Osez Joséphine*


©Réunion des musées nationaux

Enfant, ma mère me parlait souvent de notre presque voisine, Joséphine Baker. Nous habitions Bordeaux et alors, au mitan des années 60, on citait souvent la propriétaire du château des Milandes, en Dordogne. Où résidaient ses douze enfants, adoptés et venus de diverses latitudes. C’était l’époque du slogan « Si tous les gars du monde voulaient se donner la main... » On évoquait souvent sa carrière, elle apparaissait sur les écrans de nos télévisions. Mais autant que je me souvienne, on parlait peu de son engagement unanimement gaulliste et résistant. Ses ennuis financiers entraînèrent son expulsion des Milandes, en 1969. L’affaire fit grand bruit. Après sa mort en 1975, malgré sa gloire passée cette franco-américaine aux multiples vies et engagements fut oubliée du plus grand nombre. Aujourd’hui, la presse rivalise pour rappeler ce qu’elle fut.
Cette « panthéonisation » de Freda Josephine Mac Donald (Joséphine Baker) propulse justement au centre de l’actualité cette femme à l’avant-garde de combats sociétaux. Mardi, elle sera la sixième femme à faire son entrée dans le mausolée de la montagne Sainte-Geneviève à Paris, dont la devise est toujours : Aux grands hommes, la patrie reconnaissante. Formule qui mériterait certainement d’évoluer…

* Accroche de la pétition destinée à obtenir l’entrée au Panthéon.

jeudi 18 novembre 2021

Mort accidentelle d'un légionnaire du 2eme REI


Le caporal Ouladzislau Chastakou est décédé accidentellement aujourd'hui "lors d'une activité nautique encadrée et réalisée dans le contexte de la préparation opérationnelle des unités du 2ème Régiment étranger d'infanterie" annonce ce soir dans un communiqué de presse la Légion étrangère. Originaire de Biélorussie, ce légionnaire âgé de 24 ans avait intégré la Légion en 2018.

jeudi 11 novembre 2021

« Mission terrestre terminée, mon général ! »

Hubert Germain, ces derniers mois, avait donné son accord au déroulement de la cérémonie d’adieu du dernier Compagnon de la Libération de ce 11 novembre, à l’Arc de Triomphe (Paris) puis au Mont-Valérien (Suresnes, Hauts-de-Seine). Conception à laquelle il avait participé.
Lors de la première séquence, celle de ce matin, il avait demandé qu’un arrêt soit observé devant la statue du général de Gaulle, lors de la remontée de sa dépouille sur un engin blindé. Pour, symboliquement lui dire : « Mission terrestre accomplie, mon général ! »

mercredi 10 novembre 2021

A Hubert Germain qui portait le poids de l’histoire !

©HW

Cette phrase a été écrite ce matin sur l’un des deux registres posés sous le Dôme des Invalides (Paris) où est exposé le cercueil d’Hubert Germain. Le public peut depuis 10h, et jusqu’à 18h, venir rendre hommage au dernier Compagnon de la Libération, décédé le 12 octobre dernier. Ensuite viendront se recueillir le Premier ministre, la ministre des armées, la ministre chargée de la mémoire et des anciens combattants, le chef d’état-major des armées...
Des militaires des 18 unités Compagnons de la Libération assurent une garde d’honneur et se relaient toutes les 30 minutes. Il en sera de même cette nuit.
Demain, la dépouille sera placée sur un AMX-10 baptisé Bir Hakeim, escorté par la Garde Républicaine et sera conduite à l’Arc de Triomphe. Le président de la République rendra alors hommage à l’ensemble des Compagnons de la Libération. Ensuite, le cercueil prendra la direction du Mont-Valérien (Hauts-de-Seine) où Hubert Germain reposera dans le caveau n°9.

dimanche 31 octobre 2021

Adieu au dernier Compagnon de la Libération les 10 et 11 novembre


Derniers préparatifs avant l'inauguration du Mémorial en 1960 ©Ordre de la Libération

Le 10 novembre, le public pourra se recueillir devant le cercueil d’Hubert Germain sous la coupole dorée des Invalides (Paris), de 10 à 19h. Le dernier Compagnon sera veillé par des militaires représentant les 18 unités « Compagnon de la Libération ».
Le lendemain, en fin de matinée, la dépouille placée sur un AMX-10 baptisé Bir Hakeim escorté par la Garde Républicaine, sera conduit à l’Arc de Triomphe et fera face au Soldat Inconnu. Le chef de l’État rendra alors hommage à l’ensemble des Compagnons de la Libération. Ensuite, le cercueil prendra la direction du Mont-Valérien (Hauts-de-Seine) où Hubert Germain reposera dans le caveau n°9.
Ces différentes séquences s’inspirent de la cérémonie des 10 et 11 novembre 1945 de transfert des corps des 15 autres (le seizième le fut en 1952) « morts pour la France » inhumés en 1960 dans la crypte du Mémorial de la France combattante.

vendredi 29 octobre 2021

Inauguration d'une place Hubert Germain à Montrigaud

©1er régiment de Spahis

Celle-ci s'est déroulée hier dans la Drôme, dans cette commune* où Hubert Germain avait ses origines familiales. Dans un texte préparé il y a quelques semaines, et lu par le général Baptiste délégué national de l'ordre, le dernier compagnon de la Libération expliquait que c'était là qu'il avait "appris à aimer la terre et la richesse qu’elle me suggérait (...) Sachez aussi que j’ai avec moi, ici dans ma chambre à l’hôtel national des Invalides, un peu de terre de Montrigaud et j’ai exprimé la volonté qu’elle soit mise dans mon cercueil pour m’accompagner à jamais."
Décédé le 12 octobre dernier, Hubert Germain reposera au Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine). La cérémonie se déroulera le 11 novembre prochain.

*Devenue depuis 2019 par fusion, commune déléguée de Valherbasse.

samedi 23 octobre 2021

DSR3R



©Facebook, gendarmerie en NC

DS3R signifie Dispositif de sécurité du troisième référendum en Nouvelle-Calédonie, prévu le 12 décembre. L’État a déployé des moyens importants. 1400 gendarmes, 250 soldats, une centaine de policiers "qui vont multiplier par 10 les effectifs du RAID et renforcer ceux de la BAC, des spécialistes en cybersécurité pour lutter contre les menaces sur internet, 130 véhicules, 30 nouveaux engins blindés de maintien de l'ordre, deux hélicoptères PUMA et un avion Gardian supplémentaires, sans compter le sistership du d'Entrecasteaux, le patrouilleur outre-mer Bougainville, qui arrivera de Tahiti" explique le quotidien local Les Nouvelles-Calédoniennes.
La crise sanitaire sera toutefois l’arbitre de ce référendum. Le "Caillou" n'a été touché par la Covid19 que depuis début septembre dernier. Mais durement. Ces dernières heures, les indépendantistes du FNLKS viennent d’appeler à la "non-participation" au vote, estimant que la crise sanitaire empêche une campagne "équitable." Les partis anti-indépendantistes jugent, pour leur part, sévèrement "cette instrumentalisation de la situation."

vendredi 15 octobre 2021

Il y a 9 ans, Hubert Germain portait la main du capitaine Danjou



©Légion étrangère

Le 30 avril 2012, à Aubagne (Bouches-du-Rhône), le lieutenant Hubert Germain portait la main du capitaine Danjou lors d'un Camerone marquant le 70ème anniversaire de Bir Hakeim. Bataille où le jeune homme connaissait son baptême du feu avec la 13ème Demi-brigade de Légion étrangère.
Il y a 9 ans, 30 Compagnons de la Libération étaient encore en vie.

jeudi 14 octobre 2021

Les deux hommages à Hubert Germain

Le président de la République prononcera demain l'éloge d'Hubert Germain, le dernier Compagnon de la Libération, décédé mardi à l’âge de 101 ans. Cet hommage national se déroulera à 15 heures aux Invalides (Paris). Puis le 11 novembre Emmanuel Macron présidera la cérémonie d’inhumation du dernier Compagnon de la Libération qui se déroulera à l’Arc de Triomphe, puis au Mont Valérien (Hauts-de-Seine), lieu d’exécution de plus de 1000 résistants, condamnés à mort par les tribunaux militaires allemands. A ce moment-là, « le dernier compagnon retrouvera le premier » comme l’avait annoncé André Malraux. » L’ancien lieutenant de la 13ème Demi-brigade de Légion étrangère reposera alors dans le caveau n°9 du Mémorial de la France combattante. C'est à proximité de sa dernière demeure, qu'Hubert Germain avait transmis au Président de la République, le 18 juin dernier, son "testament" pour que la mémoire des compagnons continue à être honorée. Le dernier Compagnon et le chef de l'Etat s'étaient en effet retirés une quinzaine de minutes dans la crypte.

mercredi 13 octobre 2021

Hubert Germain, 1920-2021

 

Hubert Germain en 2016  ©HW

Souvent, le dimanche soir, le général Christian Baptiste, délégué national de l’ordre de la Libération, apportait des huîtres à Hubert Germain. Celui-ci en était friand. 
Le dernier compagnon de la Libération, de son propre aveu, a eu une belle vie. Bien différente de celle qu’il s’imaginait avoir jeune homme, bien éloignée de cette trajectoire que son père, officier général, envisageait certainement. Pourtant jusqu’à quasiment la fin du printemps 1940, l’avenir était tracé. Le concours de l’Ecole Navale puis, le cap franchi, une carrière au sein de la Royale. Hubert Germain se présente à l'épreuve. Enfin, le grand garçon longiligne se rend dans la salle d’examen à Bordeaux, s’assoit, hume l’air, ne sort pas de crayon de sa trousse, se lève, rend la copie blanche au surveillant interloqué et lui avoue son dessein : « Cela ne m’intéresse pas ; je pars faire la guerre ! » Je ne sais si le surveillant voit en lui un extravagant ou un effronté. Le général Bührer, sans le moindre doute, penche lui pour la seconde hypothèse lorsque le jeune Hubert lui demande de prendre soin de sa mère et de sa sœur.
- Pourquoi donc ? lui demande le chef d’état-major des colonies.
Et l’étudiant de lui expliquer qu’il part continuer le combat. La réponse est à la hauteur de l’affront ressenti par l’ami de son père.
- Hors d’ici. Tu n’es qu’un voyou ! Peut-être dans sa colère le sexagénaire le traita-t-il de « jean-foutre », formule en vogue à l’époque.

Londres et la France libre
Hubert Germain rompt ainsi les amarres. Il a 19 ans, une détermination comme boussole et donc aucune considération pour le maréchal Pétain et ses admirateurs. Il a été indigné par le discours du vieil homme, le 17 juin annonçant à la radiodiffusion avoir demandé l’armistice. 
Hubert Germain part de Saint-Jean-de-Luz avec trois camarades pour « faire quelque chose. » Nous sommes le 24 juin et ils réussissent à embarquer à bord de l’Arandora Star qui appareille pour la Grande-Bretagne. Ils sont bien peu à traduire leur révolte autrement que par des mots. On mesure insuffisamment aujourd’hui, combien cette défaite militaire et politique a pu humilier ces jeunes gens qui ont relevé un défi qui apparaissait alors totalement insurmontable. Il en fallait du courage pour s’engager dans une telle aventure ! Abandonnant familles, proches, études ou travail pour cet incertain avenir. Il sert tout d’abord en Angleterre sur le croiseur Courbet puis à l’état-major du général Legentilhomme, son parrain, qui commandait en Palestine la 1ère Division légère française libre. Envoyé ensuite comme élève à l'école d'officiers de Damas en septembre 1941, il en sort aspirant pour être affecté au 2e Bureau de l'Etat-major de la 1ère Brigade française libre du général Koenig. En février 1942, il rejoint les rangs du 2e Bataillon à la 13e Demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE) « son régiment. » Il reçoit son baptême du feu à Bir Hakeim puis se bat dans l'Himeimat (El Alamein) en Egypte puis en Tunisie. Il est blessé en Italie en mai 1944. C’est à Naples qu’il reçoit la croix de la Libération des mains du général de Gaulle.

Maxime Germain
Il participe au débarquement de Provence en août 1944. Il a 24 ans et est lieutenant. Il souhaite revoir le plus rapidement possible ses parents. Seule information dont il dispose, ceux-ci seraient retirés à Grasse (Alpes-Maritimes).
- «Mon père, qui avait été viré par Pétain, habitait là, en retraite pensais-je. Je suis arrivé, j’ai cherché où ils pouvaient habiter. Et c’est dans un café que j’ai su que mon père avait été déporté. Quand vous recevez cela en pleine figure ça vous file un choc même si vous dites qu’il y a encore ma mère et ma sœur. J’ai cherché. J’ai sonné à une maison. J’ai entendu un pas lourd, la porte s’est ouverte. Vous voyez une femme vieille, les cheveux gris-blanc. La mauvaise teinte. Les yeux las. Le malheur et la lassitude inscrits sur le personnage et qui se dit en me voyant devant la porte : « Ah, les pépins vont continuer. »
- « Que puis-je pour vous lieutenant ?» Cette femme ne me reconnaissait pas. C’est à ce moment-là que ma sœur a surgi. « Mère, tu ne reconnais pas ton fils ?» Qu’elle ne me reconnaisse pas, c’est normal, elle avait quitté un gamin et elle retrouvait un homme en uniforme. Mais ça, c’est atroce ! J’ai dit à ma sœur de venir avec moi et nous sommes montés dans la jeep pour aller voir le sous-préfet qui était encore celui de Vichy et n’avait pas encore été remplacé. Je lui ai dit qui j’étais et que mon père avait été arrêté par la police française, livré à la Gestapo et envoyé en camp de concentration. Le sous-préfet a alors fait son ignorant. Je lui ai dit : « Vous avez douze heures. Douze heures pour que ma famille soit rétablie dans tous ses droits d’abord et dans sa dignité.» Le menaçant de le coller au mur si dans les douze heures il ne "s’exécutait" pas.
»
Son père rentre de déportation. Hubert Germain prévenu par un télégramme de l’hôtel Lutetia* va l’accueillir à la gare de Cannes. 
« Il est arrivé et cherchait si un membre de la famille était là. Je l’ai pris dans mes bras. Pour pleurer, il s’est mis de côté. Nous sommes sortis de la gare et je lui ai dit : « Papa, tu n’es plus papa, tu es le général Germain, il y a ici une compagnie de Légion qui est là pour te rendre les honneurs. Et on lui a rendu les honneurs. Il était vivant mais vide… »

Un serviteur de la France
Nous avions parlé à nouveau, de son père lors de ma dernière visite, le 2 février dernier. Les larmes étaient toujours prêtes à couler. Il racontait ses souvenirs avec précision, clarté malgré le temps, comme s’il évoquait une actualité. Il avait aussi le sens du mot. Mais jamais ne réclamait la vedette.
La guerre n'était pas finie. Après avoir vu son père, il repart, participe à la libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon.
Il prend part ensuite aux campagnes des Vosges, d'Alsace et termine la guerre dans le sud des Alpes, au massif de l'Authion. Appelé comme aide de camp auprès du général Koenig commandant les forces françaises d'occupation en Allemagne, le lieutenant Hubert Germain est démobilisé en 1946. Sa vie civile est également réussie : maire, député, ministre…
Hubert Germain est l’archétype du serviteur de la France. L’album des Compagnons de la Libération vient de se refermer sur cette 1038ème page, sur ces 1038 vies, sur ces 1038 morts.

 

* Transformé alors en centre d'accueil pour les survivants des camps de concentration.

mardi 12 octobre 2021

Disparition d’Hubert Germain dernier Compagnon de la Libération

26 septembre 2021, remise du galon de caporal-chef de la Légion à H. Germain

C’était le 26 septembre dernier à l’Institution nationale des Invalides à Paris. Le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des armées accompagné du commandant de la Légion, le général Alain Lardet, avait remis à Hubert Germain le galon de caporal-chef d’honneur de la Légion étrangère. Avant lui, cette distinction n’avait été accordée qu’à douze reprises.
Agé de 101 ans, depuis le 6 août dernier, l’ancien lieutenant de la 13ème DBLE est décédé en début d'après-midi aujourd’hui à l’INI où il résidait depuis de nombreuses années. C’est la ministre des armées, Florence Parly qui vient de l’annoncer au Sénat. 
Depuis novembre 2020 et la mort de Daniel Cordier,  Hubert Germain était le dernier des 1038 Compagnons de la Libération. Je l’avais rencontré pour la dernière fois le 2 février. Mon carnet s’était enrichi de nouvelles anecdotes comme chaque fois que je le côtoyais depuis quinze ans...

Nouvelle-Calédonie : le 3ème référendum toujours prévu le 12 décembre

 

« Seule une épidémie hors de contrôle retardera le référendum d'autodétermination en Nouvelle-Calédonie » a expliqué de Nouméa, Sebastien Lecornu sur Franceinfo. Le ministre des outre-mer qui termine, dans quelques heures, sa septaine au haut-commissariat. Cette troisième et dernière consultation doit se dérouler le 12 décembre prochain. Entre l'annonce en juin de la date de ce référendum et la consultation, la covid-19 a frappé, depuis début septembre, le territoire qui compte ce matin 209 morts.
La majorité des formations indépendantistes demande son report. En face, le camp anti-indépendantiste souhaite lui son maintien à la fin de l'année.
Le président du gouvernement local, Louis Mapou (indépendantiste) considère, dans un entretien aux Nouvelles Calédoniennes, que « le pays va en sortir meurtri, affecté, ce pays va devoir panser ses plaies... Dès lors, comment peuvent-ils (les électeurs) être concentrés sur un référendum dont les enjeux son colossaux pour l'avenir ?»

lundi 4 octobre 2021

Le colonel Spinetta à la tête de la gendarmerie de Nouvelle-Calédonie

@Facebook, gendarmerie de NC

Jusqu'ici commandant en second, Fabrice Spinetta avait assuré l'intérim depuis le 20 août après le départ du colonel Eric Steiger, qui "avait demandé à être relevé de ses fonctions" après les révélations concernant sa condamnation pour violences conjugales. Cet ancien patron du groupement des Landes sera secondé par le colonel Nicolas Mattheos, qui avait, il y a quelques années, commandé la compagnie de Nouméa. Par ailleurs, le général Marietti qui avait dirigé la gendarmerie sur le territoire de septembre 2017 à juillet 2021, est revenu sur le "Caillou" afin de conduire le dispositif (avec des renforts venus de métropole) mis en place pour le troisième référendum qui doit se tenir le 12 décembre. Date pour l'heure maintenue, malgré la progression de la crise sanitaire. "Covid free" jusqu'au début septembre, la Nouvelle-Calédonie a depuis enregistré 157 morts.

vendredi 24 septembre 2021

Mort au Mali du CCH Blasco


Agé de 34 ans, le caporal-chef Maxime Blasco du 7ème bataillon de chasseurs alpins de Varces (Isère), "est mort au combat au cours d’une opération de reconnaissance et de harcèlement conduite par la Force Barkhane dans le Gourma malien, au Sud-Est de N’Daki, dans la région de Gossi, à proximité de la frontière entre le Mali et le Burkina Faso" annonce ce soir l'état-major des Armées. Le tireur aurait été "neutralisé". A l'occasion de son précédent séjour au Mali, en mai 2019, lors d'un engagement avec une trentaine de terroristes, l'hélicoptère Gazelle dans lequel Maxime Blasco avait pris place était touché par des tirs et était contraint de se poser d'urgence. Ejecté lors de l'impact, le CCH Blasco "malgré de graves blessures et la proximité immédiate des ennemis, n’hésite pas à extraire le pilote ainsi que le chef de bord, blessés et encastrés dans l’aéronef en feu. Il les traine jusqu’à une zone dégagée sur près de cinquante mètres puis, toujours sous le feu ennemi, les arrime par une manœuvre de fortune sur un hélicoptère Tigre venu en renfort avant de s’accrocher par la seule force des bras au train d’atterrissage. Son action permettra le sauvetage et la survie de l’équipage de l’hélicoptère. Blessé au dos et souffrant de multiples fractures vertébrales, il est rapatrié en France. En récompense de ses services exceptionnels, il est décoré de la croix de la Valeur militaire avec étoile de Vermeil puis de la Médaille Militaire des mains du Président de la République" apprend-on dans la biographie diffusée ce soir par le ministère des Armées.

Jacques Lecompte-Boinet, « Mémoires d’un chef de la Résistance »

  



Lors d’un dîner à Alger, fin 1943, Jacques Lecompte-Boinet explique à son interlocuteur, membre comme lui de l’Assemblée consultative provisoire, les raisons de son engagement en résistance. « C’était le dégoût d’être seul de ma lignée à n’avoir pas fait mon devoir envers mon pays pendant la guerre (1939-40) à cause de mes cinq enfants et il fallait absolument que, justement, vis-à-vis d’eux, je me rachète, je sois digne de mon père et de mon grand-père. » Lorsqu’il se raconte, cet autodidacte de la lutte clandestine a déjà vécu beaucoup de vies en peu de mois. Phénomène habituel chez ces hommes et ces femmes qui s’engagèrent parce qu’humiliés par la défaite, l’occupation, Vichy.

                                       Ceux de la Résistance

Fonctionnaire dans les services financiers de la préfecture de Paris, gendre du général Mangin* et beau-frère de Diego Brosset**, Jacques Lecompte-Boinet (1905-1974) a intégré en 1941 le Mouvement de Libération nationale (qui deviendra Combat) dont il dirige, en zone nord, le bureau d’information. En février 42, il échappe à Paris à l’arrestation, ce qui ne l’empêche pas de continuer à vivre en famille à Sèvres (aujourd’hui Hauts-de-Seine, alors Seine-et-Oise) jusqu’en juillet de l’année suivante. Une trahison au sein du mouvement provoque, en effet, une vague d'arrestations qui aboutit au démantèlement de l'état-major parisien. JLB se retrouve quasiment seul. Il créé alors L’organisation nationale de la Résistance et échappe en juin, à nouveau aux Allemands. Son mouvement se transforme en janvier 1943, en Ceux de la Résistance qui devient rapidement l’un des plus importants de l’ex zone Nord. Effectuant des opérations de sabotage des voies ferrées et navigables de l'Est, CDLR assure également de nombreuses réceptions de parachutage. Ses membres participent aussi à la diffusion des ouvrages des Editions de Minuit (créées en 1941) et notamment du Silence de la Mer. Livre écrit par l’un des deux fondateurs de la maison d’édition, Jean Bruller sous le pseudonyme de Vercors que Jacques Lecompte-Boinet rencontre régulièrement. Pour la France libre, ce dernier devient l’un des hommes chargés d’incarner un « contre-Etat » face à Vichy, comme l’explique dans la postface, l’historien Bruno Leroux.

                                    La Résistance vue de l’intérieur

L’un des indéniables intérêts de ces Mémoires d’un chef de la Résistance est de raconter le quotidien, l’intime parfois, de la vie des résistants. Une réflexion de Lecompte-Boinet datant de la fin 1942, explique l’un des enjeux de l’engagement : « L’année s’achevait. Mais combien d’amis avais-je perdu ? » Elle dit l’anxiété qui abîme les résistants : « La nervosité qui s’emparait de nous progressivement, la vie que nous menions en vase clos avec la crainte toujours suspendue sur nos têtes d’une arrestation possible… » Tout est résumé dans cette citation***. Jacques-Marie, Le Bouédic, Peyrac, Mondor, Dumont, Réaumont, Legrix, Jacques, Mathieu, Lefort…le chef de CDLR usa de très nombreux alias. Son récit minutieux, qui n’inclut pas forcément la nuance, s’intéresse particulièrement à ces hommes et femmes décidés à « faire quelque chose » contre l’occupation de leur pays. Qu’y voit-on ? Outre la peur, les pièges, la traîtrise, les drames nous l’avons vu, des épisodes burlesques, le don de soi, l’héroïsme, l’amateurisme des débuts puis la professionnalisation, les rapports compliqués entre civils et militaires (ou anciens), la difficulté de jeunes gens pour s’affirmer face à des résistants plus âgés, les rivalités entre mouvements donc entre les hommes, une bataille des égos, la suffisance de certains chefs de réseaux ou de mouvements ou de la France libre, la concurrence avec Londres (où il se méfie des juifs qui entourent le général de Gaulle et les parlementaires de la IIIème République) et tout cela malgré la menace permanente que faisaient peser les services de répression de l’occupant efficacement secondés par leurs sicaires français ainsi que la police et la gendarmerie de Vichy. C’est là le clair-obscur de la Résistance. Durant ces mois à part, le temps se dilate explique Lecompte-Boinet et l’équilibre personnel de chacun de ces « aventuriers » est certainement terriblement menacé.

                                                    1245 pages

Ces mémoires d’almanach, qui nous conduisent également à Londres et donc à Alger, sont une combinaison d’écrits de l’auteur compagnon de la Libération. Elles sont un pari audacieux -1245 pages- mais courageux des éditions du Félin. Avec un appareil critique riche et une postface efficace, voici un ouvrage important pour approfondir ses connaissances de la résistance intérieure. A l’heure où dans le débat public la Résistance continue à être convoquée ou prise en otage, ces Mémoires d’un chef de la Résistance (juré au procès Pétain) offrent une opportunité pour combler nos lacunes. Bruno Leroux écrit que ces mémoires ne sont pas tout à fait comme les autres. Ce livre est effectivement un bel exercice d’anamnèse, les événements ouvrant le sens à de multiples situations psychologiques, précieuses pour cerner les acteurs et leurs choix.

Mémoires d’un chef de la Résistance, Jacques Lecompte-Boinet, éditions du Félin, 39 €.

*Le général Charles Mangin fut marginalisé par Pétain lors de la Première Guerre mondiale mais Clémenceau lui obtiendra ensuite le commandement de la Xème armée.

** Français libre, le général Brosset prend le commandement en août 1943 de la 1ère division française libre (DFL). Il meurt en novembre de l’année suivante dans un accident en Haute-Saône, au volant de sa Jeep.

*** Le nombre de déportés résistants est évalué à environ 45 000 par François Marcot dans le Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2006. D’après l’historienne Gaël Eismann, environ 3 000 personnes ont été fusillées après jugement des tribunaux militaires allemands. Environ 1 000 otages ont été fusillés par les Allemands. Environ 12 000 résistants sont victimes de la « lutte contre les bandes » menée par la Wehrmacht, la Waffen SS et la Sipo-SD, qu’ils aient été tués au combat, exécutés ou massacrés avec des civils (environ 3 000).

lundi 20 septembre 2021

Les opérations d’influence chinoises dans le monde, y compris en Nouvelle-Calédonie



 

"Les actions mises en œuvre par Pékin dans ses opérations d’influence à l’étranger relèvent de deux objectifs principaux et non exclusifs l’un de l’autre : d’une part, séduire et subjuguer les publics étrangers, en faisant une narration positive de la Chine, dont témoignent notamment quatre récits (le « modèle » chinois, la tradition, la bienveillance et la puissance) ; d’autre part et surtout, infiltrer et contraindre" expliquent Paul Charon et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer au début de leur étude sur Les opérations d’influence chinoises, un moment machiavélique, mise en ligne ce matin par l’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (www.irsem.fr).
Le premier est directeur du domaine "Renseignement, anticipation et menaces hybrides" de l’IRSEM, le second, son directeur. Les deux chercheurs consacrent quelques lignes dans ces 646 pages à l’intérêt manifesté par le régime chinois à la Nouvelle-Calédonie : "Parmi les leviers utilisés par Pékin dans ses opérations d’influence, figurent notamment les mouvements citoyens, en particulier les mouvements indépendantistes. En Nouvelle-Calédonie comme à Okinawa, le Parti-Etat déploie la même stratégie consistant à noyauter l’économie, se rapprocher des responsables politiques locaux au travers de nombreuses associations d’amitié, voire de manipulations de l’information, pour encourager le sentiment indépendantiste qui est dans l’intérêt de Pékin… "

vendredi 17 septembre 2021

Commentaire : Les « Pokens » et le coup de Trafalgar


En rompant le contrat français de fourniture de 12 sous-marins conventionnels au profit de submersibles à propulsion nucléaire, les « Pokens », -les Australiens, ainsi surnommés en Nouvelle-Calédonie- semblent avoir changé de doctrine. Longtemps, la question du nucléaire militaire a constitué une question majeure de la vie politique du pays-continent. Au point, dans les années 70 de tendre considérablement les relations diplomatiques entre nos deux pays à cause des essais nucléaires français à Mururoa (Polynésie). Canberra s’agaçait également qu’un processus de décolonisation n’ait pas été mis en place en Nouvelle-Calédonie voisine*. La fin des essais en 1996, les accords de Matignon (1988) puis de Nouméa (1998) rassurèrent les Australiens. Les temps redevinrent cléments. Jusqu’à ces dernières heures.
La rupture du contrat est intervenue sans ménagement. Certes dans ce dossier complexe, nos amis allemands avaient essayé « de savonner la planche des Français » comme le raconte une source informée, mais Naval Group et la France ont esquivé. Certes, en janvier dernier, le ministère australien de la défense annonçait que les Tigre français livrés en 2011 seraient remplacés par des Apache. C’était une alerte. 
Aukus (Australia-United Kingdom-United States), le partenariat anti-chinois augure d’un temps nouveau. Le rapprochement militaire que la France avait noué avec les « Pokens » constituait un point fort de sa stratégie Indo-Pacifique (une zone économique exclusive de 9 millions de km² à protéger). Une fois la colère française passée, ce sera l’heure des négociations sur les pénalités qui coûteront certainement plus cher à l’Australie que les sommes remboursées par la France à la Russie en 2015 pour les deux porte-hélicoptères Mistral. Pour l’heure, l’exercice Croix du Sud mené par les Forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC) avec 17 armées de la région, dont nos « partenaires » australiens, est toujours prévu au printemps 2023.

* L'Australie a attendu 2011 pour s'excuser d'avoir retiré de force des milliers d'enfants Aborigènes, jusqu'aux années 1970, à leurs familles à des fins d'assimilation mais également à tous les Aborigènes victimes de mauvais traitement. 

jeudi 16 septembre 2021

Le chef du groupe EIGS tué par l'armée française (actualisé)

 

@Armées

"Adnan Abou Walid al Sahraoui, chef du groupe terroriste Etat islamique au Grand Sahara a été neutralisé par les forces françaises" a annoncé cette nuit, sur Twitter, Emmanuel Macron. Cet émir autoproclamé a été tué lors d’une opération de Barkhane "le mois dernier" a précisé ce matin, lors d'une conférence de presse, la ministre des Armées. Lors d'une opération qui a pu être menée "grâce à une manoeuvre de renseignement de longue haleine" et des captures de quelques-uns de ses proches, a expliqué Florence Parly. Désigné "ennemi prioritaire" au Sahel lors du sommet de Pau (janvier 2020), cet ancien d’Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) était considéré comme le responsable des attaques meurtrières menées dans la région des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso). La ministre des Armées estime ainsi qu'il est, avec son groupe, à l'origine de la mort de 2 à 3000 personnes. Adnan Abou Walid al Sahraoui avait ainsi ordonné, il y a un peu plus d'un an, l’assassinat  de six humanitaires français et leur guide et chauffeur nigérien. 

vendredi 10 septembre 2021

Les médaillés de Tokyo décorés

"Mérites éminents" pour la Légion d'honneur, "mérites distingués" pour l'ordre national du Mérite. 158 sportifs français médaillés lors des récents Jeux Olympiques et Paralympiques de Tokyo (Japon) viennent d'être récompensés lors d'une promotion spéciale publiée aujourd'hui au Journal Officiel. Les athlètes ayant reçu une médaille d'or lors d'une première participation sont faits chevalier de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre national du Mérite s'ils ont obtenu l’argent ou le bronze. Les "récidivistes" sont promus officier. Cette promotion comprend 71 décorés de la Légion d'honneur (65 chevaliers et 6 officiers) et 87 de l'ONM (85 chevaliers et 2 officiers).
Cette pratique visant à récompenser des sportifs ayant participé au rayonnement de la France dans le monde a été initiée par le général de Gaulle en 1964, après les Jeux d'hiver à Innsbruck (les JO d'été s'étant déroulés...à Tokyo).
Les sportifs des Armées ont obtenu lors de cette XXXIIème olympiade (23 juillet au 8 août 2021) 13 médailles, ceux engagés ensuite dans les épreuves paralympiques ( 24 août au 5 septembre), 19 (un athlète du ministère de l'Intérieur).

samedi 21 août 2021

Nouvelle-Calédonie, l’affaire Steiger

Ce samedi matin, à Nouméa (+ 9h) des associations de défense des droits des femmes ont manifesté devant la caserne Meunier, siège de l’état-major de la gendarmerie. Une manifestation maintenue malgré l’annonce, quelques heures plus tôt, du départ du colonel Steiger qui commandait depuis juillet, les gendarmes du territoire. Celui-ci, âgé de 48 ans, a été condamné en 2020 pour violences conjugales, puis en appel en mai dernier *. Des élus calédoniens, de toutes tendances, ont demandé son départ dès la révélation, il y a trois jours, de cette double condamnation par le site Médiapart. Un communiqué du ministère de l’intérieur, hier après-midi, le confirmait en des termes très diplomatiques : « le colonel Steiger a choisi de demander à être relevé de ses fonctions ».
L’une des responsables de la manifestation nouméenne a expliqué à NC 1ère que ce rendez-vous a été maintenu pour Sophie Steiger, « qui a souffert de ces violences, que nous la soutenons comme toutes les femmes victimes de violences conjugales ». Dans ce territoire du Pacifique Sud « 22 % des Calédoniennes ont subi des brutalités physiques », selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Le colonel Steiger a été condamné, en première instance en février 2020, à six mois de prison avec sursis avant de voir sa peine réduite à 6 000 € d'amende en appel.

dimanche 15 août 2021

Afghanistan, la France lance l'opération Apagan,

 Alors que le président Ashraf Ghani vient de quitter l’Afghanistan et que les tabilans entrent dans Kaboul, un C130 et un A400M français décolleront cette nuit et demain matin pour la base d’Al Dhafra aux Emirats arabes unis où le dispositif sera renforcé par des militaires stationnés aux EAU. Les deux avions de transport effectueront ensuite « des norias entre Abou Dabi et l’aéroport de Kaboul » explique ce soir le ministère des armées. Cette « opération d’évacuation de ressortissants » (sans plus de précisions) a été baptisée Apagan.

samedi 7 août 2021

Le CEMA pour les 101 ans d’Hubert Germain


22 juillet 2021, visite du CEMA à Hubert Germain @Twitter

Le chef d’état-major des armées quittera aujourd’hui son lieu de courtes vacances pour venir à l’Institution nationale des Invalides (Paris) afin de souhaiter son 101ème anniversaire à Hubert Germain. Celui-ci est né le 6 août 1920 dans la capitale. 
Le général Burkhard voit régulièrement le dernier Compagnon de la Libération. Sa précédente visite remonte au 22 juillet, jour de son entrée en fonction. La filiation -le lieutenant Germain a combattu au sein de la 13e demi-brigade de Légion étrangère (DBLE), notamment à Bir Hakeim et le futur CEMA a commandé entre 2008 et 2010 le régiment- n’explique pas tout.
Le général Burkhard, qui de par sa fonction actuelle (et les précédentes) est face à des choix difficiles mesure combien celui d’Hubert Germain le fut en juin 1940, dès l’annonce de la demande d’armistice effectuée par le maréchal Pétain. Il n’avait pas 20 ans et en quelques heures, il a refusé la défaite. Lui et d’autres, gamins qui sortaient de l’adolescence ou qui l’avaient quitté si peu de temps auparavant, ont alors abandonné famille, amis, études ou carrière au nom de l’honneur. Il est utile de préciser qu’il faut raisonner en terme d’individualités, non de groupes homogènes. Entre eux et l’avenir, un épais brouillard celui de l'incertitude...Lui s’en est sorti.
Le général Burkhard apprécie le contact avec cet homme toujours aussi humble lorsqu’il évoque cet engagement et ses combats de la Seconde Guerre mondiale. Une rencontre qui permet à tout visiteur de relativiser.

mardi 3 août 2021

Libye : rencontre avec Alexandre Mathon

Il y a d’abord le hasard du contact. Puis la curiosité suscitée par un thème de mémoire (Bachelor) ; enfin après l’avoir lu, l’envie d’en parler. Voilà pourquoi, j’ai donné la parole à Alexandre Mathon, 20 ans, qui suit des études à l’ILERI, école des relations internationales à Paris. Pour parler de son travail sur la Libye. Sa recherche a pour titre : "Fragmentation politique et crime organisé en Libye. Instabilité et impunité dans un pays fracturé". Entretien.

  Principales routes du trafic de drogue en Libye @usip.org

- Pourquoi le crime organisé prospère-t-il en Libye ?
Ce n'est pas réinventer l'eau chaude que de dire que le crime organisé prospère sur l'instabilité, mais ça n'en reste pas moins une constante. Les théories ne manquent pas sur l'origine de ce succès : "proto-États" (voir les travaux de Skaperdas et Syropoulos) qui ressurgissent à la faveur de l'affaiblissement, voire de l'effondrement de l'État central, là où d'autres voient dans ces groupes criminels organisés les "meilleurs élèves du capitalisme" (citation de Frédéric Ploquin), aptes plus que toute autre à louvoyer dans un environnement chaotique et sans réglementations. Autre point à ne pas négliger : l'effet corrosif des trafics illégaux. Le crime organisé, qui se structure autour de ces flux, non seulement prospère dans le chaos, mais en est une source, ce qui ne manque pas d'aggraver une instabilité préexistante. Les conséquences de flux illégaux pas ou peu contrôlés sont lourdes : corruption des institutions (notamment judiciaires), évolution des mœurs (hausse des violences et des addictions) et éviction de l'économie légale. Parmi les motifs d'affrontements entre tribus Touaregs et Toubous dans le désert du Fezzan, on retrouve ainsi le contrôle des juteuses routes de la drogue et des migrants, source économique vitale pour les villes de la région.

- Quelles sont ses différentes formes ?
Parler des formes du crime organisé est délicat : l'une de ses principales caractéristiques est justement sa souplesse (l'adaptation rapide de circuits criminels pour de faux pass sanitaires en fournit un triste exemple récent) ! Pour faciliter l'analyse du crime organisé en Libye, j'ai néanmoins choisi dans mon mémoire de l'aborder par "flux", bien que dans la réalité, les acteurs de ces trafics ne se limitent que très rarement à un seul. J'ai opéré une distinction selon l'Ocindex (Organized crime index) : trafic d'armes, de drogues, d'êtres humains et de migrants (les deux allant bien souvent ensemble en pratique) et le détournement de ressources naturelles (ici de pétrole). Chacun de ces flux a ses propres spécificités et ramifications qui, bien que très intéressantes, seraient trop longues pour être exposées ici. À titre d'exemple, je prendrai l'éparpillement de l'arsenal de feu Mouammar Kadhafi. On connaît bien les liens entre l'insurrection au Mali et la guerre civile libyenne. En Libye-même, le fait que chaque milice possède un arsenal de guerre rend les conflits exceptionnellement violents et complique un peu plus la réunification sous une autorité centrale. Au niveau sociétal, "jouer au milicien", parfois avec des armes bien réelles, est un jeu répandu chez les enfants libyens.

- L'instabilité politique ne peut que lui permettre de croître ?
Le crime organisé prospère dans le chaos. Il est donc logique que, plus l'instabilité perdure, plus les flux illégaux se développent. Néanmoins, si la dimension économique est une motivation indéniable des groupes du crime organisé, elle n'est pas la seule. Si l'on observe d'autres cas historiques, comme l'UCK au Kosovo ou les Talibans en Afghanistan, on constate qu'une fois que ces groupes se retrouvent détenteurs d'un pouvoir politique, ils utilisent leur capital économique pour gagner en légitimité (ou vice-versa, dans le cas des Talibans). Le risque d’une instabilité prolongée en Libye est donc une insertion du crime organisé dans toutes les strates de la société libyenne, processus déjà largement entamé dans les faits. Dans l’hypothèse d’une stabilisation du pays, il sera donc bien plus difficile de contrôler les flux illégaux. Sans aller jusqu'au narco-État (les spécificités tribales de la politique et de la société libyenne pouvant peut-être s'y opposer), il me semble probable que le crime organisé libyen s'assure ici une pérennité, d'autant plus que la valeur de la Libye dans les flux illégaux passe surtout par sa position géographique. La Libye forme un trou dans la muraille européenne, faille surexploitée par les trafiquants de drogue et de migrants.

- Les mouvements et factions sont-ils parties prenantes ?
Absolument. L'un de mes préjugés en commençant mes recherches était que le crime organisé en Libye se composait principalement d'étrangers "spécialisés", issus de cartels et autres mafias. Rien de plus faux. Hormis quelques exceptions, comme le trafic de cocaïne (accompagné presque du producteur au consommateur par les cartels latino-américains) et le trafic d'armes (forte présence d'étrangers, en raison du réseau nécessaire pour transvaser les armes vers de nouveaux conflits), les Libyens sont majoritairement présents dans les trafics. Les myriades de groupes et milices qui composent le pays sont des acteurs majeurs, et pour cause : participer aux flux illégaux assure une manne financière non négligeable dans un pays où, rappelons-le, l'État reconnu par l'ONU a toutes les peines du monde à assurer son autorité au-delà de Tripoli. Au Fezzan, les tribus nomades et les vestiges de Daech assurent la "protection" des caravanes de drogue. Tout le long des grandes routes jusqu'à la côte, chaque milice agit de même sur son territoire, touchant une taxe de passage. Les migrants subissent un procédé similaire, avec le système des rançons à payer à chaque étape pour continuer le voyage. Sur la côte-même, les gardes-côtes libyens n'hésitent parfois pas à jouer double jeu avec l'Union Européenne, se plaçant au centre du trafic de migrants vers les côtes italiennes. L'ANL du Maréchal Haftar, quant à elle, s'est acquise une réputation dans l'exportation illégale de pétrole (normalement privilège du gouvernement de Tripoli). L'offensive du Croissant Pétrolier en 2018 s'inscrit dans une optique de guerre économique, afin de priver à la source Tripoli de ses oléoducs dans la région. Pour plus d'approfondissements, je vous invite à lire la passionnante enquête de PublicEye, "Opération Dirty Oil", qui fournit un exemple concret et détaillé du détournement de pétrole, et donne également un aperçu général du crime organisé sur la côte libyenne.

dimanche 1 août 2021

Le général Frank Barrera de Nouméa à Matignon

 

@FANC

Après avoir commandé pendant deux ans les 1500 militaires et 200 civils des Forces armées de la Nouvelle-Calédonie (FANC), le général Frank Barrera vient de quitter ce territoire situé dans une zone Indo-Pacifique dans laquelle la France « tient à prendre ses responsabilités. La France, qui promeut le multilatéralisme, se présente ici comme une tête de pont ou une avant-garde de l'Europe » a-t-il rappelé dans un entretien au quotidien Les Nouvelles Calédoniennes (LNC).
Remplacé sur le Caillou par le général Valéry Putz (voir post du 6 juillet 2021), Frank Barrera est depuis 24 h le nouveau chef de cabinet militaire du Premier ministre.

jeudi 22 juillet 2021

Le général Burkhard a pris ce matin ses fonctions

Le général Burkhard, le 13 juillet 2019 @HW

En devenant chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard a eu certainement une pensée pour trois hommes. Trois rencontres qui ont laissé une empreinte durable au point de marquer une vie. Il s’agit du général Jean-Louis Georgelin qui commanda son bataillon à Saint-Cyr, du général Michel Poulet qui fut son chef de corps au 2ème REP, du général Antoine Lecerf dont il fut l’assistant militaire en Côte d’Ivoire (opération Licorne). More majorum, « À l’exemple des anciens », qui est la devise de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère (DBLE) que le nouveau CEMA a commandé (2008-2010) à Djibouti. Sa trajectoire a fait que le saint-cyrien de la promotion Cadets de la France libre, a été chef de corps de ce régiment Compagnon de la Libération, socle de l’armée de Gaulle, puisque 900 des 1600 hommes de la 13 choisirent, à Londres fin juin 1940, de suivre ce général inconnu qui venait de refuser l’armistice.
Rarement, officier général parvenant au poste suprême n’aura autant fait l’unanimité. « A l’écoute, il encourage toujours les hommes » explique un sous-officier. « Thierry Burkhard a toujours fait preuve d’une énorme humilité » rajoute un officier supérieur. « Il manifeste la même attention que vous soyez caporal chef ou son adjoint » raconte un autre de ses pairs. Le général Burkhard a ainsi tenu à assister, lundi 20 juillet à la passation de commandement au 1er REG à Laudun l’Ardoise (Gard). Pour remercier un collaborateur, son ancienne « plume » nommée à la tête du régiment. Là est sa signature. Cet « homme de parole » (mais économe de ses mots), a toujours pris également du temps, malgré un épais agenda, pour les blessés et les veuves de militaires. Ce qu’il continuera, sans nul doute, à faire.
A cette fonction complexe de chef d’état-major, dans une période de « dispersion du monde » pour reprendre la formule de son prédécesseur, Thierry Burkhard, 57 ans le 30 juillet, s’emploiera probablement comme cet homme dépeint par Simone Veil lors de son discours de réception à l’Académie française, en mars 2010. Qui, lorsqu’il fut aux affaires agit « avec résolution, mais sans agitation. » Elle parlait de son prédécesseur dans le fauteuil n°13, Pierre Messmer, lorsqu’il fut Premier ministre (1972-74)...lui aussi un ancien de la 13.

samedi 17 juillet 2021

La mémoire des victimes de Vichy instrumentalisée par les "Antivax" et autres complotistes

Demain, Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, présidera à Paris les cérémonies à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français (c’est-à-dire Vichy) et d’hommage aux « Justes » de France, à l’heure où les « Antivax » et autres complotistes convoquent l’image de la Collaboration, de la persécution des juifs et de ses symboles. Cette utilisation relève d’une instrumentalisation de l’histoire, d’un amalgame indigne et insupportable pour la mémoire des 75 721 juifs, dont près de 11 000 enfants qui ont été déportés de France. 2 566 reviendront à la libération des camps selon les chiffres de l’association des Fils et filles de déportés juifs de France. J’avais le 16 juillet 2014, publié un post sur Denise Tavernier*, qui le 16 juillet 1942, assistante sociale stagiaire à la préfecture de police de Paris, avait été envoyée au Vel d'Hiv. La police française venait d’arrêter des juifs étrangers réfugiés et leurs enfants. Cette rafle se poursuivra le lendemain. Ce sont 13 152 juifs dont 4 115 enfants qui seront détenus au Vélodrome d'hiver dans le XVème arrondissement avant d'être transférés dans les camps de transit de Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loiret). La quasi-totalité mourra au camp d'extermination d'Auschwitz. Voici son témoignage.

Denise Tavernier en 2014 à Paris @HW

« Des gens étaient couchés par terre. D'autres se tenaient debout, gesticulant. De petits enfants, dans les bras de leur mère, pleuraient » se souvient soixante douze ans plus tard, Mme Tavernier. « Je suis alors abasourdie. Je porte ma tenue de la Croix Rouge, qui me permet de circuler normalement. On me demande à boire, à manger. Je me rends compte de mon inutilité ». Puis après un long silence, elle rajoute : « Ces enfants qui jouaient à « Chat perché » sont morts à Auschwitz. Vous vous rendez compte ! »
Denise Tavernier retourne à la préfecture, dans l’île de la Cité, rend compte à sa responsable puis est convoquée par un haut fonctionnaire du cabinet. Du haut de ses 23 ans, elle lance :
- Il y a des moments où on est pas fier d’être français !
- Vous dites ? interroge son interlocuteur
- Je dis qu’il y a des moments où on a honte d’être français !
L’homme reste silencieux. Denise Tavernier : « Je m’enhardis encore. Je lui dis qu’il n’y a pas d’eau. Il répond qu’il va faire vérifier. » Le circuit d’eau potable sera réparé au bout de 36 h. L’entretien se termine par cette phrase prononcée par le haut fonctionnaire : « Si vous parliez trop, vous risqueriez d’être arrêtée...»
Le soir, Denise raconte cette terrible journée à sa mère. Celle-ci lui conseille de retourner au Vel d’Hiv afin d’apporter « une miette de réconfort à ces malheureux. » Ce que la jeune Denise fera. « Les gens ne cherchaient pas à s’évader, beaucoup avaient confiance ». Pas tous. Certains envisagent leur sort. En 1952, elle a décrit ces heures terribles dans un mémoire de quelques pages. Elle dit : « Sur le visage buriné de mon voisin coulent de grosses gouttes, des larmes sans doute lui balayent les joues, il tremble en s’approchant. Puis il me regarde avec des yeux hagards, il se retourne, son souffle chaud frôle ma nuque, il se met à hurler en me secouant violemment aux épaules.
- Vous et vos pareils, mais tuez-nous, tuez-nous donc, vous n’avez pas honte, hein répondez-moi mais répondez-moi donc…»
Quelques jours plus tard, Denise Tavernier impuissante et indignée donnait sa démission.


*Denise Tavernier est décédée depuis cette première publication.

jeudi 8 juillet 2021

Organigramme des armées complet

 

©Armées

On attendait l’officialisation de la nomination du général Pierre Schill à la tête de l’armée de terre (CEMAT). Elle est venue hier, dans le compte-rendu du conseil des ministres. De même que celle de son prédécesseur, le général Thierry Burkhard à la tête des armées (CEMA). Pierre Schill, 54 ans, a choisi les Troupes de marine à sa sortie de Saint-Cyr (promotion Tom Morel). Il a notamment servi au 3ème Régiment d’infanterie de marine (Vannes, Morbihan) qu’il commandera de 2009 à 2011. Mais également au Régiment d’infanterie de marine du Pacifique en Polynésie ((RIMaP-P). Il a été engagé au Tchad, en Somalie, à Sarajevo, en Côte d’Ivoire…Adjoint au chef d’état-major particulier du président de la République (2012-2017), Pierre Schill a commandé la 9ème Brigade d’infanterie de marine (Poitiers). Chef de la division « emploi des forces », l’officier général trois étoiles a été élevé « aux rang et appellation de général d’armée » à partir du 22 juillet.

mardi 6 juillet 2021

Le général Putz devrait être le prochain commandant des Forces armées en Nouvelle-Calédonie

 

Valéry Putz, alors colonel ©Armées

La nomination devrait être actée demain lors du Conseil des ministres. Le 30 juin, le général Valéry Putz a quitté la rue de l’Elysée à Paris où il a, durant quatre ans, servi à l’état-major particulier du président de la République. Il s’y est occupé des opérations, des conseils de défense et de programmation militaire. Il n’aura désormais plus face à lui « Le veilleur », tableau de Gérard Puvis mais la baie de l’Orphelinat. Le futur commandant supérieur des forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC) succédera au général Franck Barrera.
Né en 1970, ce saint-cyrien de la promotion Capitaine Hamacek (un légionnaire), issu d’une famille d’origine lorraine, a servi chez les képis blancs. Au 2ème régiment étranger d’infanterie (REI, Nîmes) qu’il a ensuite commandé (2014-2016). Il a également été affecté à la 13ème demi-brigade de Légion étrangère, alors à Djibouti. Il arrivera à Nouméa à un moment charnière de l’histoire du territoire. 
A Paris, son successeur est le colonel Jean de Monicault, un officier qui a commandé, de 2016 à 2018, le 2ème régiment étranger de parachutistes (REP, Calvi).

samedi 3 juillet 2021

Les recruteurs de la Légion sur le Tour de France puis à la rencontre des estivants

 

©L.E.

Des légionnaires étaient, hier soir, à l’arrivée de la 7ème étape du Tour de France, au Creusot (Saône-et-Loire). Ce soir, ils seront au Grand-Bornard (Haute-Savoie), puis à Albertville (Savoie) ; le 6 juillet au départ d’une étape de 190 km qui mènera le peloton à Valence (Drôme). Le 10, les recruteurs képis blancs seront dans l’Aude, à Quillan (ville arrivée) et le lendemain dans les Pyrénées-Orientales, à Céret, commune départ de la 15ème étape. Enfin à Libourne et Saint-Emilion (Gironde), villes arrivées les 16 et 17 juillet.
Car-podium, camionnette et tente recrutement, la Légion informe ainsi des possibilités de carrière dans l’arme. Outre les étrangers, vivier de la Légion, celle-ci recherche également des Français (langue de travail). 500 postes sont à pourvoir d’ici la fin de l’année.
Après le « Grande boucle », les recruteurs sillonneront également les plages, de la Manche, de l’Atlantique et de la Méditerranée mais aussi certains lacs (Pyrénées, Alpes, Vosges…) et stations pyrénéennes jusqu’à la fin août. Cette présence est assurée par les Postes d’information de la Légion étrangère (PILE). Ceux-ci, qui dépendant du Groupement de recrutement (GRLE), sont au nombre de neuf : Bordeaux, Nantes, Paris, Lille, Strasbourg, Lyon, Nice, Perpignan, Toulouse.

jeudi 1 juillet 2021

Légion étrangère, retour des candidats à l'engagement venus notamment du Brésil

 

©HW

Au fur et à mesure que les voyages reprennent, des candidats à l'engagement, venus à nouveau du monde entier, se présentent aux portes de la Légion. Où ils sont accueillis « dans le respect des mesures sanitaires ». Ainsi la semaine dernière, les centres de présélection Nord (Fort de Nogent, 94) et Sud (Aubagne, 13) ont reçu 80 postulants venant d’Afrique (Algérie, Côte d’Ivoire, Sénégal), d’Amérique du Nord (USA), d’Amérique du Sud (Brésil au nombre de 9, Equateur), d’Asie (Inde, Népal, Corée du Sud) et bien entendu d’Europe (Allemagne, Belgique, Bosnie, Finlande, France, Grande-Bretagne, Moldavie, Pologne,  Roumanie, Suède). Depuis les premières mesures d'assouplissement, les Européens ont commencé « à frapper à la porte ». Ce qui rend « confiant dans l’avenir » le chef de corps du Groupement de recrutement de la Légion étrangère (GRLE), le lieutenant-colonel Fabrice Prenveille. L’objectif de 850 recrutements pour 2021 pourrait être atteint.