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Affichage des articles du mai, 2021

Nouvelle-Calédonie (3) 1988, l’assaut à Ouvéa, la victoire de François Mitterrand, l’amnistie…

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Le troisième et dernier référendum destiné à déterminer l'avenir de la Nouvelle-Calédonie se tiendra d'ici octobre 2022. A quelle date ? Une proximité avec la présidentielle en ferait, potentiellement, un enjeu de l'élection. Et rappellerait 1988. Voici le dernier volet de souvenirs de la Calédonie au coeur de ce que l'on appelait alors, avec d'infinies précautions, "les événements". Ouvéa, avril 1988 © A.P. A Gossanah (Ouvéa) le jeudi 5 mai 1988, l’assaut est donné à la grotte où sont retenus les derniers otages. Onze gendarmes détenus dans le sud de l’île depuis l’attaque de la gendarmerie de Faya-Oué, ont été libérés le 25 avril. Les autres ont été conduits à Gossanah. Des membres du GIGN sont également devenus otages pour éviter le pire, ainsi que Jean Bianconi, substitut du procureur de la République, qui est toutefois autorisé à sortir afin de servir de médiateur. Deux jours avant l’assaut, le magistrat introduira deux revolvers collés sur son ventre

Nouvelle-Calédonie (2) 1988, Grande Terre, Ouvéa : la guerre civile

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Le 3ème et dernier référendum destiné à déterminer l'avenir de la Nouvelle-Calédonie se tiendra d'ici octobre 2022. A quelle date ? Une proximité avec la présidentielle en ferait, potentiellement, un enjeu de l'élection. Et rappellerait 1988. Je vous livre ces souvenirs de l'époque, racontés dans un livre "Opération Victor" (1989). Ouvéa, aéroport 1988 ©A.P. Il est souvent nécessaire dans ce métier de tordre le coup aux évidences. Si je suis ce vendredi 22 avril 1988 à Nouméa, c’est en écoutant le flash de France Inter que j’apprends l’attaque de la brigade Fayaoué à Ouvéa. La mort de quatre gendarmes tués par des Mélanésiens (un cinquième, un officier est grièvement blessé) et la prise en otages de 24 gendarmes mobiles et deux territoriaux. Ces gendarmes n'étaient pas armés ou n'ont pas eu le temps de se servir de leurs armes. Je suis en Nouvelle-Calédonie, où j’ai travaillé six mois en 1985 à RFO, pour La Cinq . Nous sommes à deux jours du premier to

Nouvelle-Calédonie (1) : éviter d’organiser la dernière consultation début 2022 pour qu’elle ne soit pas enjeu de la présidentielle comme en 1988

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Tribu de Saint-Joseph, Ouvéa, avril 1988 © A.P. Quelques-uns des principaux acteurs politiques calédoniens sont réunis à Paris, autour du Premier ministre et du ministre des outre-mer, pour examiner les conséquences du « oui » et du « non » au troisième et dernier référendum sur  l’avenir du territoire. Reste à savoir quand celui-ci sera organisé. Avant ou après l’élection présidentielle de 2022 ? Si c’est avant, ce sera d’ici la fin de l’année afin que la Calédonie ne se retrouve pas au coeur de l’élection nationale. Réponse fin juin. La Nouvelle-Calédonie enjeu de la présidentielle rappelle de douloureux souvenirs. Comme Ouvéa. L’attaque de la gendarmerie et la mort de quatre gendarmes, la prise d’otages de 24 autres le 22 avril 1988, deux jours avant le premier tour de l’élection présidentielle française. Le 5 mai l’assaut est donné à la grotte où les otages sont retenus. Bilan : 2 militaires, 19 indépendantistes tués certains après l’intervention. L'opération Victor s’est dérou

Les défaillances du renseignement militaire belge

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  Ludivine Dedonder, ministre de la défense belge  ©DR Cette affaire Conings, du nom de ce caporal-chef d’extrême-droite servant au sein de la police militaire belge soupçonné par les autorités de « tentative d’assassinat et de possession illégale d’armes dans un contexte terroriste »,  en fuite depuis 10 jours, a mis au jour les défaillances dans la circulation de l’information entre les services de renseignement. La Sûreté de l’Etat connaissait depuis longtemps l’inclination politique du militaire. L’organe de coordination, qui analyse la menace en Belgique (OCAM), considérait Jürgen Conings comme « une menace possible et vraisemblable ». C’est-à-dire relevant d’un niveau 3 sur une échelle qui en compte 4. L’information a été transmise au service de renseignement militaire (SGRS, 700 collaborateurs) mais n’a suscité aucune enquête. Et la ministre de la défense, Ludivine Dedonder n’aurait donc pas été informée. « Le top de l’armée est dans le viseur » écrivait aujourd’hui l’éditoriali

Le caporal-chef qui déstabilise la défense belge

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  ©DR L’armée, en Belgique, vit depuis quelques jours des moments difficiles. Ce constat est directement établi par son chef, l’amiral Michel Hofman. Et ce, à la suite de la cavale d’un militaire d’extrême-droite, soupçonné par les autorités de « tentative d’assassinat et de possession illégale d’armes dans un contexte terroriste. » Celui-ci, le caporal-chef Jürgen Conings, membre de la police militaire, est recherché depuis lundi soir alors qu’il aurait menacé de s’en prendre aux symboles de l’Etat, à des personnalités dont un virologue, ainsi qu’à une mosquée. Ce militaire de 46 ans aurait emporté avec lui un ou plusieurs pistolet(s) mitrailleur(s) Herstal ainsi que des armes anti-char de type Law. Reste à comprendre comment cet ancien instructeur a pu obtenir de telles armes ? Le profil de Conings était connu et figurait, explique la presse d’Outre-Quiévrain, sur les listes de l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (en matière de terrorisme et d’extrémisme). Autre ques

Des noms de Compagnons de la Libération pour les futurs patrouilleurs outre-mer

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  ©Armées Ces six bâtiments de 30 marins qui seront livrés entre 2023 et 2025 porteront le nom de titulaires de la croix de la libération issus de l’outre-mer. Les patrouilleurs basés en Nouvelle-Calédonie (Nouméa) porteront le nom d’Auguste Bénébig et de Jean Tranape. Tous deux sont issus du bataillon d’infanterie de marine et du Pacifique (couramment appelé bataillon du Pacifique, sa première appelation). Ceux destinés à la Polynésie (Papeete) seront baptisés Philippe Bernardino, qui combattit lui aussi au sein du BIMP et Teriieroo A Teriierooiterai, qui est l’un des artisans du ralliement du territoire (qui s’appelait alors Etablissements français d’Océanie) à la France libre, le 2 septembre 1940. Enfin, ceux qui iront à la Réunion (port des Galets) se nommeront Auguste Techer et Félix Éboué. Le premier servit au 1er bataillon d’infanterie de marine qui a fusionné après Bir Hakeim (1942) avec le bataillon du Pacifique. Le second a rallié le 26 août 1940, le Tchad, dont il était gou

Patrice Faure nouveau haut-commissaire en Nouvelle-Calédonie

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  Nommé ce matin en conseil des ministres, cet ancien officier va quitter Vannes pour Nouméa. C’est en 1994 que ce drômois a commencé sa carrière militaire à Trèves en Allemagne avant de devenir instructeur à Saint-Cyr. En 1998, Patrice Faure sert au 14e régiment parachutiste de commandement et de soutien à Toulouse (devenu en 2018, 14e régiment d’infanterie et de soutien logistique parachutiste.) Quatre ans plus tard, ils est affecté à la DGSE avant de rejoindre le cabinet militaire du ministre de l’outre-mer. En 2006, l’officier choisit la préfectorale et quitte l’armée. Il était depuis l’été 2019 préfet du Morbihan. Cet ancien préfet de Guyane, arrive en Calédonie alors que le territoire s’apprête à vivre un moment charnière de son histoire (3e et dernier référendum sur son indépendance).

Pour ne pas oublier que cela fut

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Ce sont deux silhouettes. La première est celle d’une déportée réchappée de l’ignominie nazie. La seconde, celle d’une jeune fille pas encore majeure. Quasiment 80 années les séparent. Ce qui les relie est un enjeu de mémoire. Aujourd’hui, alors que ces survivants(es) sont pour les plus jeunes nonagénaires, Karine Sicard Bouvatier a souhaité faire rencontrer des déportés à des jeunes gens du même âge que le leur lors de leur arrestation. 25 jeunes garçons et filles de 11 à 22 ans qui font à face à 25 survivants « in extremis » pour reprendre une formule utilisée dans l’ouvrage. Ce rendez-vous a donné un livre,  Déportés, leur ultime transmission (Editions de La Martinière). Des milliers de textes ont été écrits sur le sujet. Cet ouvrage reste pourtant déterminant car il met face à face deux générations. Celle qui peut, pour quelque temps encore, témoigner, et celle qui peut servir de rempart à l’oubli. Car « l’herbe de l’oubli » chère à Leconte de Lisle menace de recouvrir l’histoire.

Suisse, départ du chef des services secrets

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  ©DDPS En poste depuis le 1 er juillet 2018, le général Jean-Philippe Gaudin va quitter fin août la direction du Service de renseignement de la Confédération (SRC). Selon des sources helvétiques, il aurait été remercié par la conseillère fédérale (ministre) en charge de la défense et de la protection de la population, Viola Amherd. Le communiqué officiel précisant que «  Les parties mettent fin d’un commun accord aux rapports de travail.  » Le général Gaudin, qui fut attaché de défense à Paris,(nommé par le prédécesseur de madame Amherd) pourrait selon le quotidien romand Liberté,  avoir été victime de Crypto  pour ne pas avoir informé rapidement le conseil fédéral de cette affaire révélée mi-février, qui concerne l’écoute par la CIA et les services de renseignement allemands (BND) des conversations de plus de 100 états étrangers. Ceci grâce à des appareils de chiffrement de Crypto AG.

Pamela et Sylvain

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Le fait divers est un événement tragique qui survient lorsqu’on ne s’y attend pas et dont chacun d’entre nous peut être la victime. Il met en jeu des vies ordinaires. Imagine-t-on, toutefois, à la lecture d’un fait divers, ce que les quelques mots d’un entrefilet dans un journal induisent ? Ils renvoient à l’homme et à l’état de la société. Ces dernières heures, le quotidien Sud-Ouest et France Bleu Gironde ont raconté cette terrible histoire. ©DR (famille)/France bleu Gironde Ce 20 juin 2020, Pamela, 25 ans et Sylvain, 35 ans ont décidé d’aller passer, en famille, une journée à la plage. Au Porge, sur la façade Atlantique. Tous deux vivent ensemble depuis 5 ans. Ils sont même pacsés. La jeune femme veut devenir assistante maternelle. Elle vient d’ailleurs de passer un CAP et attend le résultat. Lui, le natif de la Côte d’Or, est militaire dans les Forces spéciales, au 13e Régiment de dragons parachutistes (RDP, camp de Souges). Il est tard ce 20 juin 2020, le couple songe à rentrer.

Nouvelle-Calédonie : en cas d’indépendance, 10 000 personnes quitteraient le pays

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  ©DR Dans une projection livrée par l’institut Quid Novi qui vient de mener une étude auprès de la société civile calédonienne à la demande du ministère des Outre-mer, ces 10 000 départs sont considérés comme certains. 24 000 autres résidents l’envisageraient. Enfin 59 000 s’interrogent si au terme du troisième référendum sur l’avenir du territoire, qui doit avoir lieu avant octobre 2022, l’indépendance l’emportait. Le directeur de l’institut estimant que « potentiellement » près de 30% de la population (290.000 habitants) pourrait quitter la Nouvelle-Calédonie « si l’indépendance se traduisait par une notion qui ne lui convient pas. » Cette consultation a été menée auprès de 2200 personnes dont les étudiants représentent la moitié du panel.

La Légion d’honneur attribuée à Eric Masson

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  ©DR C’est un décret publié ce matin au Journal officiel qui confirme qu’Eric Masson, policier tué à Avignon recevra, à titre posthume, la Légion d’honneur. Ce texte précise également que ce jeune père de famille a été promu au grade de commandant. Cette décoration sera déposée sur le cercueil du policier par le Premier ministre lors d’un hommage national qui se déroulera cet après-midi à la préfecture du Vaucluse. Agé de 37 ans, Eric Masson a été tué mercredi dernier lors d’une intervention contre un point de drogue dans le centre d’Avignon. Quatre personnes ont été arrêtées dimanche soir. Les principaux suspects ont 19 et 20 ans.

« Nos ainés, ce sont les résistants de 1940 » affirment dans une nouvelle tribune des militaires anonymes (actualisé*)

Cette nouvelle tribune attribuée à des militaires a fait son apparition, précédée d’un teasing**. Dans les arguments utilisés par le ou les rédacteurs du document, une phrase mérite une attention minutieuse. "Le cri d’alarme de nos Anciens renvoie enfin à de plus lointains échos. Nos aînés, ce sont les résistants de 1940, que, bien souvent, des gens comme vous traitaient de factieux, et qui ont continué le combat pendant que les légalistes, transis de peur, misaient déjà sur les concessions avec le mal pour limiter les dégâts." La comparaison avec les résistants est audacieuse car l'histoire doit toujours être utilisée avec beaucoup de mesure. Quel a été le rôle des militaires lors de la naissance de la Résistance (extérieure et intérieure) ? Début juillet 1940, la France libre, donc une résistance en gestation, c'est 2700 civils, officiers et hommes de troupe. 900 des 1600 légionnaires de la 13e DBLE ont choisi, à Londres, de poursuivre le combat. Ils se sont battus

« Les guerriers sans nom » de Jean-Christophe Notin

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  Pourquoi s’engage-t-on ? Cette question est la première que Jean-Christophe Notin a posée à ces « Guerriers sans nom ». Comme naguère, il l’avait formulée à d’autres combattants, bien plus âgés, décorés de la croix de la Libération pour leur engagement durant la Seconde Guerre mondiale. Cet ouvrage publié par les éditions Tallandier est le quatrième d’une série d’entretiens. Ce furent auparavant les clandestins de la DGSE, les Compagnons de la Libération donc, les ambassadeurs étrangers en poste à Paris. Construit avec 28 officiers généraux, officiers et sous-officiers servant ou ayant servi dans les forces spéciales (FS) cet ouvrage est un « livre de bibliothèque » pour reprendre la formule utilisée au XIXe siècle par Flaubert pour parler d’un écrit qui compte. Et c’est même une gageure pour un livre construit sur des interviews. Mais la liberté de ton des acteurs crée immédiatement une proximité avec les opérateurs. Il y a toutefois un autre élixir. Qui va au-delà des séquences inc

Halte au feu !

La tribune des militaires qui a pris des proportions inattendues, n’est que l’avatar d’un climat qui ne cesse de se détériorer dans la société. C’est ce qu’ont d’ailleurs dit, à leur façon, au début de leur libelle, les signataires.  Force est de constater qu’autour de nous, le climat devient de plus en plus exécrable. Ainsi le fiel anonyme circulant sur les réseaux sociaux. Où l’insulte, la menace font florès d’autant que les porteurs de haine avancent la plupert du temps dissimulés. Cette délation nauséabonde est un réflexe classique et un révélateur des périodes de crise. L’occupation de la France durant la Seconde Guerre mondiale en a donné un aperçu mortifère. Les élus sont ainsi souvent trainés dans la boue. Les maires de petites communes en sont les principales victimes alors que d’autres élus, acteurs du débat national alimentent goulûment les braises en fonction de leurs intérêts. Ce climat délétère touche également les journalistes. Il faut parfois du courage à certains confr