dimanche 30 septembre 2012

Renseignement. Washington installe une base de surveillance des satellites aux Marshall.

       La plupart des débris se trouvent en orbite basse. 
Crédit : NASA
Le gouvernement américain vient d’annoncer la construction, sur l’atoll de Kwajalein aux îles Marshall (Pacifique), d’une base abritant un radar destiné à repérer des objets spatiaux en orbite moyenne et basse.
Cette base de l’Us Air Force, dont la construction débutera en septembre 2013 (et durera quarante huit mois) est appelé à matérialiser une "clôture " atmosphérique pour "détecter, suivre la trace, identifier et caractériser les objets spatiaux en orbite moyenne et basse, afin de  fournir aux vaisseaux de combat la capacité de tenir à jour un catalogue orbital complet et précis, assurer la sécurité orbitale et évaluer les conjonctures" selon les informations fournies de sources militaires américaines. Ce programme de "clôture de l’espace" a également pour objectif "d' apporter des preuves de ruptures, collisions ou manœuvres inattendues de satellites ». À terme, ce dispositif pourrait "détecter et suivre à la trace des objets de la taille d’une balle en orbite à plus de 1.200 miles dans l’espace", affirme l’armée américaine. Une deuxième base de ce type pourrait voir le jour en Australie en 2020 (En collaboration avec Flash d’Océanie, http://newspad-pacific.info/).

vendredi 28 septembre 2012

Budget 2013. 7.233 postes supprimés à la Défense

Les ministres de l’économie et des finances et du budget ont présenté ce vendredi matin en conseil des ministres le projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2012 à 2017 et le projet de loi de finances pour 2013. Si ce dernier se caractérise par la création de 11.011 emplois dans l’Education, la Justice, la Police, afin « de compenser ces créations de postes» 12.298 devraient  pour leur part être supprimés dans des ministères jugés « non prioritaires ». Le plus touché, la Défense, qui se verra amputé de 7233 postes, devant l’Economie et  les finances – 2353. 54.000 emplois doivent être supprimés dans les armées entre 2008 et 2015 dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP).

crédit : Présidence de la République
Par ailleurs, ce conseil a nommé Laurent Nunez, sous-préfet de Bayonne, directeur de cabinet du préfet de police de Paris et le médecin général inspecteur Jack Dorol, directeur de l'Institution nationale des Invalides.

jeudi 27 septembre 2012

Commerces des armes. Zobel Behalal : "Il faut qu’au plus tard à la fin du premier trimestre de l’année 2013, une conférence soit organisée pour finir le travail "

Chargé de plaidoyer au Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre solidaire), Zobel Behalal y suit la régulation du commerce des armes. Il a participé, du 2 au 27 juillet dernier à la conférence organisée à l’Onu à New-York.

Zobel Behalal (DR)

Q. Le président François Hollande a exhorté, mardi à l'ONU, ses homologues à lutter contre la prolifération des armes. Quel écho cet appel peut-il avoir ?

R. Il faut se féliciter que F. Hollande, lors de son premier discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, ait appelé à lutter contre la prolifération des armes. Rappelons que plusieurs autres chefs d’Etats et de gouvernement ont également évoqué cette question directement ou indirectement dans la même enceinte. C’est le cas, par exemple, des présidents de l’Afghanistan, du Gabon, de la RDC et du Sénégal. Cela démontre qu’il est plus qu’urgent de s’attaquer à la circulation des armes responsables en partie de l’instabilité dans plusieurs régions du monde (Sahel, Syrie…). François Hollande, lui, a été plus précis en rappelant le soutien de la France à un « traité universel sur le commerce des armes ». C’est un motif de satisfaction. A travers François Hollande, c’est le quatrième exportateur mondial d’armes et l’un des cinqmembres permanents du Conseil de sécurité qui s’exprime. Nous avons donc aujourd’hui l’assurance que le sujet sera traité en priorité  au plus haut niveau. Evidemment, la France ne décidera pas seule, il faudra compter avec les autres pays. Mais qu’elle ait fait part de ses intentions est un pas important.

Six ministres européens (dont Laurent Fabius)[i] viennent de leur côté, de se prononcer en faveur d'un traité "fort" sur le commerce des armes. Un autre petit pas ?

Le timing est intéressant. Quelques heures après la déclaration de F. Hollande, les ministres des principaux pays exportateurs européens publient leur communiqué. Ils gardent ainsi le momentum et exercent une sorte de pression sur les autres pays (USA, Chine, Russie…). Lors de récents échanges avec les diplomates français en charge de ce dossier, le CCFD-Terre Solidaire et d’autres ONG françaises ont exprimé le souhait de voir se multiplier les déclarations publiques en faveur du traité. Nous sommes donc satisfaits. D’autant que les ministres européens vont plus loin que le président Hollande en parlant d’un « traité robuste, efficace et juridiquement contraignant ». Nous espérons que ces pays s’accrocheront à cet engagement jusqu’au bout. En réalité, concernant les pays européens la question n’est pas de savoir s’ils veulent ou non un traité. Depuis six ans, ils ont toujours répondu positivement à cette question. Le point de friction éventuel entre nous et eux, concerne la nature du traité qu’ils sont prêts à accepter. On constate malheureusement que plusieurs d’entre eux sont prêts à sacrifier l’efficacité du texte sur l’autel de la realpolitik.  

Ces ministres appellent également à la tenue d'une conférence en 2013, après l'échec des négociations de juillet dernier à l'ONU ?

C’est indispensable ! Il faut qu’au plus tard à la fin du premier trimestre de l’année 2013 une conférence soit organisée pour « finir le travail » commencé en juillet. Il existe aujourd’hui un projet de traité qui comporte de nombreuses lacunes. Il faut très vite y remédier et adopter un texte. Le monde en a besoin, tout nouveau retard serait du pain béni pour les dirigeants qui oppriment leurs populations civiles ou hypothèquent le développement de leurs pays. Les USA qui ont commencé à briser le consensus lors de la conférence de juillet ainsi que les Russes, ont demandé plus de temps pour achever les consultations avec leurs administrations. Nous pouvons penser qu’en huit mois ces consultations seront terminées. De plus, l’élection américaine –qui en réalité a été la vraie raison de la « trahison américaine »- sera passée. Le CCFD-Terre Solidaire sera à New York en octobre lors des débats de la première commission de l’AGONU qui devra trancher sur cette question. Nous plaiderons en faveur d’une conférence le plus tôt possible dont le mandat sera exclusivement de combler les lacunes du projet de traité et d’adopter un texte.

 Pour réussir il faudrait que gouvernements, opinions publiques, industries de la défense apportent leur soutien à ce mouvement en faveur de nouvelles négociations ?

Nous ne sommes pas inquiets quant à nos chances de convaincre les Etats d’accepter l’idée d’une nouvelle conférence au début de l’année prochaine. Le doute persiste sur le nombre d’Etats qui se mobiliseront en faveur de ce projet, et ce qui sortira de cette nouvelle conférence. Pour être sûr que tout ira dans le sens des aspirations des populations civiles, nous continuerons à expliquer aux industries qu’il est dans leur intérêt que ce commerce soit plus responsable. On limitera ainsi les trafics et la capacité des acteurs irresponsables à nuire. Nous continuerons également à appeler les citoyens partout dans le monde à se mobiliser.

Ce mouvement est-il sérieusement envisageable ?

Il y a une dizaine d’années, personne n’accordait du crédit aux ONG lorsqu’elles commençaient à revendiquer ce traité. Et pourtant aujourd’hui les Etats en débattent. Ils ont même passé des nuits entières à en discuter en juillet dernier. Tout cela démontre que la société civile a un poids considérable.




[i] « Finissons le travail », affirment les ministres des affaires étrangères Guido Westerwelle (Allemagne), William Hague (Grande-Bretagne), José Manuel García-Margallo (Espagne),  Giulio Terzi (Italie), Laurent Fabius et Ewa Björling, ministre suédoise du commerce.

mardi 25 septembre 2012

La mission d'évaluation des services de renseignement

Président de la Commission des lois de l’assemblée, Jean-Jacques Urvoas (Finistère, PS) souhaitait la constitution d’une mission d’évaluation sur « le cadre juridique applicable aux services de renseignement ». C’est chose faite depuis le 12 juillet dernier. Il la dirigera lui-même.

Cette mission devrait organiser ses réflexions autour de trois axes : l’organisation des services, le cadre juridique régissant les activités de renseignement, le contrôle, notamment parlementaire, de l’activité de ces services. Les députés ont aussi l’intention d’établir un bilan des récentes créations : Conseil national du renseignement, Direction centrale du renseignement intérieur, Sous-direction à l’information générale, Délégation parlementaire au renseignement, Académie du renseignement.
Les députés devraient entendre, au cours d’une quarantaine d’auditions, des personnalités ayant occupé des responsabilités gouvernementales, des responsables de la coordination et des différents services, des magistrats impliqués dans la lutte antiterroriste, des responsables des services chargés des interceptions de sécurité et de la sécurité des systèmes d’information, des représentants des organes de contrôle externe de l’activité de renseignement, des chercheurs et universitaires et des représentants de services de renseignement de l’Union européenne ou d’autres pays. Des rencontres sont prévues à l’étranger.
Les travaux de la mission seront achevés, au plus tard, en mai 2013.
Composition : Jean-Jacques Urvoas en est le président-rapporteur, Patrice Verchère (Rhône, UMP) vice-président et co-rapporteur, Axelle Lemaire (Français de l’étranger, PS) vice-présidente.
Les autres membres sont : Marie-Françoise Bechtel (Aisne, apparentée PS), Gilles Bourdouleix (Maine-et-Loire, UDI), Éric Ciotti (Alpes-Maritimes, UMP), Sébastien Denaja (Hérault, PS), Françoise Descamps-Crosnier (Yvelines, PS), Marc Dolez (Nord, Gauche démocrate), René Dosière (Aisne, PS), Guy Geoffroy (Seine-et-Marne, UMP), Patrick Mennucci (Bouches-du-Rhône, PS), Paul Molac (Morbihan, Ecologiste), Alain Tourret (Calvados, PRG), Jacques Valax (Tarn, PS).




lundi 24 septembre 2012

Bruits et chuchotements

Le général de corps aérien Antoine Creux pourrait rapidement être nommé major général de l'armée de l'air. Deux noms circulent pour prendre sa succession à la tête de la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD). Ceux des généraux Olivier Tramont, qui commande le Centre de doctrine et d'emploi des forces (CDEF) et Dominique Pinel,  secrétaire général du Secrétariat permanent du conseil des systèmes de forces et ancien patron de la Brigade de renseignement (BR).
Du côté de la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), un nom, pour l'heure, revient pour en prendre la direction générale. Celui de Jean-Claude Mallet, actuel conseiller spécial du ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian. Fils d'un Compagnon de la Libération, M. Mallet fut nommé président de la commission du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale par Nicolas Sarkozy en 2007.

dimanche 23 septembre 2012

Tunis


Un correspondant français, en résidence à Tunis, m’envoie cette photo de l’ambassade de France. Avec ce commentaire :

Tunis. Abords de l'ambassade de France, samedi 22 septembre.
Photo : DR
L'état d'urgence déclaré en Tunisie depuis jeudi soir, les annonces de fermeté annoncées par le gouvernement, le déploiement impressionnant de forces dans un périmètre large autour de l'ambassade de France, ont permis de maintenir le calme. Dans une République naissante, il est dommage de voir l'armée intervenir. Ce n'est, à mon sens, pas son rôle. Pendant que les forces se préparaient à un éventuel affrontement avec les extrêmistes, l'ambassadeur de France, François Gouyette était reçu, en compagnie d'autres ambassadeurs, au palais de Carthage par le Président de la République, Moncef Marzouki. Le dispositif de protection devant l’ambassade devrait être levé demain ou mardi.


vendredi 21 septembre 2012

Avancement des officiers. Patricia Adam "Je me réserve la possibilité de faire des propositions alternatives".

En cette rentrée, la présidente de la Commission de la défense de l’Assemblée nationale ne s’était pas publiquement exprimée. Les sujets ne manquent pas : coopération industrielle, Livre blanc ( lundi après-midi Patricia Adam participera à une réunion députés-sénateurs "défense"), contrôle des services secrets, carrière des officiers, otages. Elle nous livre dans cet entretien sa vision de ces dossiers.
Patricia Adam dans un KC 135, lundi 17 septembre.
(crédit : CC1 JJ Chatard/Dicod)
Q. Madame, êtes-vous favorable à un soutien logistique français dans une opération menée contre AQMI dans le nord du Mali ?
R. La situation dans cette région est devenue critique. Nous n’avons plus affaire à de simples bandes criminelles mais nous sommes désormais confrontés à l’instauration d’un système politique séparatiste extrémiste sur le territoire d’un Etat souverain et ami. Plus le temps passera et plus il faudra de moyens pour trouver une solution. Il est donc préférable d’agir vite. Cela ne veut pas dire qu’il faut faire n’importe quoi. Le problème djihadiste se surajoute à une question de fond qui est celle de l’identité culturelle de cette zone nord du Mali. On ne doit donc pas envisager les choses sous un angle exclusivement militaire. Je considère que la France n’a pas vocation à se substituer à un pays souverain, ni à la communauté des Etats. En revanche, si elle peut les aider, elle doit le faire. Encore une fois, l’inaction est la certitude de très grosses difficultés pour tous à court terme. On aura mis dix ans à sortir d’Afghanistan. Il est souhaitable de ne pas renouveler ce type d’expérience…

La Défense, sous la pression de Bercy, réfléchit à une réduction de l’avancement des officiers. On ne vous avait pas encore entendu sur le sujet ?
Cette information n’en n’est pas une. Je n’ai d’ailleurs pas été informée d’une décision en la matière. En réalité, le ministère du budget fait son travail et il a émis l’hypothèse d’un gel d’une partie des avancements. Je ne considère pas cette proposition comme définitive. Je sais que le ministre de la défense est actuellement en pourparlers pour faire valoir un point de vue distinct de celui de Bercy. Pour ma part, je considère que, soit un effort général est demandé et alors la défense doit en prendre sa juste part, soit c’est un effort uniquement imposé aux militaires et je me réserve la possibilité de faire des propositions alternatives. Le ministère de la défense et son personnel ont déjà beaucoup donné ces dernières années. Ces efforts ne doivent pas être passés par pertes et profits.

Quelles propositions pourriez-vous faire ?
Je ne voudrais pas qu’un malentendu s’installe. Soit la situation macroéconomique justifie des décisions d’exception et elles doivent toucher tous les ministères ou presque ; soit Bercy considère qu’il y a un problème spécifique au ministère de la défense et il va falloir qu’on remette certaines choses à plat. Le ministère de la défense est en restructuration officielle depuis cinq ans. Les cinq années précédentes, il était en sous-effectifs car des milliers d’emplois apparaissaient dans les tableaux mais n’étaient pas financés. Enfin, le haut comité d’évaluation de la condition militaire a démontré depuis 2006 que la rémunération des militaires s’était érodée. Il n’y a pas d’autre explication au grand plan de revalorisation des soldes, qui a été mené tellement prudemment qu’il aura fallu près de dix ans pour augmenter tous les grades, en commençant par les plus petites rémunérations et en terminant par celles des colonels et capitaines de vaisseaux. De façon totalement extérieure, la loi sur les retraites a entraîné le relèvement des limites d’âge des militaires et entraîne aussi une augmentation des coûts de rémunération. On peut donc figer l’image à un moment donné et faire semblant de s’étonner que les effectifs diminuent et que les rémunérations diminuent moins vite. Mais personne n’est dupe. Autrement dit, la commission de la défense s’attachera à ce que les efforts à faire soient partagés entre les ministères qui le peuvent.

Les budgets de la défense européens diminuent, l’idée est donc de mutualiser ; notamment en matière d’équipements. Toutefois les exigences de sécurité ne sont pas les mêmes. L’exercice est là aussi, complexe…
La problématique n’est pas nouvelle. On réfléchissait déjà à des mutualisations il y a dix ans. Mais comme vous le soulignez, il s’agit de savoir ce qu’on peut mutualiser, pour faire des économies, sans obérer notre indépendance stratégique. En effet, chaque pays a ses propres objectifs stratégiques et la France doit pouvoir conduire des opérations seules. C’est la limite aux mutualisations. Je suis néanmoins convaincue de la possibilité de trouver des accords intelligents. Beaucoup a déjà été fait dans le domaine de la formation des pilotes avec les Belges et les Allemands. On peut élargir ce type d’initiatives. En revanche, il faut avoir la franchise de se dire que mutualiser des faiblesses ne constituera jamais une force. L’idéal serait que les pays qui ont trop retaillé leur effort de défense fassent désormais un effort.

Français et Britanniques pourraient offrir la preuve (spectaculaire) qu’une coopération industrielle est possible avec l’annonce d’une possible fusion entre EADS et BAe systems. De quoi convaincre les sceptiques ?
Je suis prudente. L’annonce des négociations en cours n’est pas le fait des deux entreprises. Nous n’avons aucune certitude que le processus ira à son terme. Néanmoins, si on regarde le schéma, on constate que EADS et BAe sont complémentaires. Ces deux industriels vendent des matériels et services différents, dans des zones différentes. EADS est assujetti aux cycles économiques de l’aéronautique civile et va bien ; BAe a profité des budgets militaires américains et est aujourd’hui plus fragile. EADS est fort en Europe et en Asie. BAe est fort en Grande-Bretagne, Scandinavie et surtout aux Etats-Unis. Il y a donc une cohérence dans ce projet. Pour ma part, je suis particulièrement attentive à ce que rien ne remette en cause la place de l’Etat actionnaire, l’emploi et la recherche dans notre pays. Je ne sais pas si cela constituerait une réussite de la coopération entre l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. Je pense que c’est plutôt la vie des entreprises. En revanche, je suis bien consciente que cela aurait de fortes implications sur l’ensemble de la base industrielle et technologique de défense européenne et rééquilibrerait les rapports avec les Américains, qui sont des amis mais aussi des concurrents agressifs.

Paris et Berlin vont coopérer pour la réalisation d’un drone MALE. Cohérent ?
C’est une orientation stratégique qui est confirmée. On doit s’en féliciter car il n’y a pas de grande ambition sans persévérance. Par ailleurs, la France collaborera avec la Grande-Bretagne. La question se posera à terme de travailler à trois. Tout le monde le sait, mais il est un peu tôt pour en parler. L’enjeu est d’importance parce qu’il s’agit de l’avenir de l’aéronautique européenne de défense au-delà de 2020. Un rapprochement entre EADS et BAe est d’ailleurs sans doute un paramètre très important. Mais à ce stade, toute coopération franco-allemande est bonne à prendre.

Dans et face à cet environnement international compliqué de quoi accouchera le Livre blanc de la défense ? D’une souris ?
Je suis membre de la commission du livre blanc et je l’étais en 2007-08. Je n’ai pas gardé un bon souvenir de cette période. La commission était composée de gens de qualité mais n’avait pas les coudées franches. La pression politique était très forte. C’est très différent aujourd’hui et le président Guéhenno travaillera dans de meilleures conditions que son prédécesseur, M. Mallet. De plus, l’urgence macroéconomique et budgétaire n’a jamais été aussi forte. Il va donc bien falloir avancer. Je souhaite que la commission propose une vision stratégique et que, pour la mettre en œuvre, elle fasse preuve d’imagination puisque les moyens seront comptés. J’ai aussi le souci constant d’éviter les erreurs. La tentation peut exister de brader des capacités et des compétences pour faire face au manque de crédits. Mais nous devons toujours nous souvenir qu’il ne serait pas responsable d’hypothéquer la liberté de manœuvre de nos successeurs. Les décisions de demain contraindront nos armées dans quinze ans. Il s’agit donc de dire comment on peut remonter en puissance pour retrouver ce qu’on abandonnerait provisoirement. Il s’agit aussi d’améliorer la résilience de notre société face à toutes les crises, prévues mais aussi imprévisibles.

Le Parlement doit-il contrôler les services secrets, comme votre collègue Jean-Jacques Urvoas, l’imagine ?
Un groupe de travail du Livre blanc travaillera à y répondre. Je m’interdis de préempter le sujet. Mais il va de soi que le Parlement a le devoir de s’assurer que les services agissent conformément au cadre qui leur est fixé. Le respect de ce cadre apporte de la sécurité juridique à tous. La question de l’évolution de ce cadre n’est pas taboue. Mais évitons les faux débats : elle ne doit pas conduire à oublier l’essentiel. La vraie question est double : quelles orientations pour le renseignement ?  Quels moyens ? Cela me semble le plus important. Par ailleurs, le débat sur la mise en cohérence de l’action de l’ensemble des acteurs de la communauté du renseignement n’est jamais terminé. Cette cohérence est un processus et non un état final. De gros efforts ont déjà été consentis. Il faut poursuivre. Présidente de la délégation parlementaire au renseignement, j’ai donc choisi de participer aux travaux du Livre blanc sur le renseignement. J’ai remarqué que le président Guéhenno s’investissait aussi particulièrement sur le sujet. Je m’en félicite.

Quel contrôle ?
La délégation parlementaire participe de ce contrôle. Souvenons-nous qu’elle a été créée il y a seulement cinq ans. Le chemin parcouru est encourageant.  Mais le contrôle ne repose pas sur un seul acteur. Il est exercé par chacun, à son niveau. Au sommet, les directeurs généraux doivent pouvoir répondre devant l’exécutif et le Parlement de la régularité des activités de leur service. Enfin, au sommet, l’exécutif donne les orientations, fait la synthèse et contrôle les services. Il n’y a donc pas de solution simple. C’est la multiplicité des acteurs, chacun dans son rôle, qui permet le bon fonctionnement du système.

Quel bilan tirez-vous de l’université de la défense ?
 Positif. La participation a été très élevée. Nous avons comptabilisé une quarantaine d’invités étrangers, ce qui est exceptionnel. Tout le monde a été présent au rendez-vous : élus, militaires, industriels et journalistes. Le ministre de la défense nous a honorés de sa présence. L’ambassadeur de Grande-Bretagne et Mme Arnould ont apporté un regard neuf sur les questions soulevées par l’actuel processus de refonte du livre blanc. M. Guéhenno, président de la commission du livre blanc a pu prendre la parole et lancer un appel à contributions. Dernier point positif : l’investissement des armées et notamment de la marine nationale a été total.

Ce rendez-vous est-il indispensable ?
Nous avons fêté le dixième anniversaire de cette initiative créée par mon prédécesseur Guy Teissier. Une telle longévité n’est possible que si l’université de la défense répond à un besoin. Le fait de réunir tous les acteurs importants de la communauté de défense en un même lieu, à un même moment est quelque chose d’irremplaçable. Le fait d’échanger sans filtre n’est pas non plus quelque chose d’anodin. Pour autant, j’ai engagé une réflexion afin de déterminer la meilleure façon de perpétuer cet évènement en le renouvelant. Ma préoccupation est d’éviter l’essoufflement.

jeudi 20 septembre 2012

A la DGSE, le silence est d'argent !

Les militaires de la Direction générale de la sécurité extérieure exerçant en France, vont toucher une prime de silence. Le Journal officiel publie en effet ce matin, l'arrêté officialisant cette "indemnité de contrainte spécifique" qui concerne le "strict respect du secret professionnel". Ainsi les officiers toucheront 130€ bruts mensuels et les sous-officiers 105€.

mercredi 19 septembre 2012

Les Fidjiens de l'armée britannique

Ils sont deux mille, originaires de l'archipel à servir actuellement sous les drapeaux britanniques. Comme l'ensemble de leurs collègues, ils seront touchés par le plan de restructuration mené par Londres dans ses armées. Deux cent cinquante devraient être amenés à quitter l'uniforme. L'armée de Sa gracieuse majesté a engagé dix mille étrangers, issus des pays membres du Commonwealth. La majorité est népalaise (trois mille). (En collaboration avec Flash d’Océanie, http://newspad-pacific.info/).

mardi 18 septembre 2012

Edition. "Les services secrets sont-ils nuls ?"

C’est un livre au titre provocateur qui sortira le 25 septembre (Editions Ellipses). Son auteur, Eric Dénécé est directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). Dans cet ouvrage, celui-ci s'est attelé à une tâche complexe : réaliser le check-up...d’un domaine opaque. 

Eric Dénécé, pensez-vous vraiment que les services français sont nuls ?
Non. La thèse que je défends est qu’il faut reconnaître que nos services sont loin d’être les meilleurs au monde – même si notre orgueil national doit en souffrir - bien qu’ils soient d’une efficacité honorable. Mais ce défaut de performance n’est pas du aux femmes et aux hommes qui oeuvrent dans l’ombre, avec passion et abnégation, à notre sécurité. C’est d’abord la responsabilité de nos politiques qui ne comprennent rien à ce domaine, s’en méfient et font tout pour le réduire à sa plus simple expression.

Leur objectif, dès leur arrivée au pouvoir, est-il d'en obtenir la maîtrise ? 
Toujours oui. C’est une constante depuis le début du XXe siècle et cela concerne sans distinction la droite et la gauche. Cette méfiance vient d’une profonde incompréhension du rôle des services, des idées reçues sur la légitimité d’une telle activité – considérée comme infâmante et perfide en France – et par le souvenir de quelques sombres affaires dans lesquels les services ont été plus ou moins directement impliqués et qui sont devenues des scandales politiques (affaires Dreyfus, Ben Barak, Markovic, Greenpeace, Clearstream...).
Dans toute la Ve République, seuls deux chefs de gouvernement ont manifesté un vrai intérêt pour le renseignement et avaient compris son intérêt : Raymond Barre et Michel Rocard. Et un seul de nos ministres a disposé d’une expérience du renseignement : Michel Roussin. C’est faible. C’est tragique. Le président Hollande ne fait pas exception à cette règle. Comme ses prédécesseurs, il n’y connaît rien et ne s’y intéresse pas. 

Quelles sont les forces et les faiblesses de nos services
Nos lacunes sont d’abord liées à la faiblesse des nos effectifs et de nos budgets. Mais j’observe aussi que la qualité (durée, mise en situation...) de la formation donnée aux femmes et aux hommes du renseignement n’est pas à la hauteur de ce que font les meilleurs (Royaume -Uni, Russie, Israel) ni des enjeux. Enfin, le goût pour l’Action, qui caractérise depuis longtemps la DGSE, nous fait négliger le véritable travail de renseignement, moins spectaculaire, plus ingrat.
Concernant nos qualités, elles sont liées à un héritage historique de premier ordre, largement méconnu de nos contemporains. La France a toujours disposé d’une minorité d’individus passionnés par ce métier qui lui ont permis de se maintenir au plus près des leaders du secteurs. Créativité, astuce, débrouillardise, réactivité, sont les vertus cardinales des opérateurs français, à l’intérieur comme à l’extérieur. Mais cela n’est plus suffisant pour rester aujourd’hui dans le peloton de tête ni pour anticiper les menaces qui se multiplient.

L’un des handicaps de la France reste son absence de culture du renseignement ?
Evidemment et c’est un travail de longue haleine qu’il convient d’entreprendre pour convaincre nos compatriotes – et surtout nos élites - de l’utilité essentielle de ce métier. Mais il faut pour cela lutter contre les idées reçues et les fantasmes cinématographiques qui ont la vie dure. Plusieurs structures à caractère universitaires – dont le Centre Français de Recherche sur le Renseignement – s’attachent depuis quelques années à cette tâche, qui est une vraie mission citoyenne pour notre pays.

La réforme du renseignement intérieur a-t-elle été réussie ?
Clairement non, pour trois raisons.
1 - Si l’idée était bonne, elle est intervenue trop tard. Pertinente en 1986 (date à laquelle l’idée fut lancée), elle l’était moins en 2008.
2 - La réforme a été mal conduite et n’a contribué qu’à déplacer la frontière entre les métiers de l’ex DST et de l’ex DCRG. La non intégration de la totalité des RG dans le nouvel ensemble a affaibli la qualité du maillage territorial qui a fait pendant longtemps le succès de notre sécurité intérieure. De plus ne nouvelles rivalités sont nées entre acteurs du renseignement intérieur.
3 – Pour des raisons administratives, une autre piste tout aussi pertinente n’a pas été étudiée. Celle d’une fusion DST/DPSD (sécurité militaire). Elle aurait permis de créer un grand service de contre-espionnage et de sécurité économique.

La DGSE est-elle le grand service de renseignement extérieur dont la France a besoin ? Malheureusement non. Elle ne l’a jamais été et cette lacune remonte à la fin de la Guerre d’Algérie, lorsque De Gaulle a rejeté les propositions de ses conseillers de créer un « Intelligence Service » à la française.
Paradoxalement, la culture internationale des dirigeants français, leur ouverture sur le monde étant plus faible que elle des autres Européens, aucun de ses successeurs n’en a senti le besoin. Ce qui préoccupe un politique français, ce sont d’abord les affaires intérieures.
Aussi notre service de renseignement international demeure-t-il une organisation de taille modeste. Malgré ses qualités et sa modernisation récente, la DGSE dispose de moyens et d’effectifs très inférieurs à ceux des services alliés de même nature. 
Surtout, sa tendance à la bureaucratisation ne cesse de s’accentuer.

Que devrait faire François Hollande en matière de politique du renseignement ?
Trois mesures me semblent en premier lieu indispensables : donner des directives précises et pertinentes à tous les services, selon leur vocation ; pourvoir à l’augmentation des effectifs et des budgets de nos services, afin que nous ne soyons pas distancés par nos principaux alliés et concurrents ; remettre à plat l’organisation du renseignement intérieur, qui est trop polarisé sur la lutte antiterroriste au détriment du contre-espionnage, de la lutte contre le crime organisé et les cybermenaces.


samedi 15 septembre 2012

Les 70 ans de Normandie-Niemen

Une cérémonie a eu lieu hier à Mont-de-Marsan (Landes), pour marquer les soixante dix ans de la création du régiment de chasse Normandie-Niemen, l'une des dix sept unités de l'armée française titulaire de la Croix de la Libération. Voici son histoire.
Lors de l'invasion de l'URSS par l'Allemagne en juin 1941, le général de Gaulle envisage d'envoyer des soldats français combattre sur le front de l'est. Quinze mois plus tard, en septembre 1942, une troisième unité de chasse des Forces aériennes françaises libres (après la formation un an plus tôt des groupes Alsace et Ile-de-France) voit le jour : le groupe de chasse n° 3 Normandie. Constitué à Damas, sous les ordres des commandants Pouliquen et Tulasne, le groupe est rapidement informé qu'il a été choisi pour marquer la présence de la France auprès des Soviétiques et aller combattre sur le Front de l'Est. En novembre, les premiers pilotes et mécaniciens partent du Liban. La première base se trouve à Ivanovo, à 250 kilomètres au nord-est de Moscou. Là, les Français vont percevoir des avions russes et s'entraîner sur Yak 7 biplace et Yak 1 monoplace. Le choix, laissé à l'appréciation du commandement français, se porte sur le Yak 1.


Polotniane Zavod, premier terrain de guerre du "Normandie" (crédit : Ordre de la Libération)

Les conditions climatiques sont rudes, les températures variant entre -25° et -30°. L'entraînement des cinquante huit Français, pilotes et mécaniciens, se prolonge jusqu'au mois de mars 1943. Le 22, l'unité s'envole avec ses quatorze Yak pour s'installer à une centaine de kilomètres au sud-ouest de Moscou, sur la base de Polotniane Zavod. Le dégel rend les décollages et les atterrissages très périlleux, d'autant plus que les pistes ne sont, le plus souvent, que de simples champs ; il faut trois hommes sous chaque aile pour rouler les avions sur la piste. Le front est à 50 km.
L'aviation opère très près des premières lignes, pour une plus grande efficacité, en l'absence de tout moyen de contrôle radioélectrique. Les premiers succès des pilotes français chargés d'escorter les bombardiers russes ne tardent pas. Le 5 avril, Préciozi et Durand abattent chacun un Focke Wulfe 190. Le 13 avril, trois nouvelles victoires s'ajoutent au tableau de chasse de l'unité. Les missions se succèdent avec plusieurs nouvelles victoires mais également plusieurs pertes parmi les pilotes du Normandie.


Les Yak  du "Normandie" (crédit : Ordre de la Libération)

Courant juillet 1943, l'escadrille entre vraiment dans le feu de l'action, avec la terrible bataille de Koursk. Les missions se suivent sans interruption. Du 13 au 17, le Normandie exécute 112 sorties et abat 17 appareils allemands. Ces victoires sont chèrement acquises au prix de la perte de six pilotes dont le commandant Tulasne, porté disparu le 17 juillet près d'Orel.
Le commandant Pouyade prend alors le commandement. Début août, les mécaniciens français sont remplacés par des russes alors que des Yak 9 prennent la place des Yak 1. Le front bouge vers l'ouest. Le 22 août, c'est la bataille pour Smolensk. Surprenant trois pelotons de Stukas escortés d'une douzaine de Focke-Wulf 190, le groupe de chasse abat cinq avions en quelques secondes, sans enregistrer la moindre perte.
Le 1er septembre 1943, le groupe totalise 42 victoires homologuées. Le 22 septembre, en dix-sept sorties, les pilotes français abattent neuf appareils ennemis, dont deux pour le seul Joseph Risso . Au moment de prendre ses quartiers d'hiver à Toula, au sud de Moscou, en novembre 1943, le Normandie enregistre déjà 72 victoires. Au repos, il reçoit des renforts qui sont encadrés principalement par Marcel Albert et Marcel Lefèvre. Le 7 février 1944, le groupe devient, appellation inédite en France, le Régiment Normandie. Il est formé de trois escadrilles (Rouen, Le Havre et Cherbourg) commandées respectivement par les lieutenants Albert, Mourier et Lefèvre.

                        
                                 En témoignage de leur brillante conduite, les autorités soviétiques ont fait don
                                 aux pilotes survivants du Normandie-Niemen, de 40 Yak,  
                            ramenés par chacun d'eux au Bourget en juin 1945 (crédit : Ordre de la Libération)

Après une accalmie, début 1944, l'offensive reprend en juin. En moins de trois semaines, les troupes soviétiques s'enfoncent de plus de 200 kilomètres vers l'ouest. Et c'est le passage du fleuve Niemen. Les combats sont terribles. Le comportement exemplaire du Régiment lui vaut de recevoir, le 21 juillet 1944, de Staline le nom de Niemen.
Normandie-Niemen participe, avant l'hiver, aux combats en Prusse orientale. Le 12 décembre 1944, le commandant Delfino en prend le commandement, quelques jours après que le général de Gaulle, en déplacement à Moscou, eût remis la Croix de la Libération au Régiment. Les combats reprennent pour une troisième et dernière campagne en Prusse orientale et en Pologne. Un mois après la capitulation allemande (9 mai 45 en URSS), en récompense du comportement exemplaire des pilotes français, Staline fait don aux survivants de leurs avions Yak 3. Ceux-ci se posent le 20 juin au Bourget, devant une foule énorme venue les accueillir en héros.
Le Normandie-Niemen, grâce au sacrifice de presque la moitié de ses pilotes, 42 tués sur 97, devient la première formation de chasse française avec 273 victoires homologuées et 37 probables (auxquelles s'ajoutent bon nombre de véhicules détruits), obtenues au cours de        5 240 missions et 869 combats. Il a compté dans ses rangs 21 compagnons de la Libération.
Le 3 juillet 2009, le Normandie-Niemen, souvent surnommé le Neu-Neu, est mis en sommeil. Pour être réactivé à Mont-de Marsan (base 118), le 25 juin 2012. L'escadron est, aujourd'hui, équipé de Rafale.


 Les Compagnons de la Libération du Régiment de chasse Normandie-Niemen
(à droite la date d'attribution de la Croix de la Libération)
Marcel, Olivier
11-04-1944
Didier
08-11-1944
Adrien, Félix
11-10-1943
Noël, Michel
23-06-1941
Albert
11-04-1944
Constantin
28-05-1945
Jules, Paul, Marie, Joseph
28-05-1945
Marcel
11-04-1944
Albert
23-06-1941
Yves, Alexandre, Eugène
20-01-1946
Jacques
20-11-1944
Yves, Marie, François
16-10-1945
André, Rémy
17-11-1945
Joseph, Marie, Guillaume
16-10-1945
Pierre, Aymé
10-12-1943
Roland
29-12-1944
Jean
11-04-1944
Joseph, Michel
29-12-1944
Jean
11-10-1943
Jean, Louis
11-10-1943
Firmin, Jean, Jacques
11-10-1943

Roland de La Poype est le seul Compagnon du régiment encore en vie.

Remerciements à Vladimir Trouplin, musée de la Libération.


vendredi 14 septembre 2012

Le renseignement de mesure et de signature.

Comment s’obtient un renseignement ? Par source humaine (HUMINT) ou technique : électromagnétique (ROEM ou SIGINT), images, optique infrarouge ou radar (ROIM). Les technologies dans ces domaines permettent aujourd’hui d’obtenir un renseignement de plus en plus précis.
Ancien  officier-marinier qui effectua une partie de sa carrière dans la branche technique du renseignement militaire, Emmanuel Remy  -aujourd’hui consultant- est un spécialiste d’un autre domaine d’acquisition du renseignement, le MASINT.
Q : MASINT, à savoir Renseignement de mesure et de signature. Domaine qui tend à une précision sans cesse accrue ?
R : Oui, il s’agit de pouvoir identifier à partir de caractéristiques propres et intrinsèques un élément observé. Par exemple, les signatures de tel véhicule par les vibrations qu’il occasionne au sol lors de son passage, la structure de tel immeuble par le matériau qui le compose ou encore l’identification d’activité industrielles en fonction des particules émises dans l’atmosphère et ceci à des milliers de kilomètres de distance.
Quels sont les enjeux de ce nouveau domaine ?
Ils sont de deux ordres, l’un pour le renseignement lui –même qui va gagner en précision, en profondeur de pertinence et en avancées technologiques, l’autre pour les acteurs industriels qui voient là s’ouvrir un nouveau champ de développement de systèmes d’acquisition et de traitement considérant le volume de données à traiter.
Qui sont les industriels concernés ?
A terme, les grands groupes seront sans aucun doute les acteurs principaux du domaine. Cependant dans un premier temps, le développement de ces technologies est plutôt le fait de petites structures ou d’entités liées à la recherche. Il faut considérer que le spectre des technologies intéressant le MASINT est vaste et souvent dual. Seule la maturité du domaine et le rassemblement des systèmes d’acquisition et de traitement justifiera l’implication des grands industriels dont les échelles de marchés sont plus "dimensionnantes".
Qui en est leader?
Les Etats-Unis sont, je vais dire "naturellement" leaders en la matière. En effet leur échelle et leur pragmatisme leur ont fait prendre en compte et développer le domaine du MASINT depuis déjà plusieurs années.  D’autres nations s’intéressent au MASINT de façon plus ou moins isolées et on peut déplorer un manque d’engagement européen capable de lancer une vraie dynamique de développement de ce domaine.
Pour quelles raisons ?
Comme je le disais précédemment, le domaine est technologiquement très étendu et inspiré de développements souvent liés aux applications civiles. D’autre part, il répond à des besoins non encore fédérés comme peuvent l’être le ROIM ou le ROEM. Enfin, des dynamiques dispersées et d’évidentes notions de souveraineté sont autant de frein à une prise en compte communautaire. Le risque majeur est de voir ce domaine contraint à des standards que nous ne pourrons que suivre.
Et la France ?
La France n’est pas en reste et a parfaitement compris les enjeux au moins opérationnels de ce nouveau domaine. Cela nécessitera un investissement  conséquent dans la durée, en termes de systèmes et de ressource humaine. Mais on peut croire que la dynamique est  lancée. Il faut aussi comprendre que les enjeux d’intégration interalliés sont fortement présents. En particulier, à l’heure d’une optimisation des moyens dans le cadre d’opérations conjointes.



jeudi 13 septembre 2012

Le Mirage III de Serge Dassault

Mirage III (crédit Wikipédia)
Serge Dassault a décidé d'offrir un Mirage III à Corbeil-Essonnes. Le sénateur et ancien maire de la ville a racheté l’appareil à l’armée de l’air pour, dit-on dans son entourage,  50.000 €. Selon Le Parisien qui a révélé l’information, cet ancien avion de chasse sera installé sur un rond-point situé face au motoriste aéonautique, SNECMA.