jeudi 25 février 2021

La Légion s'européanise

  

©GRLE

La crise sanitaire perturbe le recrutement de la Légion. Si les mesures contraignantes de circulation empêchent les étrangers de se présenter dans les habituelles proportions, beaucoup de militaires en fin de contrat ont choisi, en 2020, de renouveler un contrat face aux incertitudes du marché civil de l’emploi. Ainsi les objectifs de l’année dernière, soit 1200 postes, ont été atteints. Cette année, la barre est encore plus haute : 1400 recrutements. D’autres personnels en fin de contrat renouvelleront mais l’objectif ne sera pas simple à atteindre. D’autant que les recruteurs de l’institution constatent un tarissement des habituels candidats venus d’Amérique du Sud. Comme les Brésiliens ou les Colombiens.

Nouvelle tendance

La Légion s’européanise du fait de ces difficultés de circulation. Avec une nouveauté, des recrues issues d’Europe occidentale. Le flux français lui, atteint, un taux qui correspond aux critères attendus depuis de nombreuses années : 14 %.Un chiffre obtenu grâce au travail fourni par les neuf postes d’information de la Légion (PILE) en province mais aussi par le bureau d’information de Papeete. 8 Polynésiens ont ainsi intégrés les képis blancs depuis le 1er janvier dernier et 60 candidats sont en attente. Le Groupement de recrutement de la Légion étrangère (GRLE, Fontenay-Sous-Bois, Val-de-Marne) attend beaucoup également du nouveau BIRLE qui, d’ici un mois, va ouvrir ses portes à Saint-Denis à la Réunion. Quatre réservistes y ont été recrutés et sont en train d’être formés au recrutement par deux sous-officiers, en mission de courte durée. Le lieutenant-colonel Prenveille, commandant du GRLE est impatient de voir arriver les premiers postulants. Enfin, une constante : les Népalais. Malgré les difficultés à voyager, ceux-ci continuent à se présenter, documents en règle.

lundi 22 février 2021

RDC, l'ambassadeur d'Italie tué dans une attaque au Nord-Kivu

 

 ©Ministère italien des affaires étrangères

Agé de 43 ans, Luca Attanasio était l’un des plus jeunes chefs de poste du réseau italien des affaires étrangères. Ce matin, il a été tué avec son garde du corps et un chauffeur congolais du Programme alimentaire mondial (PAM) lors d’une attaque menée par des hommes armés dans le Nord-Kivu. L’attaque aurait eu lieu vers 10h15 (heure locale) sur un tronçon routier entre Goma et le parc de Virunga, connu pour être un une zone abritant des milices, des rebelles rwandais et des bandes criminelles. Le diplomate est décédé à l’hôpital où il avait été transporté. Le carabinier Vittorio Iacovacci qui l’accompagnait était lui âgé de 30 ans. Aucune précision quant à l’identité et l’âge de la troisième victime. Luca Attanasio était ambassadeur auprès de la République démocratique du Congo (RDC) depuis le 31 octobre 2019.

jeudi 18 février 2021

Le Service historique de la défense créé son prix des lecteurs

Destiné à récompenser un ouvrage d’histoire militaire paru l’année précédente en langue française, ce premier prix sera attribué par les lecteurs à l’un des 10 ouvrages retenus par un comité de sélection. Ouvert à tous, le vote se déroulera du 1er mars au 31 mai prochains, via un formulaire disponible sur le site internet du SHD : www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/actualites/prix-des-lecteurs-du-service-historique-de-la-defense, ou via un bulletin proposé dans les salles de lecture du SHD. Les dix livres sélectionnés sont :

-       Prisonniers de guerre. Vivre la captivité de 1940 à nos jours, Evelyne Gayme, Imago.

-       S’adapter pour vaincre, comment les armées évoluent, Michel Goya, Perrin.

-       Les maquisards, combattre dans la France occupée ; Fabrice Grenard, Vendémiaire.

-       Un adieu aux armes ; destins d’objets en situation de post-guerre, Patrick Harismendy, Erwan Le Gall (direction), Presses universitaire de Rennes.

-       Distinguer et soumettre, une histoire sociale de l’armée française 1872-1914, Mathieu Marly, Presses universitaires de Rennes.

-       L’art et la bataille, les campagnes d’Italie, 1800 et 1859, Aude Nicolas, éditions Bernard Giovanangeli.

-       Devises de l’armée française, de l’Ancien Régime au XXIème siècle, Alban Peres, Arcadès Ambo.

-       L’appel de guerre, des adolescents au combat, 1914-1918, Manon Pignot, éditions Anamosa.

-       Etre soldat de Hitler, Benoît Rondeau, Perrin.

-       Les désorientés : expériences de soldats français aux Dardanelles et en Macédoine, 1915-1918, Francine Saint-Ramond, Inalco Presses.

mardi 16 février 2021

L'ex-otage Edith Blais, détenue 450 jours par les djihadistes raconte

 

 ©Radio-Canada

Otage pendant 450 jours des djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), la québécoise Edith Blais a réussi à échapper aux geôliers qui la détenaient, en compagnie de l’italien Lucas Tachetto. Détention qu’elle décrit dans Le Sablier (Les éditions de l’Homme). Elle raconte dans ce livre qui paraîtra demain au Canada et le 15 avril en France, comment le 12 mars 2020, alors qu’une tempête de sable se lève, elle a réussi, avec son compagnon, à s’évader. "Selon nos calculs, on avait 80% de chances d’être rattrapés, 10% de chances de se perdre et de mourir de soif et 10% de chances de réussir" détaille la jeune femme de 36 ans. Durant ces dix heures de marche dans le désert, elle se foule une cheville. Lucas Tachetto, lui est pieds nus. Pourtant, la couple réussira dans son entreprise. Avec la protection de la chance. Première manifestation de celle-ci : ils arrivent à retrouver la route Kidal-Tombouctou qu’ils souhaitaient rejoindre. Ensuite, un chauffeur routier accepte de les embarquer bien qu’il soit conscient, précise l’autrice, de leur statut d’otages en cavale. Surtout, le camion est contrôlé par des djihadistes. Edith et Luca "enturbannés" sont sauvés par le camionneur qui ment sur leur origine. Celui-ci parvient ensuite, à les déposer devant le siège de la Minusma à Kidal. Ces deux voyageurs avaient été kidnappés le 17 décembre 2018 au parc national W, au Burkina Faso (frontière avec le Bénin). "Cela a été notre erreur. On nous avait dit qu’il y avait des éléphants...pas des djihadistes."

samedi 13 février 2021

L'après COVID imposera-t-il une nouvelle politique de commémoration ?

 ©DR

L’après-COVID nécessitera-t-il de repenser certains pans de la politique économique et sociale ? Ainsi le nombre de jours fériés liés aux grandes guerres, comme le 11 novembre et le 8 mai ? Cette dernière date ne l’est toutefois plus tout à fait. Mais le 11 novembre, si. La question pourrait se poser. Surtout dans un contexte où les commémorations nationales, comme le constatait le rapport Kaspi en 2008, n’attirent pas les foules. L'objet du jour férié est mis à mal. Paradoxalement depuis 1999, les journées commémoratives se sont multipliées : 6 ont, en effet, été créées depuis la fin du XXème siècle. Ce qui fait que nous en sommes à 12. Ces dates n’en restent pas moins précieuses pour transmettre des repères historiques, des valeurs (comme l’engagement) et pour contribuer à façonner une identité républicaine avec l’objectif de rassembler les citoyens. Il s’agit en somme aujourd'hui d’inventer pour mieux impliquer. Mais pas forcément besoin de jours fériés pour cela. Si le 14 juillet fait figure d’intouchable, en revanche pour les deux autres… Mais la bataille en coulisses risque d'être âpre.

jeudi 11 février 2021

Vétéran de l'évacuation de Dunkerque, l'ONA II en vente

 ©Interenchères

Ce petit yacht de 11 mètres, construit en 1931 par un chantier naval anglais, a participé comme nombre de navires -qui composèrent une flottille hétéroclite- à l'opération DynamoIl s'agit de la gigantesque opération d'évacuation des troupes anglo-canadiennes, belges et françaises bloquées à Dunkerque, vers la Grande-Bretagne, du 26 mai au 4 juin 1940. 338.000 militaires purent quitter les plages. Deux jours après le début de l’évacuation des bateaux civils, yachts, bateaux de pêche, navires de plaisance tentèrent de récupérer et de faire ensuite traverser la Manche aux soldats bloqués, comme l'a montré le film de Christopher Nolan, Dunkerque (2017). L'Ona II est l'un d'eux. Sauvé et restauré, nous précise le site Interenchères, par un ingénieur britannique en 2004 qui le restaura, ils sera ensuite acquis par le journaliste Nicolas Beytout (L'Opinion). Le 22 mai prochain, il sera donc vendu aux enchères à Paris. Il est estimé par la commissaire-priseur Marie-Line Balsan, entre 85 et 100.000 euros.

lundi 8 février 2021

Le logo d'un nouveau service, le SEO

 

Décliné en plusieurs couleurs voici le nouveau logo du Service de l’énergie opérationnelle (SEO) qui remplace depuis le début de l'année, le Service des essences des armées (SEA). Une évolution qui est intervenu après quatre-vingt ans d’existence, avec la mise en place d’une nouvelle stratégie énergétique du ministère des armées. Une décision, comme l’avait expliqué Florence Parly à l’automne dernier, qui s’appuie "sur le triptyque : consommer sûr, mieux et moins." L’ingénieur général Jean-Charles Ferré dirige dorénavant le SEO. Il est à la tête de cette direction interarmées depuis 2018.

samedi 6 février 2021

Le général Michel Roquejeoffre commandait, il y a 30 ans, Daguet : « Ce conflit du Golfe fut le cas typique de règlement d'une crise de haute intensité »

Le général Roquejeoffre, 87 ans, vit à Pamiers (Ariège) depuis qu’il a quitté les armes, deux ans après la Guerre du Golfe 1 (1990-91). Ce conflit, un peu oublié, date de seulement trois décennies. Il fut toutefois à l'origine de nombreuses réformes opérationnelles de l'armée française. Après l’invasion du Koweït par l’armée irakienne, le 2 août 1990, des emprises diplomatiques sont occupées, dont celle de la France, le 14 septembre, par les Irakiens. Le lendemain, lors d’une conférence de presse, François Mitterrand explique que « nous en sommes dans une logique de guerre ». Et le chef de l’Etat annonce l’envoi d’un détachement en Arabie Saoudite. Qui sera commandé par le général Roquejeoffre. Pour Ainsi va le Monde celui-ci revient sur la constitution de Daguet ainsi que sur les opérations Bouclier et Tempête du désert (voir également post du 17 janvier 2021).

 

Le général Roquejeoffre à son arrivée en Arabie Saoudite ©DR/Défense

Vous souvenez-vous du moment où l’on vous a appris que vous alliez commander Daguet ?

Oui, c’était le 15 septembre 1990. Une grande réunion était prévue à salle « opérations » de l’état-major des armées, regroupant les responsables de l’EMA, de la FAR, de l’Armée de l’Air, de l’EMAT. Il y avait notamment les généraux Forray et Fleury, respectivement CEMAT et CEMAA, le général Guignon, chef OPS de l’EMA. J’y assistais en tant que commandant de la FAR. Dès le mois d’août, après l’invasion du Koweït par l’Irak, nous avions planifié des opérations avec l’idée de pouvoir engager une force constituée autour de deux divisons de la FAR : la 6e DLB et la 4e DAM. Le but de cette réunion était d’arrêter la composition et le rôle d’un détachement de 6000 hommes, conçu autour d’une force terrestre issue de la 6e DLB renforcée (que commandait alors le général Mouscardès), d’un détachement aérien d’une quarantaine d’avions de combat et de moyens logistiques (santé, matériel, logistique…). Pendant le déroulement de la réunion, le général Forray a été appelé par le général Schmitt (CEMA) qui se trouvait alors en Arabie Saoudite avec le ministre de la défense, Jean-Pierre Chevènement. A son retour dans la salle, le général Forray a indiqué que le président de la République François Mitterrand avait décidé d’envoyer des troupes françaises sur place. Une décision directement liée à l’invasion, le 14 septembre, de l’ambassade de France à Koweït city par les soldats irakiens. J’ai été nommé le 17 septembre et deux jours après je suis parti en Arabie Saoudite. Le général Schmitt m’avait donné comme ordre de mission de prendre contact avec le général prince Khaled ben Sultan, Saoudien, qui commandait toutes les forces arabes coalisées situées sur le territoire, et avec le général Norman Schwarzkopf, qui, lui, était à la tête des forces américaines (terre, mer, air, marines) mais aussi commandait en chef l’ensemble de l’opération. Je devais leur présenter la force qui avait pris le nom de Daguet : sa mission, ses effectifs, sa spécificité, ses savoir-faire, son originalité. Daguet était une force aéromobile avec ses régiments d’hélicoptères de combat. Elle manœuvrait et pouvait prendre l’adversaire de flanc en utilisant ses moyens « feu » -terrestre et aérien- et sa mobilité au sol. Le général Schwarzkopf a trouvé cette organisation très originale. Il a d’ailleurs plus tard préconisé la création d’unités semblables aux USA.

Vous étiez alors général de corps d'armée ?

Même si la force était au départ sous-dimensionnée pour un général de corps d’armée (mais elle est montée à 15000 combattants par la suite), j’ai été désigné car le président souhaitait un officier qui puisse mener à la fois une mission militaire mais aussi politique. Et puis, le gros des troupes provenait de la Force d'action rapide que je commandais.

J’avais été nommé général de corps d’armée le 1er juin 1990 et désigné à la même date comme commandant de la FAR. A l’époque, cette grande unité de l’armée de terre avait été conçue pour des actions bien particulières. Elle avait pour mission, dans le cadre d’une attaque des forces du pacte de Varsovie, de se projeter le plus loin possible pour bloquer les unités ennemies en attendant l’arrivée d’un corps d’armée français. Cette manœuvre était facilitée par son équipement de blindés canons à roues (les AMX 10RC) et d’hélicoptères de combat (les Gazelle). La FAR devait également se préparer et s’entraîner à des combats contre des forces ayant pénétré dans un pays avec lequel la France était liée par des accords de défense. Ces forces combattaient selon le principe de la guerre asymétrique, « du faible contre le fort  ». La FAR était composée d’un état-major, de cinq divisions (la 11e DP, la 6e DLB, la 9e DIMa, la 27e  division alpine, la 4e division aéromobile) d’un groupement d’artillerie et d’unités de soutien d’un corps d’armée.

Cela faisait 38 ans que la France n'avait pas fait  la guerre…

On peut dire que, pour la France, ce fut la première véritable guerre de type symétrique depuis le dernier conflit mondial. Après 45, l’armée française avait été engagée dans les conflits liés à la décolonisation. Cependant, si cette guerre était classique, c’est-à-dire infra nucléaire, elle était d’un genre nouveau puisqu’elle se déroulait dans l’ère informatique, l’ère de l’intelligence. Par ailleurs, nous étions sous menace classique du feu, sous menace chimique également et on y a cru jusqu’au dernier jour, puisque les militaires qui ont pris part à l’attaque terrestre avaient revêtu la combinaison de protection S3P. Menace terroriste enfin car à l’époque, l’Irak abritait certains groupuscules terroristes. On a d’ailleurs eu des menaces qui se sont manifestées à Dhahran sur des Américains. Très rapidement, les Saoudiens ont trouvé les coupables qui ont été exécutés. Mais contrairement à la seconde guerre du Golfe, il n’y a pas eu d’attentats terroristes sur le territoire saoudien.

Guerre classique aussi car, s’il n’y a pas eu de déclaration de guerre ni de traité de paix, toutes les données d’un conflit traditionnel étaient réunies : l’agression était caractérisée (envahissement et surtout annexion d’un pays représenté à l’ONU par un autre) ; l’adversaire militaire était identifié (l’armée irakienne) ; la mission avait été validée par la résolution 678 de l’ONU et elle était bien définie (faire respecter et appliquer la résolution 660, c’est à dire exiger de l’Irak son retrait du Koweït) ; l’emploi de la force était autorisé par la même résolution 678 ; enfin, le cessez-le-feu ne pouvait être conclu avec l’adversaire que lorsque ce dernier accepterait les termes de la résolution 687.

 

Le général Roquejeoffre avec JP Chevènement, ministre de la défense

 

Votre ministre de tutelle Jean-Pierre Chevènement n’est pas convaincu par cet engagement ?

Le ministre de la Défense a donné sa démission le 29 janvier 1991, quelques jours après le début de l’engagement des forces (17 janvier : début de la phase aérienne de Desert Storm). La raison profonde de ce départ n’a jamais été très claire. Sur le terrain, nous avions constaté que le ministre, s’il était d’accord pour faire évacuer le Koweït par une coalition regroupant les forces de chaque pays, ne voulait pas être sous les ordres d’un membre de la coalition, notamment américain. Il a tout fait pour implanter la force Daguet loin des unités de la coalition. La division débarquée à Yambu, port sur la Mer Rouge, a été dirigée sur la base saoudienne CRK (Camp du roi Khaled) à 500 km de Ryad alors qu’elle devait, au départ, stationner près de la capitale. Autre exemple, la force aérienne, qui aurait dû logiquement être regroupée à Dhahran, s’est retrouvée dans le désert, à Al Ahsa, dans une base aéroportuaire qui est sortie de terre en un temps record.


Comment se met en place cette division ? Combien de régiments sont concernés ?

La division n’était qu’une partie de la force Daguet qui comprenant un état-major, une division terrestre (la division Daguet), un groupement de soutien logistique, une chaîne santé, une dizaine de détachements de liaison et une chaîne de transmission. Un groupement aérien d’une cinquantaine d’avions de combat et de transport y été rattaché. Les unités de la Marine ne dépendaient pas, en revanche, de la force Daguet. La force s’est mise en place en Arabie Saoudite par vagues aériennes et maritimes de septembre 90 jusqu’à mi-janvier 91. Une grande partie des avions et des cargos étaient des matériels réquisitionnés. Les effectifs ont atteint 15000 hommes début 1991. Des unités ont renforcé les capacités sur le terrain. La division Daguet a ainsi reçu deux escadrons de cavalerie légère, un pour le 1er REC, un pour le 1er Spahis. Le 3e RIMa et le 2e REI furent renforcés chacun par une compagnie de combat. Un régiment d’artillerie, le 11e RAMa, fut affecté à la division. Un régiment d’AMX30B2 a également rejoint l’Arabie Saoudite tout comme des commandos du 1er RPIMa. Le régiment du génie a récupéré des engins pour sa compagnie de soutien… Toute l’armée de terre a été affectée par ces décisions. De même, chaque base arienne a dû participer à ce renforcement en hommes et en matériel.


Quelle est sa doctrine d’emploi ?

Il n’y a pas de doctrine d’emploi au niveau régimentaire mais des principes de fonctionnement. La force Daguet a adapté son mode d’action en prenant en compte de nombreux éléments : mission générale de la force coalisée formée autour de 29 pays, en majorité des nations du Moyen-Orient, potentiel des adversaires, le terrain, le climat… Elle a tiré de tout cela les planifications d’engagement. Dès le départ, j’avais expliqué au général Schwarzkopf que la force Daguet pouvait se distinguer car elle était très mobile, pouvait lancer des actions dans la profondeur. Et il a tout de suite vu l’intérêt de cette force, capable d’ouvrir la route sur un flan et de le protéger.

Les opérations ont eu lieu en deux phases : une phase baptisée Desert Shield (Bouclier du désert), défensive, dont l’objectif était d’empêcher l’Irak de pousser ses troupes vers l’Arabie Saoudite, en particulier de s’emparer de la zone de Dhahran, où se trouvaient les principaux gisements pétroliers. Puis, Desert Storm (Tempête du désert), phase offensive aéroterrestre.

Après le déclenchement de la phase aérienne, la division Daguet a rejoint un site de déploiement opérationnel au nord de Rafha, à près de 300 km de CRK, à l’extrême ouest de la zone alliée, le long de la frontière avec l’Irak. Sa mission était de conquérir un nœud routier stratégique dans le village d’Al Salman afin que le déplacement des autres forces alliées puisse se faire sans encombre. C’est une manœuvre classique : on fixe l’ennemi, on l’enveloppe afin de le prendre à revers puis, une fois le terrain conquis, la seconde vague peut agir en toute sécurité. Al Salman se trouvait à une centaine de kilomètres de la frontière. Il fallait donc une force très mobile avec une puissance de feu importante pour s’emparer de l’objectif. La division Daguet possédait ces deux qualités grâce à ses AMX10RC, à ses Gazelle Hot, à son artillerie.

Armes ramassées sur le champ de bataille


 Quels enseignements a-t-on tiré de cette guerre ?

Ce conflit du Golfe fut le cas typique de règlement d'une crise de haute intensité, incluant des aspects très variés allant de la démonstration de force au combat intensif, mêlant action militaire et action humanitaire, dans un contexte fortement médiatisé, sous une triple menace (classique, terroriste et chimique). D'ailleurs, quelques années après, les rédacteurs du Livre Blanc sur la défense, ont intégré ce conflit régional dans l'un des cinq scénarios de l'hypothèse d'emploi des forces.

La professionnalisation des armées était dans les tuyaux, la guerre du Golfe en a été l’élément déclencheur. Pour ce type d’opérations, on ne peut faire appel à des appelés. On a besoin d’hommes et de femmes qui ont la compétence, l’expérience et la cohésion. La compétence ne s’acquiert qu’après de longues années, l’expérience ne s’obtient qu’à la suite de longs séjours dans des pays similaires à ceux où l’on est susceptible d’intervenir. Enfin, la cohésion exige que les cadres et les engagés vivent longtemps ensemble et ainsi se connaissent bien. Tout cela est lié à un facteur temps et ne peut être acquis au bout de dix mois de service.

Durant cette guerre, on a été tributaire du renseignement satellitaire américain. Le gouvernement a décidé de renforcer notre renseignement satellitaire par notamment le lancement du programme Hélios. Une brigade de renseignement et de guerre électronique a également été créée en 1993, rassemblant notamment le 13e Dragons, le 2e régiment de Hussards ou encore le groupement aéromobile de renseignement équipé d’hélicoptères de reconnaissance. Enfin, la direction du renseignement militaire a été créée en juin 1992 et placée sous l’autorité du chef d’état-major des armées. Prenant exemple sur les SAS britanniques, on a décidé de regrouper les unités d’action des trois armées au sein du commandement des opérations spéciales (COS).

vendredi 5 février 2021

Les bons comptes d'Arquus

VAB à Garchizy ©Arquus

Les activités des réparations industrielles privées (RIP) d'Arquus en 2020 ont été "exceptionnelles", se félicite la société dans un communiqué. "L'appareil industriel a fait preuve de sa résilience au profit des forces...L'entreprise a mené à bien la rénovation de 508 véhicules ainsi que celle de plus de 2500 organes. Ces activités ont représenté près de 30% de la charge industrielle totale d'Arquus. " Business area défense du groupe Volvo, Arquus (regroupement de Renault Trucks Defense, Acmat et Panhard) possède quatre sites de production spécialisés à Garchizy (Nièvre), Marolles-en-Hurepoix (Essonne), Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et Limoges (Haute-Vienne).

jeudi 4 février 2021

Laure Moulin, soeur de...


Si nous considérons que Jean Moulin est l'archétype du héros, sa sœur Laure est, elle, une anti-héroïne. Mais une anti-héroïne héroïque dans sa constance, son dévouement, sa foi en son frère. C’est à elle que l'historien Thomas Rabino vient de consacrer une biographie (Perrin). Peut-être Laure Moulin correspond-elle à Antigone, à laquelle elle est plusieurs fois comparée par l’auteur ? Se battant après la mort de Jean, audacieuse et désespérée à partir de juillet 1943, au nom du devoir moral face aux pouvoirs arbitraires : les Allemands et Vichy puis après la Libération, contre l’oubli, l’injustice…

Laure Moulin (1892-1974), professeur d’anglais, infirmière volontaire pendant la Première Guerre mondiale, patriote, femme indépendante et grande voyageuse, fut la première collaboratrice de son frère lorsque celui-ci entra en résistance.  C’est-à-dire immédiatement. Après que les Allemands, à leur arrivée à Chartres (Eure-et-Loir) où il est préfet, aient voulu, à la mi-juin 1940, lui faire signer une déclaration accusant des unités de tirailleurs africains d'avoir commis des atrocités contre des civils à Saint-Georges-sur-Eure ; ceux-ci ont, en réalité, été victimes de bombardements allemands. Jean Moulin refuse. Enfermé, maltraité, il se tranche la gorge. Mais il est sauvé par ses geôliers. Puis révoqué quelques semaines plus tard par Vichy. La suite est connue. Il sera dans la clandestinité Joseph, Jacques Marchand, caporal Mercier, Max, Rex, Régis, Martel… Aujourd’hui, 300 établissements scolaires, 978 boulevards, rues, places, squares et ponts, comme le rappelle Thomas Rabino, portent son nom. Cette postérité, qui n’a pas été aussi naturelle à conquérir, c’est aussi l’entreprise de Laure. De la mort du président du Conseil national de la Résistance, le 8 juillet 1943, au transfert de ses cendres au Panthéon, le 19 décembre 1964, toute l’énergie de Laure a été nécessaire. Notamment pour que justice soit faite après l’arrestation de Moulin en compagnie d’autres responsables résistants à Caluire (Rhône), le 21 juin 1943. Tâche bien complexe car après la Libération, temps où la nation est en reconstruction, il est bien difficile d’explorer les secrets des vainqueurs. La Résistance ne peut faire apparaître publiquement ses rivalités, ses rancoeurs et certains brevets de moralité résistante ne peuvent être remis en cause. Ce que montre clairement l’ouvrage. Ainsi jamais, le dénonciateur présumé de Caluire ne sera condamné. C’est une période sombre, confuse où Jean Moulin n’est alors qu’un acteur parmi d’autres. Il faudra à Laure Moulin manifester une profonde énergie et une capacité d’encaisser les revers hors du commun. La  "panthéonisation" de son frère et le discours d’André Malraux, ministre de la Culture, inversèrent la tendance. "Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé; ce jour-là, elle était le visage de la France" conclue Malraux. Après le résistant, le compagnon de la Libération, Laure Moulin fit connaitre le Jean Moulin esthète, le peintre, le dessinateur, le graveur qui signait Romarin. L’homme qui eût tant d’influence sur Daniel Cordier, son secrétaire d’août 1942 à son arrestation et qui, jusqu’à son dernier souffle, le 20 novembre dernier le considérait comme son deuxième papa.

mercredi 3 février 2021

Mort en Angleterre de « Captain Tom »

 

©Wikipedia

Hospitalisé dimanche, le vétéran de la Seconde Guerre mondiale « captain Tom » est mort hier, victime de la Covid-19. Tom Moore, 100 ans, était devenu célèbre l’an dernier en récoltant des fonds pour aider le service de santé britannique. Son objectif de départ : collecter 1000 livres en réalisant 100 allers et retours, muni de son déambulateur, dans son jardin en dix jours. La cagnotte dépasse actuellement les 37 millions de livres. Devenu immédiatement célèbre, le vieux monsieur a été ensuite anobli par la reine Elisabeth II (voir post 20 mai 2020).

mardi 2 février 2021

Hubert Germain, dernier Compagnon de la Libération : "Mon père avait été viré par Pétain"

©HW/CB

Je n'avais pas eu l'occasion de remettre à Hubert Germain, mon ouvrage consacré aux Compagnons de la Libération de son régiment, la 13e Demi-brigade de Légion étrangère (DBLE). C'est toujours un grand plaisir de passer un peu de temps avec lui. Après trois livres sur le sujet dont l'un sera réédité en juin, je suis toujours à la recherche de ce temps perdu, regrettant de n'avoir pas entamé ce travail sur ces 1038 hommes et femmes titulaires de la croix de la Libération plus tôt. Chaque fois que je rencontre Hubert Germain depuis quinze ans, mon carnet s'enrichit d'anecdotes. Ou en développe d'autres. Ainsi nous avons évoqué avec celui qui est désormais le dernier Compagnon de la Libération, son retour en France lors du débarquement de Provence en août 1944. Il a 24 ans et est lieutenant. Il souhaite revoir le plus rapidement possible ses parents (son père est général d’armée). Seule information dont il dispose, ceux-ci sont retirés à Grasse (Alpes-Maritimes).

-  "Mon père, qui avait été viré par Pétain, habitait là, en retraite. Je suis arrivé, j’ai cherché où ils pouvaient habiter. Et c’est dans un café que j’ai su que mon père avait été déporté. Quand vous recevez cela en pleine figure ça vous file un choc même si vous dites qu’il y a encore ma mère et ma sœur. J’ai cherché. J’ai sonné à une maison. J’ai entendu un pas lourd, la porte s’est ouverte. Vous voyez une femme vieille, les cheveux gris-blanc. La mauvaise teinte. Les yeux las. Le malheur et la lassitude inscrits sur le personnage et qui se dit en me voyant devant la porte : « Ah, les pépins vont continuer. »

-  «Que puis-je pour vous lieutenant ?» Cette femme ne me reconnaissait pas. C’est à ce moment-là que ma sœur a surgi. « Mère, tu ne reconnais pas ton fils ?» Qu’elle ne me reconnaisse pas, c’est normal, elle avait quitté un gamin et elle retrouvait un homme en uniforme. Mais ça, c’est atroce ! J’ai dit à ma sœur de venir avec moi et nous sommes montés dans la jeep pour aller voir le sous-préfet qui était encore celui de Vichy et n’avait pas encore été remplacé. Je lui ai dit qui j’étais et que mon père avait été arrêté par la police française, livré à la Gestapo et envoyé en camp de concentration. Le sous-préfet a alors fait son ignorant. Je lui ai dit : « Vous avez douze heures. Douze heures pour que ma famille soit rétablie dans tous ses droits d’abord et dans sa dignité.» Le menaçant de le coller au mur si dans les douze heures il ne « s’exécutait » pas."

Son père rentre de déportation. Hubert Germain prévenu par un télégramme de l’hôtel Lutetia* va l’accueillir à la gare de Cannes. "Il est arrivé et cherchait si un membre de la famille était là. Je l’ai pris dans mes bras. Pour pleurer, il s’est mis de côté. Nous sommes sortis de la gare et je lui ai dit : « Papa, tu n’es plus papa, tu es le général Germain, il y a ici une compagnie de Légion qui est là pour te rendre les honneurs. Et on lui a rendu les honneurs. Il était vivant mais vide…"

* Transformé alors en centre d'accueil pour les survivants des camps de concentration.

lundi 1 février 2021

Des croix gammées taguées sur la façade du domicile du Premier ministre belge

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C'est la découverte faite ce matin par Alexander De Croo, le Premier ministre belge qui réside à Braken, dans la province d'Anvers. Ce sont sept croix gammées qui ont été peintes sur les murs et la boîte aux lettres. Situation qui survient alors que les nationalistes flamands (NV-A) reprochent au chef du gouvernement sa gestion anti-Covid ; samedi, des manifestants d'extême-droite ont été empêchés par la police de s'approcher du domicile de M. De Croo. Celui-ci déplore que l'on tente ainsi d’intimider sa famille et notamment ses enfants, a précisé son porte-parole, cité par le quotidien flamand Het Laatste Nieuws.