samedi 27 avril 2024

Les chantiers navals russes en difficulté

Sous-marin de classe Kilo @Wikipedia

« Inopportun ». Ainsi une agence de presse officielle russe qualifia-t-elle, en décembre 2022, le décès d’Alexandre Sergueïevitch Buzatov, directeur général des chantiers navals de l’Amirauté de Saint-Pétersbourg. La veille de sa mort, Buzakov assistait à une cérémonie de mise à flot du dernier navire de sa société, un nouveau sous-marin baptisé Velikie Luki. Le magazine Newsweek rappelait alors que « depuis janvier (2022), 11 soi-disant "oligarques" russes sont morts dans des circonstances suspectes, souvent officiellement expliquées comme des suicides ou des accidents ».
Les chantiers de l’Amirauté, au fond du golfe de Finlande, fondés en 1704 sont spécialisés dans la construction et la modernisation de sous-marins à propulsion conventionnelle sont devenus un groupe qui compte actuellement 40 chantiers et 80 000 salariés.

Etat des installations

Aujourd'hui, la capacité de ces chantiers à tenir le rythme imposé par les circonstances opérationnelles se pose. Des retards dans les programmes sont constatés de plus en plus souvent chez ce géant industriel de la Baltique*, chargé notamment de la construction des sous-marins de type Lada et Kilo (diesel-électrique). Ces derniers sont destinés à armer les flottes de la mer Noire et du Pacifique. Onze ont été construits. Parmi les six de la flotte de la Mer Noire, certains soutiennent la flotte russe à Tartous (Syrie). « Alors qu’il y avait deux sous-marins russes en Méditerranée ces dernières années, les désagréments russes en Ukraine et la réallocations des ressources ont obligé Moscou à ne plus déployer qu’une unité » relate une source. Qui considère que le manque d’infrastructures adaptées ne permet pas d’entraîner efficacement la force de projection russe. Et plus généralement, dont l’état des installations inquiète.

Vulnérabilité
Pourtant ce chantier et ceux de la région (qui construisent notamment frégates et chalands de débarquement) « représentent une grande vulnérabilité pour les forces navales russes qui dépendent souvent d’un seul spécialiste pour assurer maintenance et réparations » explique ce bon connaisseur d’un secteur, qui a à faire face aux conséquences de l’isolement politique du pays. « Quant à la corruption... ». Là, nous revenons au début de notre histoire.

*Mais aussi dans l'ensemble du secteur.

mercredi 24 avril 2024

La Moldavie, terrain de chasse russe


Fin 2023, une campagne visant, via des pages Facebook, à soutenir des candidats pro-russes lors d’élections locales en Moldavie avait été mise au jour. D’autres opérations sont régulièrement identifiées. Pour Chisinau, « les manœuvres et provocations russes hostiles constituent une atteinte aux intérêts de l’état moldave ».
Les services de renseignement locaux ont mis en garde contre « une ingérence sans précédent » de Moscou. Et annonce des « attaques hybrides ». L’institut américain d’études sur la guerre prévoit une possible déstabilisation du pays à l’occasion des élections présidentielles moldaves en octobre prochain et du référendum sur l’adhésion à l’UE.

lundi 22 avril 2024

Camerone 2024 présidée par le CEMAT

 

Camerone 2018 @LE

Le 30 avril la Légion étrangère, que ce soit à Aubagne au sein du commandement et du 1er RE, des autres régiments en métropole ou outre-mer, des compagnies ou sections en mission, célébrera Camerone. Cette année, au quartier Vienot (COMLE), c’est le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre qui présidera la cérémonie à laquelle devrait assister 5 500 personnes.

dimanche 21 avril 2024

Nigéria, une cible pour l’influence russe

En Afrique, la désinformation est ancienne et a précédé l’apparition du numérique et du téléphone portable. Aujourd'hui, il est simple d'y trouver des mercenaires digitaux compétents et peu coûteux. Les donneurs d’ordre étrangers y ont leurs habitudes et externalisent leurs opérations d'influence. 
Ainsi au Nigéria, 219 millions d’habitants en 2022, où règne historiquement une désinformation endémique. Le plus peuplé des pays du continent constitue donc une aubaine (création de fermes à trolls...) et une cible idéale pour les opérations d’influence russes. Celles-ci s’appuient en particulier sur le piratage des comptes de réseaux sociaux, permettant de développer le narratif du Kremlin notamment auprès des jeunes générations. Les objectifs sont classiques : multiplier les soutiens à l’invasion de l’Ukraine mais aussi discréditer les démocraties occidentales. Une manipulation qui tend également, localement, à accroître les tensions, notamment religieuses. 

samedi 20 avril 2024

L’exemplarité attendue du titulaire d’une décoration

 

Vue du palais de Salm, siège de la grande chancellerie @GC

Pour espérer figurer dans une promotion de la Légion d’honneur, il est indispensable que des « mérites éminents » soient signalés. Pour l’ordre national du Mérite se sont des « services distingués ». On attend évidemment des détenteurs de ces deux décorations un comportement exemplaire. Oui, mais… régulièrement des membres de ces ordres sont soient suspendus, soient exclus, en application du code de la Légion d’honneur (qui vaut pour les peines disciplinaires de l’ONM).
Ainsi, ce matin, le journal officiel nous apprend qu’Hervé Lucbéreilh, ancien maire d’Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), condamné par la cour d’appel de Pau dans un dossier de détournement de bien publics à un an de prison avec sursis, cinq ans d'inéligibilité et l'interdiction d'occuper un emploi public pendant cinq ans a été suspendu 7 ans de « l’exercice des droits et prérogatives attachés à sa qualité de chevalier de l’ordre national du Mérite » précise le décret du président de la République, pris sur proposition du chancelier de l’ONM ou selon les cas, du grand chancelier de la Légion d’honneur et après consultation du conseil de l’ordre concerné.
Dans ce même JO, figure l’exclusion de Joëlle Kerivin, condamnée par la justice (Nantes) à trois ans de prison, dont 10 mois fermes, pour abus de bien social, abus de confiance et détournement de fonds publics.

jeudi 18 avril 2024

Le mystère légionnaire



Que vous serviez à la Légion, ou que vous soyez un ancien, un (e) proche, que vous manifestiez de l'intérêt pour les képis blancs, une question : connaissez-vous l’appel de Canudo ?
Lancé dans la presse les 31 juillet et 1er août 1914 par l’écrivain italien Ricciotto Canudo (1877-1923) cet appel "aux étrangers amis de la France [qui] ont appris à l’aimer et à la chérir comme une seconde patrie [et] sentent le besoin impérieux de lui offrir leurs bras" en s’engageant dans la Légion au début de la Première Guerre mondiale. 
Voilà l’une des 53 questions et réponses contenues dans le "Petit Quizz de la Légion étrangère" qui permet de rafraîchir ses connaissances sur cette exception française. 
A une dizaine de jours de Camerone, rappelons donc la sortie, en février dernier, de ce nouveau titre qui présente en 116 pages et 53 questions l’institution, son histoire et ses représentations.

Editions Pierre de Taillac, 10 €

lundi 15 avril 2024

Vladimir Poutine, l’homme qui réécrit l’histoire de la Seconde Guerre mondiale

 


Vladimir Poutine a toujours affiché des qualités de scénariste qui lui permettent de reconstruire l’histoire à son profit. Il en est ainsi de celle de la Seconde Guerre mondiale qui constitue un matériau opportun mis au service de la politique du Kremlin.

Le pacte germano-soviétique
En 2009 en Pologne, alors premier ministre, M. Poutine condamne le pacte germano-soviétique signé en 1939 par les ministres des affaires étrangères, Ribbentrop et Molotov. Six ans plus tard, recevant la chancelière allemande Angela Merkel, il déclare à propos de cet accord : «Lorsque l'URSS a réalisé qu'on l'avait laissée toute seule face à l'Allemagne d'Hitler, (Staline) a pris des mesures visant à éviter un affrontement direct, et le pacte Molotov-Ribbentrop a été signé ». Evitant d’évoquer la partie secrète qui prévoyait le partage entre les deux pays de la Pologne. Comme il a oublié de citer le souvenir de ce million de Soviétiques qui choisit de combattre aux côtés des Allemands par haine de Staline, qui avait donné des consignes au NKVD (prédécesseur du KGB) de tuer les soldats de l’Armée rouge qui reculeraient. Comme l’explique l’essayiste Galia Ackerman « La Grande guerre patriotique, qui sert de fondement à cette militarisation de la société, est réécrite d’une manière stupéfiante ». **.
L’autocrate a toujours justifié avoir engagé la guerre en Ukraine pour lutter contre « les nazis ».
Lui et ses hommes ont maintenant choisi d’utiliser un nom associé au IIIe Reich pour nommer la structure paramilitaire chargée de prendre la place de la milice Wagner en Afrique, l’Africa Corps, contrôlée par le ministère de la défense.

Africa Corps et Afrika-Korps
Créé en février 1941 pour soutenir leurs alliés italiens en difficulté en Libye face aux Britanniques, l’Afrika-Korps (ou Afrikakorps) corps expéditionnaire (45 000 hommes, 250 chars) est commandé par Erwin Rommel, dont Goebbels estimait qu’il était un homme « qui mieux qu’un autre général comprenait le rôle de la propagande ». Le generalfeldmarschall Rommel est généralement considéré comme l’un des rares officiers généraux à ne pas avoir commis de crimes de guerre pendant ce deuxième conflit mondial. L’Afrikakorps à la courte existence (1941-1943), a été nommée ainsi par Hitler, en référence à l’Alpenkorps qui a combattu lors de la Première Guerre mondiale.
La Deustches Afrikakorps, de son nom complet, remporta des victoires et acquit une renommée qui a traversé les décennies. Avant de s’effondrer lors de la seconde bataille d’El Alamein. Ensuite, la capitulation au cap Bon, en mai 1943, laisse 250 000 prisonniers (allemands, italiens...) aux mains des Alliés, contre 90 000 à Stalingrad, en février précédent. L’étape suivante de la communication de Moscou est-elle d’appeler ces hommes « renards du désert » du surnom de Rommel, mis en avant par la propagande nazie ?

Enfin dernière ficelle, face aux difficultés de recrutement des Russes pour aller combattre sur le front ukrainien, le correspondant du quotidien Le Monde à Moscou, rappelait il y a quelques mois, qu’à Volgograd les affiches appelaient les hommes à s’engager « pour Stalingrad ! », l’ancien nom de la ville**.

*« Le régiment immortel » Galia Ackerman, Premier Parallèle, 2019.
** La bataille de Stalingrad s’est déroulée du 17 juillet 1942 et le 3 février 1943. Elle a fait plus de 2 millions de morts.

samedi 13 avril 2024

L’Africa Corps russe au Niger



Après le Burkina Faso, le Niger s’apprête à accueillir l’Africa Corps (avec un C)*, signe d’un nouveau marqueur russe en Afrique. La junte** au pouvoir au Niger, isolée sur le plan international, franchit donc une nouvelle étape en recevant des éléments russes. 
Après avoir rompu avec la France, le départ des Américains pourrait avoir des répercussions à long terme notamment auprès des bailleurs de fonds internationaux où un consensus pourrait entraîner un arrêt des financements. Il est à noter, selon diverses sources, que les campagnes de désinformation contre la présence de la base américaine et la mission européenne EUCAP Sahel n’ont pas été un franc succès, malgré l’utilisation, notamment, des médias d’état. Enfin la relation nigéro-algérienne a été mise à mal par les opérations de refoulement de milliers de migrants ouest africains par l’Algérie vers le Niger et leur "caractère violent". Alger avait été, jusque là, bienveillante avec la junte.

*Structure créée par le ministère de la défense russe.
**Qui a pris le nom de "Conseil national pour la sauvegarde de la patrie".

vendredi 12 avril 2024

Où va la Nouvelle-Calédonie ?

@NC la 1ère


Demain à Nouméa deux cortèges manifesteront à quelques rues d’écart. Motif, le possible dégel du corps électoral. L’un à l’appel des indépendantistes (sit-in) hostiles à cette éventualité, l’autre des loyalistes qui sont favorables à une Calédonie dans la République. L’objectif de ces derniers, est de soutenir le projet de révision constitutionnelle récemment adopté au Sénat et qui doit encore être voté à l’Assemblée nationale puis ensuite au Congrès de Versailles. Texte qui prévoit d'élargir le corps électoral en vue des prochaines élections provinciales (à priori avant le 15 décembre prochain)*.

Le poids des mots
Pour les premiers résolument hostiles à cette éventualité, les propos utilisés sont âpres : « Au Sénat, les élus parlent d’exigence démocratique. Mais maintenir la colonie de peuplement en Kanaky, est-ce une exigence démocratique ? » explique un porte-parole de l’Union Calédonienne. Formation indépendantiste qui, il y a quelques heures, jugeait dans un communiqué que « Le peuple doit être uni face à l’État Macron qui a renoué avec son ADN colonial ». Pour les seconds, « Cette marche, elle est là pour que Paris comprenne qu’on est là, que le dégel n’est pas négociable. Qu’on a décidé de rester Français trois fois**, et qu’on ne reculera pas » notait hier Sonia Backès, présidente de la province Sud (Nouméa) et ancienne secrétaire d’État à la citoyenneté (jusqu’en octobre 2023). Pour sa part, l’autre courant anti-indépendantiste, Calédonie Ensemble « regrette la tenue de ces manifestations » et demande à Paris la création d’une mission du dialogue, sur le modèle de celle créée par Michel Rocard en 1988 et dirigée alors par le préfet Christian Blanc.

Trésoreries exsangues
Ce qui ne serait qu’un épisode de plus dans la longue et complexe vie politique du territoire doit être intégré dans un ensemble politique, économique et social devenu inextricable. Ainsi, la filière nickel (un quart des emplois du secteur privé) et ses trois usines (dont l’une est à l’arrêt) est au plus mal. De multiples facteurs, depuis des dizaines d’années ont conduit à cette situation dramatique. En outre, le cours bas du nickel ne pousse guère à l’optimisme. Un malheur n’arrivant jamais seul, le manque de trésorerie du pays, un système de protection sociale en très mauvaise santé financière... et des violences sporadiques sur le territoire (grande terre et îles) rendent les plus optimistes taciturnes. De quoi aiguiser des appétits étrangers...

Ceux qui comme moi ont couvert l’actualité calédonienne des tragiques années 80 nourrissent de plus en plus de craintes quant à l’avenir apaisé de la Nouvelle-Calédonie. Vu de Paris, toutes les conditions sont réunies pour que l’orage éclate.

* " Le corps électoral pour les élections au Congrès et aux assemblées de province est restreint aux électeurs qui, inscrits sur la liste électorale générale de Nouvelle‑Calédonie, y sont nés ou y sont domiciliés depuis au moins dix années ". Selon Gérald Darmanin, les simulations montrent que s'ajouteront aux listes 12 441 natifs qui ne votent pas et 13 400 non natifs résidant depuis plus de dix ans sur le territoire. On atteint ainsi le nombre de 25 000 nouveaux électeurs.

**Trois référendums.

mardi 9 avril 2024

Déploiement de 250 militaires français en Bosnie

 

@DR

Depuis dimanche, un bataillon composé de 250 militaires français et de deux sections, l’une italienne, l’autre roumaine a été déployé en Bosnie-Herzégovine. Cette mission qui devrait se dérouler jusqu’au 10 mai vise à renforcer le dispositif de l’opération Althéa dont l’objectif est de contribuer au maintien de la paix dans une zone instable et de renforcer la synergie européenne.

Influence russe
Dans ce pays complexe des Balkans où les actions hybrides russes sont nombreuses, Moscou bénéficie de la proximité du chef des Serbes de Bosnie, qui évoque depuis longtemps une sécession de cette Republika Srpska, née le 9 janvier 1992 des décombres de l’ex-Yougoslavie. Celui-ci Milorad Dodik, ultra nationaliste surnommé «le dynamiteur de la Bosnie-Herzégovine», a été chaleureusement accueilli à Moscou par le président russe en décembre 2021, rappelle Bernard Valéro, ancien ambassadeur de France en Macédoine et ex porte-parole du Quay d’Orsay. « La nature ayant horreur du vide, dans les Balkans comme ailleurs, des acteurs comme la Russie, la Chine et la Turquie se manifestent avec une vigueur et une visibilité croissantes depuis plus d’une quinzaine d’années » précise l’ancien diplomate.

Inquiétudes de l’OTAN
Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Organisation du traité de l'Atlantique Nord s’est récemment déclaré : « préoccupé par les discours clivants et sécessionnistes ainsi que par les ingérences malveillantes de la part d’acteurs étrangers ».
Le renforcement du dispositif Althéa menée depuis 2004 par la force de l’Union européenne (EUFOR) et soutenue par l’OTAN, répond aux attentes et demandes des autorités de Sarajevo. Ce renforcement est aussi un rappel que les membres de l’Union Européenne n’ont pas l’intention de se laisser intimider explique-t-on à Bruxelles et Paris notamment.

samedi 6 avril 2024

Grué, Helferstorfer, Bosy : honneur et fidélité

Cette année, le porteur de la main du capitaine Danjou est originaire de Bordeaux (Gironde) où il né il y a 99 ans. Les accompagnateurs sont eux natifs de Wantendorf (Autriche) et d’Aubin (Aveyron). Ils ont tous deux 95 ans. Ce sont cet officier, ce sous-officier et ce 1ere classe, tous trois anciens d’Indochine que la Légion honorera le 30 avril à Aubagne (Bouches-du-Rhône) lors de ce Camerone « De Sontay à Dien Bien Phu : la Légion étrangère en Indochine ».

@Collection privée

Colonel Bernard Grué, porteur de la main du capitaine Danjou
Une carrière comme le XXème siècle pouvait en offrir. Engagé volontaire en novembre 1945, il est admis quatorze mois plus tard à l’école spéciale militaire interarmes. A la fin de scolarité, direction l’Allemagne où il très vite promu sergent-chef. Avant de rejoindre l’école d’application de l’infanterie. Puis c’est la Légion en 1948 et Sidi Bel Abbès. Six mois plus tard, embarquement pour l’Indochine et direction le 3e REI. En septembre 1950, le lieutenant Grué défend le point d’appui de Dong Khe fortement attaqué. On se bat au corps à corps. Le jeune officier est blessé, perd connaissance et est capturé. Il passera 47 mois en détention au camp n°1. Puis est évacué à Paris. Où il poursuit sa formation, notamment linguistique. Diplômé de persan, le capitaine Bernard Grué part en Algérie, puis revient en métropole pour intégrer le centre militaire d’études slaves. Il suit ensuite les cours de l’école de guerre…iranienne à Téhéran. En 1968, affectation à l’ambassade de France à Moscou comme attaché militaire adjoint où il reste quatre ans avant de partir commander le 46e régiment d’infanterie à Berlin puis en 1974 rejoint le SDCE (service qui s’appelle aujourd’hui DGSE). En 1978, le colonel Grué quitte l’armée avant d’accomplir une seconde carrière dans l’industrie pharmaceutique. Il est, notamment, grand officier de la Légion d’honneur.

@Collection privée

Major Alfred Helferstorfer, accompagnateur
Le 30 avril, l’ancien adolescent de Basse-Autriche, qui marchera un peu en retrait du porteur de la main sur la Voie Sacrée, se souviendra certainement de son engagement chez les képis blancs. IL y a quasiment 78 ans. Il avait 17 ans. Quelques mois plus tard, embarquement pour l’Extrême-Orient où il est affecté au 2e REI. Il est très rapidement blessé par éclats de grenade. Par deux fois, en 1949, il est cité à l’ordre de la brigade. En avril 1950, après trois ans de présence le sergent Helferstorfer prend la direction du Maroc puis le centre de recrutement d’Offenburg. Au terme de son contrat, il en signe un nouveau. 4e REI à Meknès, 5e REI à Turenne (Algérie). En février 1963, devenu adjudant-chef il rengage à titre français et rejoint le 1er RE qui vient de prendre possession de ses quartiers à Aubagne. Après le 5e régiment mixte en Polynésie, le 1er RE, la 13, le 1er RE à nouveau puis le 3e REI, retour en 1981, une nouvelle fois au 1er régiment étranger. Le major Helferstorfer est, notamment, titulaire de médaille militaire ;  il est officier de l’ordre national du Mérite.

@Collection privée

Légionnaire de 1ere classe Joseph Bosy
Lui aussi a vécu dans son adolescence et sa jeune vie d’homme les douleurs infligées par la Seconde Guerre mondiale. Né dans l’ancien bassin minier aveyronnais, il est arrêté avec sa famille d’origine polonaise catholique, en décembre 1942, et conduit au camp de Gurs (Pyrénées-Atlantiques)*. Alors qu’ils doivent être déportés en Allemagne, lui saute du train avec son frère, Jean. Et tous deux s’engagent dans la Résistance. Jean y trouvera la mort. Sa famille ne rentrera pas des camps. Joseph Bosy s’engage en novembre 1946 dans la Légion. Saïgon en mars 47 puis les unités de génie jusqu’en 1950. 
Le 21 février 1954, dans le centre Vietnam, lors d’une patrouille à pied avec des éléments du 71e bataillon de génie, le légionnaire de 1ère classe Bosy décide de prendre la tête de la progression. Il saute sur une mine. Une citation et l’attribution de la croix de guerre. A peine remis, trois semaines plus tard, lors d’une embuscade, il porte secours à un sous-officier blessé. Nouvelle citation, nouvelle décoration. En 1956, il est avec le 5e REI, dernière unité à être présente sur le sol indochinois qu’elle quittera à la mi-mars. Nouvelle citation, nouvelle décoration. En 1956, il est avec le 5e REI, dernière unité à être présente sur le sol indochinois dont elle partira à la mi-mars. Rayé des contrôles, il retourne dans l’Aveyron. Seul, il réintègre la famille légionnaire, le 3 janvier 1957. Retour au 5e REI puis au 1er RE. Il quitte les képis blancs en juillet 1962. Puis travaillera à l’ORTF jusqu’au début des années 80. Chevalier de la Légion d’honneur, médaille militaire, croix de guerre, le légionnaire Bosy est notamment titulaire des trois citations.

*Celui-ci est utilisé en 1939 pour y interner des personnes fuyant l’Espagne franquiste, puis en 1940 des ressortissants de pays en guerre contre le France et des communistes favorables au pacte germano-soviétique, enfin, après la défaite, principalement des juifs étrangers.

vendredi 5 avril 2024

Le colonel Grué portera la main du capitaine Danjou

 


La célébration de Camerone 2024 se déroulera le 30 avril prochain sur le thème « De Sontay à Dien Bien Phu : la Légion étrangère en Indochine ».
C’est le colonel (h) Grué ancien chef de section au 3e REI, combattant sur le RC 4, à Dong Khé et survivant du camp n°1 qui, cette année, portera à Aubagne (Bouches-du-Rhône), la main du capitaine Danjou.
Seront à ses côtés, le major (h) Helferstorfer, ancien du 2e REI et du 5e RE en Indochine et du légionnaire de 1ere classe (h) Bosy qui est un ancien des compagnies de génie. Lui aussi a servi au 5e régiment étranger qui, comme l’annonce, le général Cyrille Youchtchenko, commandant de la Légion étrangère, dans la dernière livraison du magazine Képi blanc « va renaître à Mayotte, en remplacement du DLEM, le 1er juillet.

Remise de képis blancs à Monaco

Le prince Albert saluant les néo légionnaires @Monaco matin

37 engagés volontaires ont reçu, hier, à Monaco, au pied du palais, leur képi blanc, en présence du prince Albert II et du général Youchtchenko, COMLE. C'est la première fois qu'une telle manifestation se déroule en principauté, qui est 1ère classe d'honneur de la Légion étrangère. Précisons que le lien entre l'institution militaire et Monaco est ancien : Louis II, arrière grand-père du souverain actuel ayant servi au 1er régiment étranger.

mercredi 13 mars 2024

Disparition à 102 ans de l’amiral Philippe de Gaulle

Un titre de presse résumait il y a quelques années Philippe de Gaulle « Entre père et mer ». Porter un nom célèbre, l’assumer et exister. Ce qui n’a jamais été aisé. 
Mort cette nuit à l’Institution nationale des Invalides (INI) à Paris, à l’âge de 102 ans, l’amiral qui fut après sa carrière militaire sénateur de Paris (1986-2004) m’avait accordé en 2019 une interview publiée dans La Cohorte*. Extraits.

@Wikipedia

De Gaulle est-il un nom difficile à porter ?
Très difficile. Je ne croyais pas que cela serait si compliqué. J’aurais vécu mieux si mon père n’avait pas eu la dimension qu’il a prise.

Tout au long de votre vie, vous avez été le fils de…

Oui. Et puis, j’ai vécu camouflé. Camouflé pour des raisons de sécurité J’étais en ligne tout le temps, mais personne ne pouvait jamais le dire. 
J’ai été à la 2ème division blindée comme fusilier-marin. C’est à moi, en août 1944, que la garnison allemande de la Chambre des députés s’est rendue. C’est d’ailleurs par erreur qu’on m’y avait envoyé. J’y suis allé tout seul, les Allemands étaient plusieurs centaines, j’étais au milieu d’eux et je leur ai dit de se rendre. C’est l’une des seules fois où j’ai le plus risqué ma vie. S’ils avaient su que j’étais le fils de de Gaulle, ils m’auraient descendu. J’aurais disparu dans la cave, on ne m’aurait plus jamais vu.

Diriez-vous que vous avez souffert de la figure tutélaire de votre père ?
Ah oui… Enfin, je n’ai pas à me plaindre. Mais cela a été très difficile. De tout petit à après. Car mon père n’était pas commode et ma mère n’était pas du genre à cajoler les petits très longtemps.

Vote père, vous le vouvoyiez ?

Oui, toujours. Même mes parents se vouvoyaient. Quelquefois ils se disaient « tu », mais généralement ils se vouvoyaient. Et dans ma famille, les garçons vouvoyaient les filles, entre frères et sœurs et cousins…

Mais en 68, vous n’hésitez pas à dire à votre père : « Votre règne est fini » ?
Oui, je lui ai dit. J’étais le seul. Peut-être ma mère lui a-t-elle fait entendre. Moi, à ce moment-là, je n’avais pas d’affectation. Je venais de quitter la première frégate informatisée qui existait dans la Marine française. C’est moi qui ai commandé la première et l’ai mise en service. J’étais entre deux affectations. Ce que j’ai vu m’a fait comprendre que les gens n’étaient plus pour lui.

Alors il vous a répondu « ne me décourage pas » ?

Il était furieux, il voulait me foncer dessus. Je lui ai dit à deux reprises « votre règne est fini ». 
« Peut-être vous allez prendre des modalités et d’ailleurs il faut en prendre, mais votre règne est fini. Dix ans, les Français ne supportent pas, même si c’est parfaitement injuste, c’est comme ça. Vous n’en tirerez rien. » Cela a commencé avec Giscard d’Estaing qui disait que mon père voulait supprimer le Sénat, ce qui était tout à fait inexact, parce que mon père a fait du président du Sénat le deuxième personnage de l’Etat.

Dans vingt ans, dans trente ans, quelle image voulez-vous qu’il reste ou aimeriez-vous qu’il reste de votre père ?
Celle de celui qui a restitué l’Etat à la France.

* Magazine de la Société des membres de la Légion d'honneur (SMLH)

samedi 24 février 2024

Les futurs chefs de corps de la Légion


Le 2ème REP, les 2ème et 3e REI, la 13ème DBLE et le GRLE changeront de chef cet été. A Calvi, c’est le colonel Raphaël Oudot de Dainville actuellement à la division plans/programmes de l’état-major de l’armée de terre qui succédera au colonel Baptiste Thomas à la tête du 2e Régiment étranger de parachutistes.
A Nîmes, le lieutenant-colonel Thomas Miailhes, en poste à l’état-major de la 6e Brigade légère blindée prendra le commandement du 2e Régiment étranger d’infanterie.
A Kourou, c’est le colonel Jean-Luc Grossin, jusqu’à l’été au commandement des forces terrestres (division capacités-Scorpion), qui sera en charge du 3e Régiment étranger d’infanterie.
Sur le Larzac, le colonel Benjamin Brunet va commander la 13ème Demi-brigade de Légion étrangère. Celui-ci est en poste à Paris à la division performance/synthèse de l’état-major de l’armée de terre. Enfin, le lieutenant-colonel Jean-Philippe Dieulangard dirigera le Groupement de recrutement de la Légion étrangère (Fontenay-sous-bois) dont il est actuellement le n° 2.

jeudi 22 février 2024

Les étrangers

 

@Capture d'écran

Hier, 80 ans jour pour jour après sa mort, Missak Manouchian est entré au Panthéon accompagné de son épouse Mélinée. Les cercueils ont notamment été portés par des légionnaires de la 13e DBLE, régiment titulaire de la Médaille de la Résistance (avec rosette). Une homologie : des étrangers engagés au service de la France portant des étrangers qui sont morts pour la France.

mercredi 21 février 2024

Disparition de Josette Molland, résistante

@Mairie de Nice

Matricule 52613 à Ravensbrück. Josette Molland qui vient de disparaître dans les Alpes-Maritimes à l’âge de 100 ans a tout connu 
durant la Seconde Guerre mondiale : l’arrestation, la torture, le travail forcé, le manque de nourriture. En 1943, la jeune femme âgée de 20 ans rejoint la Résistance au sein du réseau Weidner (appelé également Dutch-Paris). L’étudiante aux beaux-arts de Lyon, qui veut être peintre, est arrêtée. Internée au fort de Montluc puis à Fresnes, elle ne parlera pas. Puis c’est l’Allemagne et Ravensbrück où 90 000 femmes et enfants périrent. Elle est ensuite envoyée au camp annexe d’Holleischen (aujourd’hui république tchèque). « Tous les matins, on pensait que c’était nos dernières heures » expliquait-elle. Elle survivra à l'innommable.
Le 5 mai 1945, Josette Molland était libérée. Elle pouvait enfin, retrouver ses pinceaux.

vendredi 16 février 2024

La mort de Félix Faure

 

Portrait de Félix Faure @Wikipedia

Il y a 125 ans aujourd’hui mourrait Félix Faure. Cet ancien tanneur, républicain modéré était depuis le 17 janvier 1895, président de la République. Cause officielle de la mort : « douleur à la nuque puis « épanchement au cerveau » écrit le lendemain le quotidien « Le Gaulois » qui reconstitue en une les dernières heures du sixième président de la IIIe République.
En réalité, Félix Faure se trouvait en compagnie de Marguerite Steinheil, sa maîtresse. Une demi-mondaine de 30 ans. Lui, âgé de 58 ans, pour être à la hauteur aurait pris un aphrodisiaque qui lui fut vraisemblablement fatal.
Très vite la version officielle fut balayée. La rumeur circula que le président était mort des suites d’une fellation. Qu’un chansonnier traduisit ainsi : Il avait voulu être César, il ne fut que Pompée ». La jeune femme fut surnommée « La pompe funèbre ». Clémenceau qui n’avait aucun atome crochu avec Faure railla le défunt : « En entrant dans le néant, il a dû se sentir chez lui. » (
Avec RetroNews).

vendredi 2 février 2024

Le 44e RI, un régiment administratif

@Linkedin/DGSE

Le colonel Charles de la Chateigneraie de Saint-Foix est le premier chef de corps du 44e régiment d’infanterie de ligne. Successeur du régiment d’Orléans. Au gré des époques, il deviendra 44e demi-brigade de première ou deuxième formation, sera dissous en 1923, recréé en 1939, dissous un an plus tard. L'unité est recréée par changement d'appellation du 89e bataillon des services et devient, le 1er février 1987, le régiment support de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Assurant la gestion des personnels militaires y servant (hors service action). Le 44e RI s’est vu remettre la fourragère de la médaille militaire le 17 janvier 2012, puis celle de l’ordre de la Libération le 17 septembre 2018 (voir post du 10 septembre 2018).

mercredi 31 janvier 2024

2024, des commémorations en trois temps pour la Légion

 

1947 Indochine @DR

Pour la Légion étrangère cette année olympique s’organisera en trois temps. Commémoration tout d’abord du départ d’Extrême-Orient, il y a 70 ans. Où la Légion a été présente de 1883 à 1954. « Où également, rappelle le général Youchtchenko son actuel commandant dans le magazine Képi blanc, 12 602 légionnaires dont 10 483 pour la seule guerre d’Indochine (1945-1954) ». Camerone, le 30 avril sera également l’occasion de rendre hommage aux survivants. Enfin, au mois d’août sera célébrée la libération de la France à laquelle la Légion a contribué.

dimanche 14 janvier 2024

L'ancien nageur de combat devenu roi

@capture d'écran

Store øjeblikke, c’est-à-dire « Des moments forts » titrait cet après-midi la chaîne de télévision danoise TV2. Moments forts après l’arrivée sur le trône du Danemark de Frederik X. Fils de Margrethe II qui aura régné durant cinquante-deux ans et du comte Henri de Monpezat (devenu prince), décédé en 2018. Le nouveau souverain danois, 55 ans, a effectué sa formation militaire dans les trois armes et a été, en particulier, nageur de combat au sein du Froemandskorpset. Il est aujourd’hui vice-amiral.

mercredi 10 janvier 2024

Disparition de l'un des derniers combattants français de Bir Hakeim

 

@DR

Sur cette photo Paul Alexis Vigand, qui vient de mourir à l’âge de 102 ans, a un faux air de Serge Ravanel, Compagnon de la Libération qui, à la tête de ses FFI, libéra Toulouse. Lui fit la guerre dans la Résistance extérieure. Au sein de l’artillerie de la France libre (1er RA). 
Le jeune homme n’a pas 19 ans lorsqu’il quitte la France en bateau pour rejoindre l’Angleterre. C’était le 20 juin 1940. Ce futur sous-officier fait donc partie des premiers à rejoindre l’armée de Gaulle en voie de constitution. Il participe ensuite à toutes les batailles de la 1ère DFL : Erythrée, Syrie, Libye, Egypte, Tunisie, Italie, France. Blessé en septembre 1941 au cours des opérations au Levant, Paul Alexis Vigand est cité à l’ordre de la Brigade à Bir-Hakeim en 1942, puis une seconde fois à l’ordre de la division le 9 juillet 1944, en Italie. « Mon père ne se vantait jamais de quoi que ce soit » raconte l’un de ses fils. « C’était un héros ordinaire… ».

mercredi 3 janvier 2024

Disparition de Michel Cherrier, vétéran de la Seconde Guerre mondiale



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Ancien combattant de la France libre, Michel Cherrier, qui aurait fêté le 23 février son 103e anniversaire, est mort hier à Luc-sur-mer (Calvados). Son parcours ressemble à celui de centaines d’autres hommes qui ont choisi de rejoindre la France libre.
Ce normand est ouvrier boulanger en 1942 à Caen. Il a 21 ans. Il est décidé à rejoindre la France libre. Un an auparavant, il avait déjà essayé, sans succès. En train, il arrive dans les Pyrénées qu’il franchit, seul et sans équipement particulier. La neige est abondante. Il a avec lui une hache afin de donner l’illusion qu’il est bûcheron. Le 17 décembre, il est arrêté par la police franquiste. S’ensuit un parcours habituel : prison de Lérida puis camp de Miranda. Placé à la fin du printemps 43 en résidence surveillée, il réussit à s’enfuir, à rejoindre le Maroc et à s’engager au sein de la marine. 
Michel Cherrier, une fois la paix revenue travaillera ensuite comme boulanger à Luc-sur-Mer (Calvados).