lundi 27 mai 2013

Communiquer pour résister

Tel est le sujet sur lequel élèves des collèges et lycées de France, participant au concours national de la Résistance, se sont investis cette année. A Corte, deux d'entre eux David Uygun et Paul-Marien Peraldi ont travaillé avec leur professeur, Louis Luciani, sur une mission de renseignement totalement méconnue Frédérick. Celle-ci reflète ce que fut cette période pour une poignée de jeunes gens qui s'engagèrent rapidement dès l'après-défaite de 1940 :  le don de soi, la clandestinité, le courage...
Cette mission qui se déroula du 7 février au 11 avril 1943 et que détaille dans sa dernière livraison le quotidien Corse-Matin, fut organisée par les Britanniques afin d'étudier la stratégie italienne le long de l'axe Ajaccio-Bonifacio. Trois agents, explique le professeur d'histoire à l'origine de cette recherche, Guy Vernuge (Verstraete) chef de mission radio, Antoine Colonna d'Istria et Charles Andrei vont la mener  "jusqu'à ce que les services secrets italiens y mettent un terme début avril 1943". Les agents seront fusillés en juillet à Bastia.
Seule source archivistique consultable : un double du dossier saisi par les Italiens. Pour comprendre "l'intégralité" des transcriptions radio, les chercheurs ont sollicité deux spécialistes des communications du 2ème REP (Légion étrangère, Calvi).

samedi 25 mai 2013

Daniel Cordier

Crédit : France Télévisions
C'était samedi dernier. Au téléphone, Daniel Cordier, 92 ans, raconte son emploi du temps. Vous vous rendez compte, je n'arrête pas ! Je réponds aux journalistes, je n'ai pas une minute à moi. Parce que de son vivant, un téléfilm en deux parties, Alias Caracalla, lui est consacré (ce soir et demain, France 3, 20h45). Alias Caracalla ? L'écrivain et journaliste, Roger Vailland écrivit à partir de 1942, Drôle de jeu, prix Interallié 1945, qui raconte le quotidien d'un réseau de résistants. Vailland expliquera à Daniel Cordier : J'ai choisi pour votre personnage le pseudonyme de "Caracalla". Cordier utilisera ce pseudo comme titre d'un monumental ouvrage sur son engagement dans la Résistance et sa rencontre puis son travail au quotidien avec Jean Moulin (Alias Caracalla, Gallimard, 2009).
Dans la clandestinité, Daniel Cordier, utilisera effectivement nombre de pseudonymes. Il sera BIP W, BX 10, Alain (à Lyon), Michel (à Paris), Benjamin, Talleyrand, Toussaint. Le jeune homme fut donc dix mois durant, le secrétaire de Jean Moulin. Yves Farge (journaliste, qui contribua à la création du mouvement Franc-Tireur et qui sera dirigeant de 
l'Armée secrète) dit de lui : Il ne notait rien, il savait tout. Son destin est celui de ces jeunes gens auquel la fin de l'adolescence a été amputée par la guerre. Des jeunes gens venus d'origine et de courants de pensée très différents.

L'heure des choix
Daniel Bouyjou-Cordier est né le 10 août 1920 à Bordeaux (Gironde) dans une famille de négociants et effectue ses études dans plusieurs collèges catholiques ; militant de l'Action française, il fonde à 17 ans le Cercle Charles Maurras. Il n'a pas encore 20 ans et attend son incorporation prévue le 10 juillet, lorsque, près de Pau où habite sa famille, il entend l'annonce de demande d'armistice faite à la radio par le maréchal Pétain le 17 juin 1940. Il décide immédiatement de continuer la lutte et rassemble seize volontaires avec lesquels il embarque le 21 juin depuis Bayonne sur un navire belge, le Leopold II, pour l'Afrique du Nord. Dérouté vers l'Angleterre, il atteint Falsmouth le 25 juin.   
Daniel Cordier s'engage avec ses camarades dans la "Légion de Gaulle", le 28 juin 1940. En transit pendant quelques jours à l'Hôtel Olympia, il y est affecté au bataillon de chasseurs alors en formation. Il arrive début juillet à Delville Camp, où il suit un entraînement jusqu'à la fin du mois. Le bataillon est ensuite installé à Camberley puis au camp d'Old Dean où Daniel Cordier poursuit sa formation militaire. Promu aspirant en août 1941, alors que le départ prévu pour le théâtre d'opérations africain ne se concrétise pas, il obtient d'être affecté, à l'été 1941, au service "Action" du Bureau central de Renseignements et d'Action (BCRA), les services secrets de la France libre à Londres. Pendant un an, il suit un entraînement spécial dans les écoles de l'Intelligence Service sur le sabotage, la radio, les atterrissages et parachutages.

Jean Moulin
Daniel Cordier, sous le nom de code de Bip W, est parachuté en France près de Montluçon le 26 juillet 1942, comme radio et secrétaire de Georges Bidault, chef du Bureau d'Information et de Presse (BIP), agence de presse clandestine.
A Lyon, le 1er août, il rencontre pour la première fois Rex, alias Jean Moulin, représentant du général de Gaulle et délégué du Comité national français, qui l'engage pour organiser son secrétariat à Lyon. Il met sur pied un état-major clandestin, sans moyen ni personnel - surtout au début - avant d'être assisté par Laure Diebold, puis par Hugues Limonti notamment.
En mars 1943, Daniel Cordier organise et dirige à Paris, selon les directives de Jean Moulin, son secrétariat de zone nord. Après l'arrestation de ce dernier le 21 juin 1943 à Caluire, il poursuit sa mission en zone nord comme secrétaire de la Délégation générale en France auprès de Claude Bouchinet-Serreulles, successeur par intérim de Jean Moulin.
A son poste jusqu'au 21 mars 1944, pourchassé par la Gestapo, il s'évade par les Pyrénées. Interné en Espagne, à Pampelune puis à Miranda, il est de retour en Angleterre fin mai 1944 et est nommé chef de la section des parachutages d'agents du BCRA. Intégré à la Direction générale des Etudes et Recherches (DGER) en octobre, il dépouille, avec Vitia Hessel, les archives du BCRA pour permettre la rédaction, dont se charge Stéphane Hessel, du Livre blanc du BCRA. Chef de cabinet du colonel Passy, directeur de la DGER (qui deviendra rapidement le SDECE), il démissionne après le départ du général de Gaulle en janvier 1946.

Travail de mémoire
Après la guerre, Daniel Cordier désire consacrer sa vie à la peinture et commence une collection d'art contemporain. En 1956, il ouvre une galerie d'art à Paris et à New York jusqu'en 1964. En 1979, il est nommé membre de la commission d'achat du Centre Georges Pompidou auquel, en 1989, il fait don de sa collection dont une partie se trouve au Musée d'Art Moderne de Toulouse, Depuis le début des années 80, Daniel Cordier est devenu historien afin de défendre la mémoire de Jean Moulin (il publiera à partir de 1983 une biographie en plusieurs tomes) .
Compagnon de la Libération, Daniel Cordier déjeunera lundi en compagnie de six autres résistants avec le président de la République à l’occasion du 70ème anniversaire de la première réunion du Conseil national de la Résistance. Samedi dernier, en guise de conclusion, il avait précisé : Et j'ai un nouveau livre en cours d'écriture...


lundi 20 mai 2013

La raison d'Etat algérienne

Le président Bouteflika vient de signer un décret instituant le 22 octobre, journée nationale de la presse. L'information recèle une dose de malice lorsqu'on sait qu'hier deux quotidiens algériens ont été suspendus pour avoir publiés un dossier alarmiste sur la santé du chef de l'Etat. Le 27 avril, Abdelaziz Bouteflika a été transporté au Val-de-Grâce à Paris pour un "mini AVC". Depuis, silence total. Les deux titres d'Hicham Aboud, Mon journal et Djaridati affirmaient que celle-ci s'était dégradée et que "Bouteflika serait rentré au pays mercredi vers 3h du matin et serait dans un état comateux". Un crime de lèse-président pour le parquet général algérien qui vient donc d'engager des poursuites pour "atteinte à la sécurité d'Etat, à l'unité nationale et à la stabilité et au bon fonctionnement des institutions". Diable !
Ce soir, le site du quotidien L'Expression cite le Premier ministre qui dédramatise, affirmant que "l'état de santé du président s'améliore de jour en jour". Ce même journal samedi, s'en prenait aux journalistes français et en particulier à ceux du Point qui, quelques heures auparavant, évoquaient déjà une dégradation de la santé du président algérien. Mais pour le "confrère" algérois, "ce torchon (Le Point) illustre on ne peut mieux l'état de décomposition avancé du journalisme en France". Nous prenons donc bonne note de la leçon de déontologie. Mais une seule question compte aujourd'hui : quel est vraiment la situation médicale de M. Bouteflika ?

samedi 18 mai 2013

Légion étrangère. Décès du général Langlois, Compagnon de la Libération

Crédit : Ordre de la Libération

A sa sortie de Saint-Cyr, il avait choisi la Légion (1er Régiment étranger). Il s'appelle alors Pierre Langlois, né en 1917 en Espagne et participe à l'expédition de Norvège avec la 13ème demi-brigade de la Légion étrangère. Le corps expéditionnaire évacué en Angleterre le 19 juin 1940, chacun s'y détermine. Lui choisit la France libre, comme la moitié des effectifs. La 13 devient alors, pour quelques mois, la 14ème DBLE. Et Langlois choisit un pseudonyme, Lamoureux.
Langlois-Lamoureux participe à la prise de Libreville en novembre, avant de combattre les Italiens avec la brigade française d'Orient en Erythrée où il est blessé de deux balles qui ne l'empêchent pourtant pas de continuer à se battre. Fin mai 1941, le général de Gaulle lui remet la croix de la Libération à Qastina (Palestine). En juin, le lieutenant Langlois est à nouveau blessé en Syrie. Les combats se succèdent : El Alamein, Takrouna, Radicofani. Le capitaine Langlois débarque en août 1944 en Provence avec la 1ère DFL et participe aux combats de la libération : vallée du Rhône, Vosges, Alsace, Authion. Il enchaîne ensuite un parcours militaire classique. L'Indochine avec la 13, l'Algérie. Chef de corps du 3ème REI (1960-1962), il sert ensuite en Allemagne où il est promu général de brigade. Gouverneur militaire de Metz (1973-75), conseiller du ministre de la défense, le général de corps d'armée Langlois passe en deuxième section en 1977. Il vient de décéder à l'âge de 96 ans, dans l'Orne.Ses obsèques devraient se dérouler en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, le mercredi 29 mai à 14h30. Les honneurs lui seront rendus par une section du Groupement de recrutement de la Légion étrangère (GRLE). 21 Compagnons de la Libération sont encore en vie.

vendredi 17 mai 2013

Fred Moore

Le lieutenant Fred Moore en juillet 1944 (ordre de la Libération)

C'était le 24 avril dernier. A l'issue de l'hommage national rendu aux Invalides à François Jacob, Fred Moore, délégué national du Conseil national des communes "Compagnons de la Libération", raccompagne le président de la République. François Hollande pose sa main sur son épaule, le complimente pour le discours qu'il vient de prononcer et lui donne rendez-vous le 14 juin. Même lieu. C'est là en effet, qu'il remettra au colonel Moore les insignes de grand' croix de la Légion d'honneur, lors d'une prise d'armes à laquelle participera "son" régiment, le 1er Spahis.
En 2006, pour un ouvrage que j'avais consacré aux Compagnons de la Libération (1), Fred Moore s'était raconté.

En juin 1940, je venais d'avoir vingt ans ; j'avais sollicité, un mois plus tôt, un engagement dans l'armée de l'air et attendais, en, Bretagne, chez mes grands-parents que mon affectation me soit notifiée. Mes parents et mon jeune frère René m'y avaient rejoints, ayant évacué Amiens où nous résidions.
Lundi 17 juin, à Brest. Toute la matinée, nous assistons, consternés, au passage de longues files de véhicules chargés de troupes et de matériels divers du BEF (Corps expéditionnaire britannique) qui s'apprêtent à embarquer après avoir détruit les dépôts et le matériel qui ne peut être transporté faute de temps et de place. L'après-midi, les hauts- parleurs installés, place du Champ de Bataille (nom prédestiné), par le journal "l'Ouest-Eclair" diffusent la triste déclaration de Pétain qui demande l'armistice. Mon frère et moi nous regardons tristement mais nous découvrons, dans les yeux de l'autre, le même espoir : continuer. Dès le soir, nous annonçons à nos parents que nous avons décidé de rejoindre l'Angleterre pour nous engager. Lui dans la Royal Navy, moi dans la Royal Air Force. Pas l'ombre d'une hésitation ni chez notre père, ni chez notre mère.
Toute la journée du 18 juin est consacrée à la recherche, auprès des pêcheurs, d'un bateau à vendre capable d'assumer la traversée. Va pour un langoustier que l'on accepte de nous céder.
Mercredi 19 ou jeudi 20, nous quittons à la voile le Corréjou-Plouguerneau (27kms au nord de Brest où nous avions l'habitude de passer nos vacances d'été) en entonnant la Marseillaise, sans nous douter des surprises qui nous attendent. En effet, notre père, né anglais, était officier dans la marine britannique durant la Première Guerre mondiale.
Mon frère et moi, qui sommes nés en France sujets anglais, sommes devenus français en 1927, par naturalisation de notre père.
En arrivant à Plymouth, après avoir été recueillis en mer par un chalutier de Dunkerque, le Jean Ribault, nous sommes bloqués en rade durant deux jours ; s'y trouvent déjà de nombreux bâtiments français dont le sous-marin Surcouf. Enfin, à quai, et bien que consignés à bord, je débarque et vais montrer mes papiers à un officier de sécurité : parchemin des états de service de mon père et lettres pour les autorités côtières (...)
Mon frère s'est engagé dans les forces navales (FNFL), tandis que je signais comme élève pilote (FAFL) où ma présence se résumera à une affectation provisoire au bureau de l'air à l'Olympia. Fin août, à la suite d'un malentendu, le commandant Etchegoyen m'expédie à Aldershot où j'ai la surprise de tomber sur René, affecté à la 1ère compagnie du train qui manque de conducteurs. C'est là que commence mon périple au sein des Forces françaises libres et, quelques jours plus tard, c'est l'embarquement à Liverpool sur le Westernland pour une destination inconnue de nous et qui se révélera être Dakar. Nous savons que le général de Gaulle est à bord et nous l'apercevons chaque jour sur la passerelle tandis que nous nous initions au maniement d'arme sur le pont. Il viendra même nous inspecter, nous interrogeant tour à tour sur nos familles et les circonstances de notre départ de France.
(...) Devenu aspirant et affecté au Levant, j'appris, au Caire, à la mission française libre, que René avait été grièvement blessé en Syrie et se trouvait dans un hôpital anglais à Qastina, en Palestine où il aurait subi l'amputation du pied gauche. Sur place une infirmière me rassura, m'indiquant que lorsqu'il quitta l'hôpital, il avait toujours ses deux pieds. Les chirurgiens anglais voulaient l'amputer mais un médecin polonais s'y étant opposé l'opération n'avait donc pas eu lieu. On le signale alors à Beyrouth, je le retrouve, à Jérusalem, au carmel du Pater, dont la mère supérieure était une grand-tante. La dernière fois où je l'ai vu en opérations, c'était en Tunisie le 5 mars 1943. Sa jeep avait failli me faire repérer par les Allemands que j'observais à couvert.
C'est là que je suis devenu pour mes hommes le lieutenant "baraka". La lendemain, je suis en effet, sorti sans blessure de trois automitrailleuses successivement touchées par les Allemands. Les combats ayant cessé après le 9 mai 1943, je fus affecté au commandement de la garde d'honneur du général de Gaulle durant un peu plus deux mois, dans un Alger très compliqué. J'annonçais à l'état-major que je voulais rejoindre Leclerc au Maroc qui formait le 2ème DB, retrouvant mon peloton surnommé par notre capitaine, le "peloton des intellectuels" (...) 
Le 26 août 1944, sur la place de l'hôtel de ville de Paris, j'ai l'honneur d'être désigné comme porte-étendard de mon régiment qui rend les honneurs au chef de la France Libre et je peux assurer que l'émotion qui m'étreint à ce moment là est empreinte d'une admiration, à la fois respectueuse, affectueuse et reconnaissante qui demeurera intacte toute ma vie.
Je n'oublie pas que nous Compagnons de la Libération l'avons été grâce aux autres. Les générations qui se sont succédées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ont été souvent privées de transmission de la mémoire. Parce que dans beaucoup de familles on n'était pas très fier de ce que l'on avait fait ou pas fait. Ils n'ont pas été éduqués et élevés avec cette mémoire. Aujourd'hui, les jeunes veulent savoir. Alors c'est notre devoir, à nous, derniers Compagnons de transmettre.

En mars 2004, Fred Moore est nommé membre du Conseil de l'Ordre de la Libération, puis en octobre 2011, chancelier, succédant au professeur François Jacob.
Le 16 novembre 2012, il est nommé par décret délégué national du Conseil national des communes "Compagnon de la Libération".
 
(1) Les Compagnons de la Libération, Privat, 2006.

 

lundi 13 mai 2013

3ème RPIMA, 2 ans de prison avec sursis pour le sergent auteur des tirs

Le sergent Vizioz, qui avait blessé 16 personnes à l'occasion d'une démonstration du 3ème régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMA) de Carcassonne (Aude), le 29 juin 2008, a été condamné aujourd'hui à deux ans de prison avec sursis. Lors de l'audience du 11 avril à Montpellier, le ministère public avait requis une peine de deux ans, dont dix huit mois avec sursis. Clémence du tribunal, également, pour les autres prévenus. L'ex-lieutenant Christophe Allard et l'ex-capitaine Hugues Bonningues ont été condamnés à six mois avec sursis. L'ex-colonel Frédéric Merveilleux du Vignaux, l'ex-lieutenant-colonel Lionel Peyre et le lieutenant-colonel Jean-Baptiste Pothier ont quant à eux été relaxés.
Ce 29 juin 2008, le sergent Vizioz croit bien tirer à blanc. Ce sous-officier participait à une démonstration lors d’une journée portes ouvertes du régiment. Beaucoup de civils y assistent. Expérimenté, ce trentenaire est chargé de couvrir la fuite d’un otage et tirer sur des terroristes. Il vide le chargeur de son Famas. Des cartouches à blanc…mais aussi des munitions de guerre. On échappe au pire. Seize spectateurs sont blessés dont un enfant de deux ans touché à la tête, au cœur, au poumon.
Le sergent Vizioz a été révoqué, sans droit à la retraite. Le premier jour d'audience, il avait admis sa faute.

dimanche 12 mai 2013

Renseignement. Départ d'Ange Mancini

Ange Mancini, coordonnateur national du renseignement quittera ses fonctions, le 12 juin prochain, selon un décret publié ce matin au Journal officiel. Le préfet Mancini avait bénéficié en 2009 d’une dérogation afin de poursuivre sa mission à la tête de la préfecture de la Martinique. Il avait, deux ans plus tard, succédé à Bernard Bajolet à la tête du CNR. M. Mancini est âgé de 68 ans.
Le JO de ce 12 mai publie, également, l’arrêté de nomination d’Amaury de Hauteclocque  qui devient sous-directeur des affaires internationales, transfrontalières et de la sûreté à la police aux frontières (DCPAF). Celui-ci, qui a dirigé le RAID pendant plus de cinq ans devrait prendre ses fonctions demain.

Le mystère Bouteflika

En Algérie et dans les chancelleries, "le mini AVC" du président Abdelaziz Bouteflika suscite beaucoup d'interrogations. D'autant que la communication du pouvoir algérien repose sur une technique parfaitement maitrisée : le silence. Duquel émerge, à dose homéopathique, une voix officielle qui se veut rassurante. Ainsi, hier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a-t-il annoncé frugalement : "Rassurez vous, le président de la République se porte bien et suit quotidiennement les dossiers et questions d'intérêt national". En Algérie, les visages des politiques changent mais la "chape de plomb" reste. La presse locale essaie donc de décrypter la situation politique posée par cet accident vasculaire cérébral du chef de l'Etat, soigné à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris depuis quinze jours. De décrire la coulisse à un an de l'élection présidentielle. Mais mieux qu'un long papier, voici cette caricature parue hier dans le quotidien francophone Liberté, qui résumera aux yeux de beaucoup, la situation qui prévaut aujourd'hui à Alger. Elle est signée Dilem, dessinateur, qui comme Plantu à la une du Monde, traduit en quelques traits sa vision de l'information. Précisons que le regard de Dilem est souvent considéré par le pouvoir comme de l'impudence. Et qui sait le lui faire savoir.
 
Crédit : Liberté, 11 mai 2013
 

samedi 11 mai 2013

Robert Markus

Pourquoi un slovène s'engage-t-il à la Légion étrangère ? Comment se passe la sélection ? Les premiers jours, les premières semaines alors que le néo-légionnaire ne parle pas un mot de français ? L'intégration, la cohésion ? Comment gérer les "petites misères" que vous font subir les gradés ? Comment se faire respecter ? Comment gérer le spleen ? Comment, lors d'une permission, retourner dans son pays afin d'y voir sa famille alors que l'on a interdiction de quitter le territoire français et que le passeport est "consigné" ? C'est à ces questions à priori ordinaires mais en réalité déterminantes dans la vie du légionnaire, que répond Robert Markus dans un ouvrage qu'il a auto-édité. Ses réponses constituent donc un témoignage profitable. Ce regard de l'intérieur sur une institution où Robert Markus a passé quinze ans (1993-2008), "a reçu un très bon accueil" explique -t-il, en Slovénie et en particulier du côté de Maribor (sa ville d'origine).


Combattants sans passé, Robert Markus (http://www.combattants.org/)

vendredi 10 mai 2013

Angela Merkel en Afghanistan

Pour marquer leur soutien aux troupes, la chancelière et son ministre de la défense, Thomas de Maizière sont arrivés, ce matin, au quartier général de l'armée allemande à Mazar-i-Sharif. Une visite entamée six jours après la mort d'un militaire de ce contingent, membre de la force internationale de l'Otan en Afghanistan (Isaf). Celui-ci appartenait aux forces spéciales. Ils se sont ensuite rendus à Kunduz. La presse allemande rappelle qu' Angela Merkel a confirmé la volonté de Berlin de conserver 600 à 800 soldats sur place au terme de la mission de l'Otan fin 2014. Ceux-ci poursuivraient la formation de l'armée afghane jusqu'en 2017. Au cours d'une intervention A. Merkel a regretté "la reconstruction partiellement laborieuse" du pays.            

jeudi 9 mai 2013

Combats en Algérie


Quatre terroristes présumés abattus, deux militaires tués et un autre blessé, tel est le premier bilan d’une opération menée par l’armée nationale populaire (ANP) à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Tizi Ouzou en Kabylie, annonce ce matin le quotidien algérois Liberté. « L’opération de ratissage » est menée depuis près de trois semaines dans une région connue pour être l'un des plus importants fiefs des islamistes armés en Kabylie. Le 23 avril dernier, Bouayache Aamour, "émir" de la seriat de Timezrit, "a été abattu lors d’une embuscade tendue par les militaires" raconte une source. Il y a cinq jours, un autre violent accrochage a eu lieu dans cette localité.

mercredi 8 mai 2013

La Légion d'honneur pour les deux policiers de la BAC

Boris Voelckel et Cyril Genest, les deux policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) parisienne, tués le 21 février dernier sur le boulevard périphérique, ont été nommés au grade de chevalier de la Légion d’honneur. Les décrets sont publiés ce matin, au Journal officiel. Leur véhicule, dans lequel avait pris place un troisième policier Frédéric Krémer (grièvement blessé), avait été percuté par l’arrière par un Range Rover piloté par un jeune conducteur sans permis et en état d’ébriété, à la suite d’une course-poursuite.

mardi 7 mai 2013

La Cour des comptes et la Garde républicaine

C'est administrativement formulé. Mais la tonalité est de recommander des réductions. La Cour des comptes souhaite en effet que soit réalisée "une revue générale" des services d'honneur ainsi que de la protection des Palais nationaux, à savoir l'Elysée, l'hôtel Matignon, Le palais Bourbon, le palais du Luxembourg assurés par la Garde républicaine. Ce qui représente 69% de son activité. Les magistrats de la rue Cambon, dans ce référé rendu aujourd'hui estiment également utile une "rationalisation" des musiques dans la gendarmerie. Un référé est un rapport adressé par le Premier président de la Cour des comptes à un ministre pour lui faire part des observations formulées à l'issue d'un contrôle.

La Garde républicaine dont le coût annuel est estimé par la Cour à 280 millions d'euros est constituée de deux régiments d’infanterie, un régiment de cavalerie, "détenteur d'un savoir-faire et d'une tradition équestre désormais unique en France", un orchestre et le chœur de l’Armée française, soit 2 859 hommes et femmes, militaires et civils. La Cour des comptes estime qu’une "réduction" des moyens "serait possible" car les "missions de la Garde répondent davantage à des objectifs de prestige qu’à des besoins de sécurité, les gardes républicains statiques ne seraient pas en mesure à eux seuls de faire face à des tentatives d’intrusion organisées".

Par ailleurs, les magistrats notent que les prestations de prestige réalisées pour des tiers par la Garde républicaine (prestations du chœur et de l'orchestre, quadrille des baïonnettes, grenadiers de l'empereur, carrousels des lances...) "ne sont pas facturées de manière adéquate". Manuel Valls répond que "des travaux sont en cours" pour adapter les tarifs de ces prestations. Dans sa réponse, le ministre de l'intérieur se dit "favorable" à une étude sur "l'adaptation des moyens de protection des palais nationaux" précisant que ces que ceux-ci sont des "lieux particulièrement sensibles au regard de menaces multiples, au premier rang desquelles la menace terroriste".

Enfin la Cour ces comptes considère logique la fusion de deux formations musicales de la gendarmerie (musique de la gendarmerie mobile et du 1er régiment d’infanterie). Dans sa réponse, le ministre de l’Intérieur précise que ces deux formations ont fait par le passé "l'objet de rationalisation" mais qu’il "envisage de regrouper"  les deux unités musicales de la police nationale (CRS et Préfecture de police de Paris) et que les deux unités musicales de la gendarmerie pourraient être fusionnées.


lundi 6 mai 2013

In memoriam

Le caporal-chef Stéphane Duval, 32 ans, du 1er Régiment de parachutistes d'infanterie de marine (1er RPIMA, Bayonne), tué lundi au Mali a été honoré en début d'après-midi aux Invalides à Paris. Quelques minutes plus tôt, il avait reçu un premier hommage sur le pont Alexandre III où cent cinquante personnes environ s'étaient rassemblées. Parmi lesquelles une délégation de militaires polonais.

(Droits réservés)

(Droits réservés)

dimanche 5 mai 2013

Il y a 25 ans, Ouvéa

« Un jour, la mère du gendarme Daniel Leroy ma dit : Les larmes d’une mère kanak, sont les mêmes que les miennes. Il faudra toujours se souvenir de cet épisode » expliquait il y a quelques jours François Lambolley, président du Comité du 22 avril (1).
En Nouvelle-Calédonie, le 22 avril 1988, à deux jours du premier tour de l’élection présidentielle, un commando du FLNKS (Front de libération national kanak socialiste) attaquait la gendarmerie de Faya-Oué (ïle d’Ouvéa) tuant quatre gendarmes -deux n’étaient pas armés (dont Daniel Leroy)- en prenant 27 autres en otages. Ceux-ci sont alors divisés en deux groupes. Les otages du premier sont relâchés trois jours plus tard. Il faudra un assaut pour libérer les gendarmes-otages du second qui ont été regroupés dans une grotte. 

François Lambolley : « Les politiques n’auraient jamais dû envoyer l’armée. Il aurait fallu laisser faire les gendarmes ». En effet, l’opération Victor est menée par des hommes du 11ème choc (aujourd’hui service action de la DGSE), les commandos Hubert (Marine) et le GIGN. Deux militaires du 11ème choc sont tués. Côté indépendantistes, on compte 19 morts. Aussitôt après l’assaut, le ministre des territoires et départements d’outre-mer, Bernard Pons (RPR) tient une conférence de presse au haut-commissariat et annonce 15 tués chez les preneurs d’otages. Dans un livre écrit en 1989, Opération Victor (http://www.editionsuniverselles.fr/divers/operation-victor) je raconte ainsi, me trouvant à Ouvéa : «  Le dimanche 8 mai (jour du deuxième tour de la présidentielle), les cercueils des 19 sont rassemblés à la tribu de Wadrillah, dans la pièce centrale de la mairie. (…) Lors des obsèques, dans la foule, circulent les premières informations d’exécutions sommaires ».
Le 26 juin suivant, sous l’égide du Premier ministre Michel Rocard, « loyalistes » et indépendantistes signent à Paris les accords de Matignon qui mettront un terme à des années douloureuses.Texte qui prévoit, également, une amnistie générale.
Le 22 avril dernier, à l’occasion du 25ème anniversaire, des cérémonies se sont déroulées à Ouvéa. « Avec des interventions émouvantes et mesurées. Chacun associant les 4 gendarmes et les 19 Mélanésiens » raconte un témoin qui était présent à Ouvea en 1988. »Toutes ces interventions ont porté sur le pardon et la réconciliation ». Démarche de réconciliation engagée en 2008.Le haut-commissaire, Jean-Jacques Brot qui était présent a annoncé qu’il reviendrait, aujourd’hui (5 mai), pour les cérémonies coutumières.


Plaque à la mémoire des 4 gendarmes et des 2 hommes du 11ème choc
dévoilée à la gendarmerie de Faya-Oué (DR)
Wadrillah, mémorial des 19 indépendantistes (DR).
Comment nommer Ouvéa et plus généralement le période 1981-1989 ? Jusqu’ici, pudiquement, on parlait « d'événements ». L’Atlas de la Nouvelle-Calédonie réalisé par l’Institut de recherche pour le développement (IRD, 2013) ne tranche pas entre événements ou guerre. « C’est un sujet qui reste très sensible… » confirme Jean-Christophe Gay, coordinateur de l’ouvrage.

(1) Créée en mémoire des gendarmes d’Ouvéa, l'association défend aujourd'hui les droits des gendarmes et militaires morts en service et de leurs familles.

samedi 4 mai 2013

Les tatouages légionnaires

Pendant plus de vingt ans, Victor Ferreira à porté le képi blanc. Après avoir quitté l'institution, fin 2007 l'adjudant-chef (e.r.) s'est livré durant trois années à une recherche sur les tatouages légionnaires. Il a ainsi pu photographier des dizaines d'hommes, "des durs, des tatoués", pour reprendre un expression en vogue, naguère.
Le tatouage est un langage de légionnaire ; écriture et parole. Discret, envahissant, impressionnant, fleur bleue, classique, inédit, le tatouage manifeste souvent un sentiment d’appartenance. Les motifs sont divers : grenade, képi blanc, béret vert, le Christ sur la croix, la Vierge, un visage féminin, des initiales, le combat de Camerone, des squelettes, des armes, le matricule, des oiseaux, des papillons…Il peut marquer également  la fidélité à un régiment et figurer sur toutes les parties du corps, y compris la langue et les lèvres.Il est également message. 
Quarante photos de Victor Ferreira sont exposées jusqu'au 1er septembre au musée de la Légion, à Aubagne. En voici trois.




vendredi 3 mai 2013

Décès de Georges Masurel, l'un des derniers mécaniciens du Normandie-Niemen

Pierre Lorillon, décédé le 17 février dernier et Georges Masurel
(crédit : francaislibres.net)
L'un des derniers mécaniciens survivants du Neu-Neu, Georges Masurel est mort, hier, à l'âge de 91 ans. Né le 24 août 1921 à Ain-Abraham en Tunisie, il rejoint à l'âge de 20 ans (août 1941) les Forces aériennes françaises libres (FFAL) à Damas. Il participe alors comme mitrailleur à plusieurs opérations en Libye dans les groupes bombardiers Lorraine puis Alsace, avant de rejoindre le régiment de chasse Normandie, le 1er septembre 1942. G. Masurel arrive en Russie (Ivanovo) deux mois plus tard. Nommé sergent-chef en mars 43, il participe à sa première campagne de groupe comme mécanicien.
Muté au Moyen-Orient, il obtient son brevet de pilote. Affecté au groupe "Picardie" le 3 août 1944, puis au groupe de chasse  "Ardennes" il participe à la campagne de France jusqu'à la fin de la guerre. Démobilisé, Georges Masurel devient pilote professionnel en 1946 puis instructeur.
En 1965, il fonde la compagnie aérienne EAS qu'il dirige jusqu'en décembre 1991. Il prend  sa retraite de l'aviation civile en 1992, après 8232 heures de vol dont 980 militaires. Officier de la Légion d'Honneur, Georges Masurel avait reçu six décorations soviétiques. Normandie-Niemen comptera 21 Compagnons de la Libération.