vendredi 30 août 2013

Lettre de Calédonie

L’établissement nouméen porte bien son nom : Le bout du monde. Plusieurs soirs par semaine des groupes s’y produisent. C’est le cas ce vendredi soir (1). Dans ce doux hiver finissant, la Nouvelle-Calédonie est entrée en week-end. Pour les Calédoniens d’origine européenne ce sera peut être demain, ballade en mer pour les uns ou en brousse pour les autres. Certains Canaques rentreront, eux, dans leurs tribus.
En fin d’après-midi, le président du gouvernement local (anti-indépendantiste) a menacé de démissionner. Le président du Congrès (indépendantiste) pense lui a une OPEP du nickel. La France, comme on appelle communément, dans les tous les milieux, la métropole est à 20.000kms. Une intervention en Syrie ? Une préoccupation d’Européens ! Ici on est en Océanie. Demain, le quotidien du territoire, les Nouvelles Calédoniennes, parlera certainement des membres des forces spéciales australiennes suspectés d’avoir sectionné les mains d’insurgés en Afghanistan. Et puis surtout les medias s’intéressent aux mini- jeux du Pacifique qui vont débuter à Wallis. La Syrie ? « C’est pas l’Orient compliqué dont parlait de Gaulle ? », s’interrogeait tout à l’heure un caldoche venu prendre son bain quotidien, baie des Citrons que je tentais d’intéresser au sujet…


(1) Le décalage horaire est actuellement de + 9h

mardi 27 août 2013

Denoix de Saint Marc

Place des Cocotiers à Nouméa. Paul lit un journal. Il regarde distraitement le maire qui répond à une interview près du kiosque à musique. Ce septuagénaire, venant d'Algérie, est établi en Nouvelle-Calédonie depuis 1962. Il a appris, hier, la mort d’Hélie Denoix de Saint Marc. « J’ai téléphoné ce matin en France (hier soir en métropole avec le décalage horaire) à mon frère dans le Var. M. de Saint-Marc était un homme courageux, qui a su défendre une certaine idée de la France et qui a su assumer ! ».
Né à Bordeaux  en 1922, Hélie Denoix de Saint Marc s’est engagé à 19 ans dans la Résistance (réseau Jade-Amicol). Arrêté en juillet 1943 à Perpignan, il est envoyé à Buchenwald. Il fait partie d’un convoi d'un millier de déportés. Une trentaine survécurent. C'est ensuite le camp de Langenstein. A la Libération, il entre à Saint-Cyr puis s'engage dans la Légion étrangère et part en 1948 en Indochine. Suit l’Algérie, où il est commandant par intérim du 1er REP (régiment étranger de parachutistes). Il participe au putsch d'avril 1961, ce qui lui vaut une condamnation à dix ans de détention perdant ainsi sa Légion d’honneur reçue à 30 ans. Il est libéré après cinq ans et réhabilité en 1978. En novembre 2011, Hélie de Saint Marc est élevé au rang de grand-croix de la Légion d'honneur par le président de la République Nicolas Sarkozy
En 1995, ses mémoires, "Les champs de braises", ont obtenu le prix Femina de l'essai. Suivront une dizaine d'ouvrages, dont "Notre histoire, 1922-1945", en collaboration avec un écrivain et ancien officier allemand, August von Kageneck. Hélie Denoix de Saint Marc est mort dans la Drôme, à l’âge de 91 ans.

dimanche 25 août 2013

Légion étrangère, Etienne Antal le doyen calédonien

Photo HW
-          Hier soir, je l’ai conduit, comme tous les samedis, au casino où il a joué pendant trois heures aux machines à sous. Etienne sourit à l’anecdote racontée par sa fille.

-           Avez-vous gagné ?

Nouveau sourire.
Etienne Antal a quatre vingt seize ans. Il est le doyen des membres de l’association des anciens légionnaires de Nouvelle-Calédonie. Ils sont vingt huit.

Né en Hongrie en 1917, il raconte son engagement. Une rencontre à vingt ans, à Lyon, sur un banc avec un ancien légionnaire endetté. Qui n’a d’autre choix que de repiquer.
-           Viens lui dit celui-ci, tu verras…

Etienne a vu : Sidi-Bel Abbes, Fès, Saigon, le coup de force japonais de1945, une blessure soignée à Calcutta et un retour à Bizerte via Chandernagor et Pondichéry. Clap de fin en 1946. Retour à la vie civile après trois affectations aux 1er, 3ème et 5ème REI « où je jouais du tambour dans la musique ». Il sera ouvrier dans une usine puis maraîcher dans le Rhône. C’est là qu’il rencontrera sa femme. En 1974, direction le Pacifique Sud « pour des vacances mais je m’y suis plu et j’y suis resté ».
Avec un accent toujours prononcé, il raconte le 5, sa mission « protéger le Tonkin », les opérations en Thaïlande, le gouverneur général de l’Indochine - fidèle à Vichy- l’amiral Decoux, les Japonais et encore et toujours la Légion. A la retraite depuis quarante ans, il est choyé, en particulier, par sa fille qui réside dans la maison voisine de cette rue pentue du PK7 à Nouméa.

-           Papa aime la vie. Il a toujours un objectif devant lui.
Celui-ci, qui regarde des photos de sa jeunesse légionnaire écoute puis au premier silence, revient à la Légion :

-           Il y a une compagnie du 2ème REI actuellement en Nouvelle-Calédonie. Vous le saviez ?

vendredi 23 août 2013

Légion d'honneur

Par décret du 20 août, quatre militaires tombés au Mali ont été faits chevalier de la Légion d’honneur. Il s’agit du caporal-chef Cédric Charenton (1er RCP) tué le 2 mars, du maréchal  des logis Wilfried Pingaud (68ème régiment d’artillerie d'Afrique) mort le 6 mars, du caporal-chef Alexandre van Dooren (1er RIMa) tué le 16 mars et du sergent Stéphane Duval (1er RPIMA), mortellement blessé le 29 avril.

jeudi 22 août 2013

C. Bigot, nouveau directeur de la stratégie de la DGSE

Il est comme Bernard Bajolet arabisant. Tous deux sont également énarques et ont assumé des responsabilités de chefs de poste dans des pays sensibles. Plus jeune (48 ans), Christophe Bigot, pour sa première ambassade, représentait la France en Israël depuis quatre ans. Il rejoindra, le 2 septembre, B. Bajolet à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) où il dirigera la direction de la stratégie. Un DG qui, selon différentes sources, est « très apprécié du président de la République ».

mardi 20 août 2013

Nouméa, la mémoire de l'autre camp

Le 19 août 1943, une corvette néo-zélandaise et des hydravions américains bombardaient au large de la Nouvelle-Calédonie, un sous-marin japonais qui projetait d’attaquer un convoi de marchandises. Quatre vingt dix sept marins nippons périrent. Six rescapés furent récupérés.
Une stèle comportant les noms de ces marins japonais vient d’être inaugurée à Nouméa. « Ce sujet est resté longtemps tabou pour les Calédoniens», évoque ce mardi dans le quotidien local Les Nouvelles, le responsable d’une association d’anciens combattants. Au de-là, la guerre contre cette autre composante de L’Axe que fut le Japon, reste largement ignorée en France. En Calédonie, les familles de ces anciens combattants pourraient accueillir l’an prochain, pour le 71ème anniversaire, les familles des militaires japonais morts dans leur sous-marin. Nouméa, qui n'oublie pas la présence américaine lors de la guerre du Pacifique inaugurera dans quelques jours un musée de la Seconde Guerre mondiale.

vendredi 2 août 2013

Août 14, le verrou belge

Le 4 août 1914, le roi Albert 1er s’adresse ainsi dans une lettre, au lieutenant-général Leman qui commande à Liège la troisième division de l’armée belge : «…Dans la lutte gigantesque qui s’annonce, vous êtes au premier rang. Le monde a les yeux fixés sur vous ! ».  Quarante huit heures auparavant, un premier détachement allemand est entré au Luxembourg. Les uhlans et les hussards de l’empereur Guillaume II viennent de pénétrer en Belgique. Bien que le pays soit résolu à la stricte observance de la neutralité perpétuelle imposée par le traité de Londres (1839), il s’arme dès 1913 et le service militaire est instauré. Les ordres du souverain à l’officier général sont clairs : se battre « jusqu’à la dernière extrémité ». L’heure est venue !

Contourner les défenses de l’est de la France

 Le plan Schlieffer, du nom du chef d’état-major de l’armée allemande, a choisi d’aller frapper la France au plus court, contournant notamment les défenses de Verdun, Toul, Epinal et Belfort. C’est pour cela qu’une attaque qui se veut éclair est menée par la Belgique. Le 5 août, les Allemands encerclent Liège autour de laquelle douze forts sont construits. Ceux-ci sont séparés les uns des autres de quatre à cinq kilomètres. Entre les ouvrages, l’armée constitue des redoutes pour empêcher la pénétration de l’ennemi. Insuffisant pour protéger le cœur de la ville qui sera envahi dès le lendemain. Toutefois, contrairement aux plans allemands, l’armée belge résistera jusqu’au 16 août. La défense du général Leman disposait de 33 000 hommes et de 252 pièces d’artillerie pour protéger une ligne de 50km. En face, le général von Emmerich comptait 40.000 hommes les premiers jours. Mais devant la difficulté de vaincre, ses troupes passeront à 90.000 à partir du 10 août. Selon les estimations, 2 à 3000 militaires belges seront tués ou blessés, 4000 seront prisonniers. 2000 Allemands seront  tués ou blessés.

La défense de Liège décisive

Le temps précieux perdu par les Allemands sera mis à profit par l’armée française qui lancera des opérations en Belgique. En 1919, le maréchal Joffre saluant le général Leman rentrant de captivité, lui lancera en hommage : « Sans Liège, où aurions-nous été ? ». Pour sa vaillance la ville se vit attribuer le 7 août 1914, la Légion d’honneur. Liège, ville francophone et génétiquement francophile, qui célèbre plus volontiers le 14 juillet que le 21 qui marque la fête nationale belge, nourrit un espoir raisonnable pour 2014. Recevoir le président de la République française, le 4 août, lors des cérémonies qui marqueront le centenaire du début de la Grande guerre. Afin que François Hollande confirme sa reconnaissance et son attachement à la cité ardente[1].



[1] Surnom donné à Liège.

BCH Martin-Vallet

Crédit : sirpat
C’est lundi à 9h30 que les honneurs militaires seront rendus au brigadier-chef Martin-Vallet, du 515ème régiment du train. La cérémonie, présidée par le général Ract-Madoux (CEMAT) se déroulera au camp de la Braconne (Charente). Engagé au Mali depuis le 30 mai 2013, dans le cadre de l’opération Serval 2 où il remplissait la fonction de spécialiste manutention transport, Marc Martin-Vallet a été victime le 30 juillet, d’un accident mortel à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Douentza.