Un adjudant-chef qui avait tenté de stopper Merrah devant le 17ème RGP, témoigne
Exclusif : La Dépêche du midi
Il aurait pu mourir, comme ses camarades. Mais, n'écoutant que son courage, il a tenté de rattraper le tueur au scooter, Mohammed Merah, qui ce jour-là, a froidement exécuté deux de ses compagnons, et blessé un troisième.
Jeudi soir, à Castelsarrasin, l'adjudant-chef J. L. (1) s'est vu décerner la médaille d'argent pour acte de courage et de dévouement. Le jeune militaire avait les larmes aux yeux, lorsque la sous-préfète Myriam Garcia qui lui a remis son insigne au nom du ministre de la Défense. Jusqu'à ce jour, l'adjudant-chef n'avait jamais raconté son histoire. Et pour cause…
Il assiste au meurtre des ses camarades du 17e RGP
Il est l'un des témoins clé de la triste affaire Merah. Ce Castelsarrasinois de 31 ans n'avait jamais évoqué cette tentative courageuse pour stopper le terroriste lors du double meurtre de Montauban, le 15 mars 2012. C'est très affecté que le sapeur, natif de l'Aube, nous a confié ses sentiments peu après avoir reçu sa distinction.
«Excusez-moi, je suis très ému… Je pense à mes deux camarades qui sont morts devant moi (Mohamed Legouad et Abel Chennouf, deux «paras» du 17e RGP de Montauban, N.D.L.R.)»lâche-t-il en reprenant sa respiration.
La tragédie s'est déroulé le 15 mars à 14 h 30. L'adjudant-chef se rend à Montauban pour rendre visite à un ami à lui, militaire au 17e régiment du génie parachutiste. C'est à ce moment qu'il assiste en direct à la tuerie de Montauban perpétré par Mohamed Merah. «Je suis arrivé au moment où le tueur tirait ses derniers coups de feu», se remémore-t-il. Sans arme et au péril de sa vie, le caporal-chef décide de partir à la poursuite du tueur au scooter. «Je n'ai pas réfléchi. Je me suis mis à lui courir après pour tenter de le faire tomber de son deux-roues et de l'arrêter.» Une vaine tentative d'une rare audace qui n'empêche pas le militaire castelsarrasinois de revenir sur les lieux du crime pour prodiguer aux victimes encore en vie un massage cardiaque. «J'étais au mauvais endroit, au mauvais moment… Je suis marqué à vie par cette histoire» lâchait-il dans un dernier souffle en livrant ce témoignage inconnu sur l'affaire Merah.
(1) À la demande de l'intéressé et pour des raisons évidentes de sécurité, nous avons conservé l'anonymat du récipiendaire.