Décès d'André Verrier, Compagnon de la Libération
Crédit : Ordre de la Libération |
André Verrier vivait en Gironde. C’était un homme discret, modeste
qui ne tira jamais gloire d’être Compagnon de la Libération. Il commentait
simplement son engagement : J’ai, alors, fait
mon devoir !
Son histoire, de prime abord pourrait apparaître romanesque. Mais elle
se déroule durant la Seconde Guerre mondiale qui n’a rien d’une épopée…Sinon tragique.
André Verrier, qui travaille depuis l’âge de 14 ans, a d’abord
remporté un combat face à l’adversité. Grâce à son courage. Et, facteur non
négligeable, la chance…
Mobilisé le 28 novembre 1939, il est affecté au 90e Régiment
d'artillerie de campagne. Fait prisonnier dans l'Orne pendant la campagne de
France, le 26 juin 1940, il est interné à Alençon puis envoyé en
Allemagne. Il s'évade le 15 avril 1941 par l'URSS mais est immédiatement emprisonné par les Soviétiques. Il se retrouve au cœur du goulag. Est interrogé
par le NKVD (ancêtre du KGB) dans les conditions que l’on imagine. Transféré
avec d’autres prisonniers dans un camp situé à 100 kms de Moscou, certains
entreprennent de creuser un tunnel pour s’évader. Mais ils sont dénoncés par
d’autres détenus, Français et militants communistes.
Avec d’autres, dont le capitaine Billotte, André Verrier demande à rejoindre la
France libre. Lorsque les Allemands envahissent l’URSS, le 22 juin 1941, les
Soviétiques les autorisent à gagner l'Angleterre. Fin août 1941, il
embarque sur l’Empress of Canada avec 185 camarades et rejoint, par
Arkhangelsk et le Spitzberg, l'Angleterre le 9 septembre 1941. Engagé
aussitôt dans les FFL, André Verrier prend la direction du Moyen-Orient. Via
Beyrouth où il séjourne six semaines, il rejoint la Brigade Koenig à
Bir-Hakeim, en mai 1942. Affecté au 1er Régiment
d'artillerie coloniale (RAC), il participe à la bataille comme chef de pièce.
Lors de la sortie de la position le 11 juin 1942, sa voiture est
immobilisée et il est fait prisonnier; interné deux mois à Benghazi, il est
embarqué sur le Nino Bixio à destination de l'Italie. Il réchappe du
torpillage -par les Anglais- du bâtiment, qui fait parmi les prisonniers
notamment de très nombreuses victimes, avant d'être interné à Bergame au camp
de Sulmona. Le 9 septembre 1943, il s'évade une deuxième fois et reste
caché dans la montagne. Pourchassé par les troupes allemandes, il passe en
Suisse en janvier 1944 où il est placé dans un camp d'internement jusqu'au
30 août. En septembre, il rejoint le 1ère division
française libre (DFL) et participe aux opérations de Belfort et d’Alsace.
Grièvement blessé par un éclat d’obus, le 7 janvier 1945 dans le Bas-Rhin, il
est hospitalisé jusqu’en juin puis est démobilisé en avril suivant. Le maréchal des logis Verrier devient
ensuite aide-comptable dans l’entreprise où il travaillait avant-guerre puis
fonctionnaire au ministère des anciens combattants à Nancy. Commandeur de la Légion d'honneur, André Verrier était âgé de 94 ans.
Il reste 19 Compagnons de la Libération encore en vie.