lundi 30 décembre 2013

Décès d'André Verrier, Compagnon de la Libération

Crédit : Ordre de la Libération

André Verrier vivait en Gironde. C’était un homme discret, modeste qui ne tira jamais gloire d’être Compagnon de la Libération. Il commentait simplement son engagement : J’ai, alors, fait mon devoir ! 

Son histoire, de prime abord pourrait apparaître romanesque. Mais elle se déroule durant la Seconde Guerre mondiale qui n’a rien d’une épopée…Sinon tragique.

André Verrier, qui travaille depuis l’âge de 14 ans, a d’abord remporté un combat face à l’adversité. Grâce à son courage. Et, facteur non négligeable, la chance…

Mobilisé le 28 novembre 1939, il est affecté au 90e Régiment d'artillerie de campagne. Fait prisonnier dans l'Orne pendant la campagne de France, le 26 juin 1940, il est interné à Alençon puis envoyé en Allemagne. Il s'évade le 15 avril 1941 par l'URSS mais est immédiatement emprisonné par les Soviétiques. Il se retrouve au cœur du goulag. Est interrogé par le NKVD (ancêtre du KGB) dans les conditions que l’on imagine. Transféré avec d’autres prisonniers dans un camp situé à 100 kms de Moscou, certains entreprennent de creuser un tunnel pour s’évader. Mais ils sont dénoncés par d’autres détenus, Français et militants communistes.

Avec d’autres, dont le capitaine Billotte, André Verrier demande  à rejoindre la France libre. Lorsque les Allemands envahissent l’URSS, le 22 juin 1941, les Soviétiques les autorisent à gagner l'Angleterre. Fin août 1941, il embarque sur l’Empress of Canada avec 185 camarades et rejoint, par Arkhangelsk et le Spitzberg, l'Angleterre le 9 septembre 1941. Engagé aussitôt dans les FFL, André Verrier prend la direction du Moyen-Orient. Via Beyrouth où il séjourne six semaines, il rejoint la Brigade Koenig à Bir-Hakeim, en mai 1942. Affecté au 1er Régiment d'artillerie coloniale (RAC), il participe à la bataille comme chef de pièce.

Lors de la sortie de la position le 11 juin 1942, sa voiture est immobilisée et il est fait prisonnier; interné deux mois à Benghazi, il est embarqué sur le Nino Bixio à destination de l'Italie. Il réchappe du torpillage -par les Anglais- du bâtiment, qui fait parmi les prisonniers notamment de très nombreuses victimes, avant d'être interné à Bergame au camp de Sulmona. Le 9 septembre 1943, il s'évade une deuxième fois et reste caché dans la montagne. Pourchassé par les troupes allemandes, il passe en Suisse en janvier 1944 où il est placé dans un camp d'internement jusqu'au 30 août. En septembre, il rejoint le 1ère division française libre (DFL) et participe aux opérations de Belfort et d’Alsace. Grièvement blessé par un éclat d’obus, le 7 janvier 1945 dans le Bas-Rhin, il est hospitalisé jusqu’en juin puis est démobilisé en avril suivant. Le maréchal des logis Verrier devient ensuite aide-comptable dans l’entreprise où il travaillait avant-guerre puis fonctionnaire au ministère des anciens combattants à Nancy. Commandeur de la Légion d'honneur, André Verrier était âgé de 94 ans. 
Il reste 19 Compagnons de la Libération encore en vie.