Les services de renseignement suisses pointent l’espionnage russe sur leur territoire
"La Suisse serait actuellement l’un des points
névralgiques des services de renseignement russes en Europe" constate le
service de renseignement de la confédération (SRC) dans un rapport qui vient
d’être rendu public. Le service de renseignement extérieur (SVR), le service de
renseignement militaire (GRU) ainsi que le service de renseignement intérieur
(FSB) russes "maintiennent leur présence en Suisse et agissent pour la
plupart sous couverture diplomatique."
Espionnage
à grande échelle
Selon les constatations du SRC, près d’un tiers des
diplomates accrédités actuellement dans le pays seraient des membres avérés ou
soupçonnés des services de renseignement. "À cela s’ajoutent des
collaborateurs ne séjournant que temporairement en Suisse et impliqués par
exemple dans des « rencontres en pays tiers», dans des opérations isolées ou
participant à des conférences internationales."
Cibles :
l’OIAC et les organisations sportives internationales
Pour les Suisses, l’espionnage russe a visé en 2018 deux
cibles : les analyses de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques
(OIAC) relatives à l’utilisation d’armes chimiques en Syrie d’une part, et la
tentative d’assassinat de l’ancien membre des services de renseignement russes
Sergueï Skripal à Salisbury (Grande-Bretagne) d’autre part. "Le SRC a
fourni une importante contribution au succès de la contre-opération visant à
contrecarrer l’attaque au détriment de l’OIAC, notamment parce qu’il avait déjà
connaissance de l’unité du GRU impliquée. Celle-ci avait mené à plusieurs
reprises des cyber opérations contre des intérêts suisses : sa trace avait déjà
été décelée en 2016 et 2017." Le SRC précise également dans son rapport
avoir partagé ses informations "avec des services partenaires" ce
qui leur a permis d’identifier l’équipe du GRU à son arrivée. "Arrêtée
par les autorités néerlandaises, elle aurait très probablement entrepris des
actions contre la Suisse ultérieurement. La collaboration internationale aurait
donc empêché une cyberattaque contre le Laboratoire de Spiez (l’Institut suisse de protection NBC)."
Autres centres d’intérêt pour les russes, les organisations
sportives internationales qui ont leur siège en Suisse. Ainsi "l’Agence
mondiale antidopage (AMA) et diverses fédérations sportives dans le contexte
des enquêtes sur le programme de dopage russe."