samedi 12 juillet 2014

Les Comores, le 14 juillet et Mayotte

Trois soldats comoriens participeront aux cérémonies du 14 juillet. La France a souhaité, en cette année marquant le centenaire de la Première Guerre mondiale, honorer les générations du feu venues des ex-colonies. Hamada Madi Boléro, ancien Premier ministre comorien (2001-2002), chef de l'Etat par intérim (2002), actuel directeur de cabinet du président de la République, chargé de la défense (ministre de la défense) sera également présent lundi au bas des Champs-Elysées.


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 Q. Combien de Comoriens ont combattu durant la Grande guerre dans l'armée française ?
Hamada Boléro : Avant même de parler du nombre, quelle fut notre émotion en l’apprenant, nous, jeune génération ! Et d’ailleurs, je voudrais profiter de cette opportunité pour adresser, à titre « posthume » les excuses et les regrets des autorités comoriennes pour cette reconnaissance si tardive ! Et pour revenir à votre question, pour le moment, nous sommes à une centaine de Comoriens qui ont combattu au côté des soldats français pendant la Grande guerre.

La relation entre nos deux pays est marquée par une revendication que vous manifestez en toutes circonstances : le retour de Mayotte, département français, au sein de l'Union des Comores...
Non, pas du tout ! Les Comores et la France, c’est toute une histoire riche et variée ! Une très forte communauté comoro-française vit en terre française et contribue d’une manière très visible au développement de notre pays. Dans notre administration, dans nos écoles, les Comoriens s’expriment en français ! Voyez-vous, beaucoup de choses nous lient et nous partageons beaucoup de valeurs qui sont d’ailleurs universelles ! Maintenant, la France, en 1974 (1), a pris une mauvaise décision, une décision non conforme à la vocation de ce grand pays dont l’attachement au respect du droit, des libertés individuelles, collectives, humaines ou des Etats, est indiscutable, celle de ne pas décoloniser mon pays alors que ce fut le cas en Algérie, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Haute-Volta, partout en Afrique ! Acceptez tout de même que cela est très curieux ! Toutefois, après la signature de la déclaration de Paris entre les Présidents Ikililou Dhoinine et François Hollande (2), nos deux pays font tout pour que le peuple comorien retrouve sa dignité dans une forme qui prenne en compte les aspirations des Comoriens de toutes nos îles.

Vous avez fait vos études supérieures en Ukraine. Mayotte est-elle la Crimée des Comores ?
Non, la ressemblance n’est pas du tout correcte ! Voyez-vous, je pouvais jouer l’hypocrite mais la question de l’île comorienne de Mayotte est si sérieuse qu’en tant qu’autorité comorienne, je ne peux laisser entrevoir une fenêtre aussi petite soit-t-elle par laquelle entrerait un air impur ! Mayotte n’est pas la Crimée pour une raison très simple : l’archipel des Comores a toujours été composé de quatre îles dont Mayotte  alors que la Crimée fut russe, ensuite ukrainienne et aujourd’hui ukrainienne…. 

Devant les chercheurs de l'Institut prospective et  sécurité en Europe (IPSE) , jeudi, M. Hamadi Madi Boléro a évoqué le partenariat noué par son pays avec Oman en matière de lutte contre la piraterie maritime.

(1) Appelés à se prononcer par référendum, les Mahorais ont choisi le maintien au sein de la France.
(2) Juin 2013.