Nicolas Roumiantzoff, russe, officier de Légion et de spahis et « inoubliable »
Il y a des personnages de roman parmi ces hommes qui, au
XXème siècle, rejoignaient la France, poussés par les contraintes de l’Histoire.
Ainsi le comte Nicolas Roumiantzoff, né en 1906, fils d’un général d’infanterie
du tsar Nicolas II. A la révolution bolchévique, en 1917, il quitte la Russie.
Sept ans plus tard, "le Roum" (son surnom) est à Saint-Cyr, comme
élève étranger. Puis ce sera sa première grande aventure, la Légion étrangère,
notamment au 1er régiment étranger de cavalerie. Naturalisé français
en 1939, il est incarcéré l’année suivante à Ceuta (enclave espagnole au Maroc)
pour avoir tenté de rejoindre le général de Gaulle à Londres. Il s’évade.
Intègre les Français libres. Puis devient adjoint du chef de corps du 1er
régiment de marche de spahis marocains. Fred Moore chancelier de l’ordre de la
Libération raconte cette anecdote qui résume "cet homme inoubliable", dans "Toujours
Français Libres" Elytis, 2014.
" …
La campagne de Tunisie terminée le 6 mai 1943, il se souvient du consul d’Italie,
désormais dans le camp des vaincus. Il le connut à Tunis quand il servit au 1er
régiment étranger de cavalerie de 1927 à 1929. Il n’oublie pas non plus Madame
le Consul et la voiture de grand luxe du diplomate, une Isotta-Frasquini
blanche et décapotable. Il se dit : "Je vais aller voir le consul.
Sa voiture m’intéresse". Et le voilà parti. "Le consul n’était pas très
chaud pour me laisser la voiture si facilement. Sa femme me faisait des
oeuillades et toutes sortes de minauderies devant son mari pour que je leur
laisse la voiture ". Le Roum dit à la charmante épouse : "Vous
n’allez pas la perdre puisque je vous emmène ! " Le soir, les spahis
ébahis voient débarquer le Roum au volant de la belle bagnole, une belle femme
à ses côtés…"
Nicolas Roumiantzoff est Compagnon de la Libération (1943). Il a quitté l'armée en 1962 avec le grade de général. Il est décédé en 1988.