samedi 2 avril 2016

Au nom de Maria

C’est l’autodidacte entrepreneur qui l’affirme : « Où je suis, je construis ! ». Formulée ainsi, l’indication définit clairement Jean Busnot, 72 ans, financier de profession. L’homme qui voulait, à 18 ans, s’engager à la Légion étrangère a réussi sa vie. A un âge où aucune dispense ne permettrait l’engagement, il a enfin intégré la famille légionnaire. Mais il est là, sans képi blanc, discrètement et différemment.  

L’armée puis la finance
A 18 ans, un sous-officier de gendarmerie à Caen (Calvados) qu’il consulte pour rejoindre la Légion, le dirige plutôt vers Saint-Maixent où J. Busnot intègre la promotion 1962-63, la 34ème et dernière de l’ESOA (Ecole des sous-officiers d’active qui deviendra ENSOA).  Il côtoie dans les Deux-Sèvres Stéphane Coevoet, futur chef de corps du 2ème REP (1988-90). « La seule promo à ne pas être allée en Algérie » se souvient le chef d’entreprise, dans son large bureau lumineux parisien. A sa sortie, à un bon rang, le néo sous-officier écoute un autre conseil d’ancien : partir en Allemagne. Ce sera le 8ème régiment d’infanterie motorisé à Landau (Rhénanie-Palatinat). Bonne pioche ! Le sergent Busnot, y rencontre sa future femme, Maria. « Mais on m’a alors fait remarquer qu’épouser une allemande pour faire carrière dans l’armée française, n’était pas forcément une bonne idée… ». Militaire un jour mais pas militaire toujours. Après cinq ans, le sergent-chef retrouve la vie civile, à Paris.
Une filiale immobilière de Paribas, une société d’assurances plus tard, « étonné » de certaines pratiques de l’époque, il créé sa première affaire financière qui deviendra ultérieurement Jean Busnot SA, entreprise rapidement florissante. Construire, c’est aussi la mise en place du réseau ICBA (International credit brokers alliance) destiné à offrir à l’échelle de la planète, des solutions de crédit aux entreprises, notamment en matière de couverture du risque dont Jean Busnot est président depuis quinze ans.

La Fondation Maria et Jean Busnot
« Elle parlait quatre langues et fut la collaboratrice directe du président d’Aérospatiale ». Jean Busnot parle avec douceur et admiration de son épouse, Maria, vaincue en 2010 par un cancer. Lorsque sa santé l’a obligée à quitter ses activités professionnelles, celle-ci s’est engagée dans le soutien scolaire puis a enseigné le français à des enfants de diplomates et d’employés de l’ambassade de Hongrie à Paris. «Nous n’avons pas eu d’enfant, nous nous sommes toujours occupés de ceux des autres » explique le chef d’entreprise. D’où l’idée de création d’une fondation. Celle-ci voit le jour en 2009. Retour, grâce à quelques amitiés anciennes, vers la Légion. Un an plus tard, la fondation Maria et Jean Busnot distribue ses premières bourses à des filles et fils de légionnaires afin qu’ils puissent accéder aux études supérieures. « 5 à 7 par an » détaille le chef d’entreprise qui apporte, également, un soutien « non négligeable » à la FSALE*, à charge pour elle de répartir ensuite ce don via le FELE*, auprès des orphelins, de la Maison du légionnaire (Auriol) et de l’Institut des invalides de la Légion étrangère (Puyloubier). Jean Busnot, l’autodidacte devenu financier, le sous-officier qui pilote depuis vingt-cinq ans des hélicoptères affiche un tranquille sourire : «  Je crois en l’homme parce que je vis avec… ».

*Fédération des sociétés d’anciens de la Légion étrangère (FSALE)
Foyer d’entraide de la Légion étrangère (FELE)