Leur Camerone (2) : Alain Bouquin
Poursuite de la publication de la série Camerone (30 avril) et de la vision qu' ont de cette célébration, des anciens ou des militaires en service actif ; qu'ils soient légionnaires, officiers ayant servi ou servant à la Légion. J'ai, également, sollicité des regards civils. Dont celui d'une jeune femme. Que nous découvrirons prochainement.
Aujourd'hui, suivons le général Alain Bouquin (2 S) ancien commandant de la Légion étrangère (2009-2011).
"Je n’ai découvert Camerone à la « Maison-Mère » qu’en toute fin de carrière, comme général commandant la Légion étrangère.
Aujourd'hui, suivons le général Alain Bouquin (2 S) ancien commandant de la Légion étrangère (2009-2011).
"Je n’ai découvert Camerone à la « Maison-Mère » qu’en toute fin de carrière, comme général commandant la Légion étrangère.
Je
croyais évidemment savoir ce qu’était cette fête, sa signification, son
exigence, son contenu… Mais je ne mesurais pas l’ampleur qu’elle avait prise
ici à Aubagne ; je n’imaginais pas la somme de préparatifs qu’elle pouvait
nécessiter ; je n’avais pas idée de l’investissement collectif qu’elle
représentait.
Et,
je l’avoue, j’ai eu un gros doute dans les jours qui ont précédé : cette
énergie vaut-elle la peine d’être dépensée ? En consacrant l’essentiel de
nos forces à organiser une cérémonie, ne faisons-nous pas fausse route ?
Ne nous détournons nous pas de notre mission principale ? N’est-il pas abusif
de vouloir préparer des guerriers à combattre en leur demandant de concentrer
leur attention sur du cérémonial, du commémoratif et du festif ? Plus
grave : ne sommes-nous pas tourné vers le passé au lieu de nous projeter
sur l’avenir ?...
Cinq
minutes après la fin de la prise d’armes, toutes ces interrogations avaient été
balayées ! Oui, Camerone mérite l’énergie qu’on lui consacre. Camerone
donne du sens, de la fierté, de l’esprit de corps. Camerone nourrit notre
savoir-être collectif. Camerone nous donne des raisons de croire en notre
avenir. Camerone nous donne des références et des bases solides pour nos
missions à venir. Camerone nous rend plus forts, plus soudés, plus riches. A
travers sa « liturgie » propre, Camerone nous ancre dans du sacré, du
transcendant. Camerone nous fait comprendre que notre engagement est au service
de réalités qui nous dépassent tous, et que ces réalités, la nation, la patrie,
notre communauté légionnaire, peuvent justifier des sacrifices.
Et
mieux encore, Camerone nous permet, l’espace d’une prise d’armes, de faire
communier à ces valeurs légionnaires, tous nos invités, amis et spectateurs…
C’est
tout cela ; « l’utilité » de Camerone : un ressourcement
annuel, pour redonner à tous l’élan qui permettra de faire face avec honneur et
fidélité aux mille soucis du quotidien, comme aux missions opérationnelles les
plus exigeantes.
Camerone
est, très simplement, le symbole le plus achevé et le plus visible d’un besoin
existentiel de la Légion : constituer une force combattante cohérente à partir
d’hommes que rien ne prédisposait à vivre ensemble…"