Il y a 40 ans, Kolwezi (3)
Troisième volet du récit de l'opération Bonite, menée par les légionnaires du 2ème Régiment étranger de parachutistes (REP, Calvi), il y a quarante ans dans la ville minière de Kolwezi (Zaïre) où des rebelles katangais ont pris les Européens (et notamment des Français) en otages.
A suivre...
...La formation des avions de transport approche de Kolwezi vers 15 h 00 sur un
axe qui n’est pas celui de la zone se saut. Mais les 381 parachutistes[1]
sont largués en deux passages après un survol de
la ville pour reprendre le bon axe, alertant ainsi les « Tigres « qui
déclenchent un tir sporadique sur les paras en vol. Le colonel Erulin a voulu
sauter le premier. Mais ses subordonnés lui ont fait remarquer qu’il n’y a
qu’un colonel…mais plusieurs capitaines disponibles.
Son saut se terminera sur une termitière et il en conservera une légère
balafre.
- Moi je me suis posé dans de l’herbe a éléphants, d’un mètre vingt, un mètre cinquante, se souvient le lieutenant Raymond, qui sera blessé au cours de l’opération la nuit suivante.
Lors du largage, un légionnaire reste accroché à l’avion. Le largueur coupe la sangle d’ouverture automatique du parachute dorsal. Le ventral lui permet de se poser sans dommage, et même sur la bonne zone de saut !
Premières images des légionnaires : des cadavres gonflés le long des villas européennes et des chiens qui les mangent. Les tireurs d’élite y mettent fin. Il s’agit de quarante européens découverts, dans une sorte de charnier, près de la place du « Château d’eau ». Il semble qu’ils aient été fusillés le matin même. Quatre autres sont retrouvés dans une voiture. « Une véritable chasse à l’européen avait été déclenchée dans les rues livrées au pillage » câble l’Agence France Presse (AFP). A l’hôtel Impala, des légionnaires trouvent sur le sol des mains coupées.
Vingt paras sont portés manquants au moment du premier compte rendu de saut, sommaire, des capitaines au colonel. Certains se sont regroupés avec une section qui n’est pas la leur et à laquelle ils se joignent sans être comptabilisés, d’autres se perdent dans les herbes à éléphants et vont s’y terrer jusqu’au lendemain. Ils seront récupérés par les hommes de la deuxième vague. Plusieurs, largués hors de la zone de saut, à proximité des rebelles, se cachent dans des villas ou des buissons jusqu’au moment où ils seront rejoints par la progression de leurs camarades. Le caporal Arnold n’aura pas cette chance. Il est tué peu après son atterrissage en bout de zone de saut, en allant récupérer son LRAC tombé au-delà. Le premier compte-rendu, envoyé par des moyens de fortune, fait état de « 2 AML détruites».
La 4ème compagnie, le SER, la section de mortiers, ont emprunté un DC10 d’Air Zaïre pour les rapprocher de Kolwezi et ainsi pouvoir être larguées avant la nuit et se trouvent sur la base de Kamina, à 40 minutes de vol. Ils ont eu le plus grand mal à en descendre par une échelle. Mais ils ne sauteront que le lendemain matin. Le colonel Erulin, de son PC situé sur le toit du lycée Jean XXIII, refuse aux avions qui se présentent sur Kolwezi l’autorisation de larguer et décide de reporter le saut car la nuit va tomber et l’une des deux zones prévues située au-delà de la nouvelle ville, se trouverait sous le feu des rebelles. Il ne veut pas prendre le risque d’un regroupement de nuit en zone non sécurisée.
Le soir, le président de la République française, le visage grave, justifie à la télévision l’intervention. « Quand on saura la situation réelle, on comprendra mieux notre action » déclare Valéry Giscard d’Estaing.
Sur le terrain, à la nuit tombée l’ancienne ville est sécurisée et les légionnaires en bloquent les accès pour parer toute contre-attaque des rebelles. Une partie de la nouvelle ville est elle aussi sous contrôle et les paras de la 3° compagnie vont continuer à s’y infiltrer. Au cours de cette première nuit ponctuée d’une succession ininterrompue d’accrochages, des Occidentaux sortent des plafonds dans lesquels ils sont retranchés. Après le parachutage, il reste de l’ordre de six cents « Tigres » et mille cinq cents miliciens supplétifs dans la ville et ses abords immédiats. Les autres ont fui ou se sont fondus dans la population. Localement, certains résistent. Pour les légionnaires, les combats se font à l’ancienne, « à l’indochinoise ».
- Vous apprenez alors la gestion des munitions, du tir. Et puis il faut gérer les caractères, prendre en compte les éventuelles fragilités psychologiques, témoigne Jacques Raymond. La marge est très sensible entre le vécu de terrain et l’enseignement à l’école.
Le lendemain à Metal Shaba, sur l’axe qui conduit à l’Angola en longeant la voie ferrée la 4° compagnie en reconnaissance, section Dary en tête, se heurte à un bataillon rebelle qui s’y est regroupé. C’est là le combat le plus dur, dans des conditions classiques, qui sera mené durant cette intervention, aux ordres du capitaine Coevoet auquel le Colonel Erulin a confié le commandement de la 2° compagnie, des mortiers et de la SER, motorisés au moyen de bennes de chantier récupérées au garage de la Gécamines, pour dégager la 4 et réduire cette menace. Les Mirage entrent, également, en action pour détruire les véhicules des rebelles mais leurs canons s’enrayent au premier passage. Cinquante à quatre-vingt « gendarmes katangais » sont tués. De même que le sergent-chef Daniel. Le REP déplore aussi plusieurs blessés.
- Moi je me suis posé dans de l’herbe a éléphants, d’un mètre vingt, un mètre cinquante, se souvient le lieutenant Raymond, qui sera blessé au cours de l’opération la nuit suivante.
Lors du largage, un légionnaire reste accroché à l’avion. Le largueur coupe la sangle d’ouverture automatique du parachute dorsal. Le ventral lui permet de se poser sans dommage, et même sur la bonne zone de saut !
Premières images des légionnaires : des cadavres gonflés le long des villas européennes et des chiens qui les mangent. Les tireurs d’élite y mettent fin. Il s’agit de quarante européens découverts, dans une sorte de charnier, près de la place du « Château d’eau ». Il semble qu’ils aient été fusillés le matin même. Quatre autres sont retrouvés dans une voiture. « Une véritable chasse à l’européen avait été déclenchée dans les rues livrées au pillage » câble l’Agence France Presse (AFP). A l’hôtel Impala, des légionnaires trouvent sur le sol des mains coupées.
Vingt paras sont portés manquants au moment du premier compte rendu de saut, sommaire, des capitaines au colonel. Certains se sont regroupés avec une section qui n’est pas la leur et à laquelle ils se joignent sans être comptabilisés, d’autres se perdent dans les herbes à éléphants et vont s’y terrer jusqu’au lendemain. Ils seront récupérés par les hommes de la deuxième vague. Plusieurs, largués hors de la zone de saut, à proximité des rebelles, se cachent dans des villas ou des buissons jusqu’au moment où ils seront rejoints par la progression de leurs camarades. Le caporal Arnold n’aura pas cette chance. Il est tué peu après son atterrissage en bout de zone de saut, en allant récupérer son LRAC tombé au-delà. Le premier compte-rendu, envoyé par des moyens de fortune, fait état de « 2 AML détruites».
La 4ème compagnie, le SER, la section de mortiers, ont emprunté un DC10 d’Air Zaïre pour les rapprocher de Kolwezi et ainsi pouvoir être larguées avant la nuit et se trouvent sur la base de Kamina, à 40 minutes de vol. Ils ont eu le plus grand mal à en descendre par une échelle. Mais ils ne sauteront que le lendemain matin. Le colonel Erulin, de son PC situé sur le toit du lycée Jean XXIII, refuse aux avions qui se présentent sur Kolwezi l’autorisation de larguer et décide de reporter le saut car la nuit va tomber et l’une des deux zones prévues située au-delà de la nouvelle ville, se trouverait sous le feu des rebelles. Il ne veut pas prendre le risque d’un regroupement de nuit en zone non sécurisée.
Le soir, le président de la République française, le visage grave, justifie à la télévision l’intervention. « Quand on saura la situation réelle, on comprendra mieux notre action » déclare Valéry Giscard d’Estaing.
Sur le terrain, à la nuit tombée l’ancienne ville est sécurisée et les légionnaires en bloquent les accès pour parer toute contre-attaque des rebelles. Une partie de la nouvelle ville est elle aussi sous contrôle et les paras de la 3° compagnie vont continuer à s’y infiltrer. Au cours de cette première nuit ponctuée d’une succession ininterrompue d’accrochages, des Occidentaux sortent des plafonds dans lesquels ils sont retranchés. Après le parachutage, il reste de l’ordre de six cents « Tigres » et mille cinq cents miliciens supplétifs dans la ville et ses abords immédiats. Les autres ont fui ou se sont fondus dans la population. Localement, certains résistent. Pour les légionnaires, les combats se font à l’ancienne, « à l’indochinoise ».
- Vous apprenez alors la gestion des munitions, du tir. Et puis il faut gérer les caractères, prendre en compte les éventuelles fragilités psychologiques, témoigne Jacques Raymond. La marge est très sensible entre le vécu de terrain et l’enseignement à l’école.
Le lendemain à Metal Shaba, sur l’axe qui conduit à l’Angola en longeant la voie ferrée la 4° compagnie en reconnaissance, section Dary en tête, se heurte à un bataillon rebelle qui s’y est regroupé. C’est là le combat le plus dur, dans des conditions classiques, qui sera mené durant cette intervention, aux ordres du capitaine Coevoet auquel le Colonel Erulin a confié le commandement de la 2° compagnie, des mortiers et de la SER, motorisés au moyen de bennes de chantier récupérées au garage de la Gécamines, pour dégager la 4 et réduire cette menace. Les Mirage entrent, également, en action pour détruire les véhicules des rebelles mais leurs canons s’enrayent au premier passage. Cinquante à quatre-vingt « gendarmes katangais » sont tués. De même que le sergent-chef Daniel. Le REP déplore aussi plusieurs blessés.
A suivre...