Disparition du général Vidal, dont le nom demeure lié à l’opération Victor
Commandant des FANC
Cet ancien chef de corps du 8e RPIMA (1979-81) se trouve depuis peu à Nouméa où il commande les Forces armées de Nouvelle-Calédonie (FANC).
Après l’attaque le 22 avril, de la brigade de gendarmerie de Faya-Oué (Ouvéa) par des indépendantistes, au cours de laquelle 4 gendarmes sont tués, puis la prise en otage de 27 autres, la direction des opérations lui est confiée. La France se trouve alors en plein cœur de la campagne présidentielle qui oppose François Mitterrand, président sortant à son Premier ministre, Jacques Chirac. Le contexte mérite d’être précisé.
« Cette décision, cruciale pour la suite des événements n’a pas été prise à Nouméa mais à Paris où le comportement des gendarmes est jugé désastreux par l’entourage du Premier ministre et certains militaires de haut rang » ai-je écrit dans un ouvrage consacré à cette affaire en 1989*. « A 18 000 km d’Ouvéa l’information, observent les gendarmes, successivement filtrée, parvient à ses destinataires, dénuée de tout contexte… » Le général Alain Picard, alors lieutenant-colonel, qui commande le sous-groupement opérationnel de maintien de l’ordre Sud n’a pas été prévenu par Paris de cette nomination. Mais rajoute ce gendarme**, « le général est un homme affable, qui sait écouter sans préjugé. » Le ministre de l’outre-mer, Bernard Pons arrive à Nouméa.
L’assaut
Le 5 mai, à trois jours du 2eme tour de la présidentielle, l’opération Victor est menée, par des opérateurs du GIGN mais aussi étonnamment du 11e choc de la DGSE (dont 2 hommes seront tués au cours de l’un des assauts) et du commando Marine, Hubert. Les 15 otages sont libérés sains et saufs. 19 mélanésiens sont tués. Dont certains après leur reddition. Comme Alphonse Dianou, le chef du commando. Ce que confirmera un rapport de commandement.
Si dans une interview à Paris-Match, Jacques Vidal affirmait dans un premier temps « qu’il n’y avait pas eu de coups de feu après l’assaut » celui-ci exprimera ensuite sa tristesse « que l’opération ait été entachée par la désobéissance de certains… » selon plusieurs témoins rencontrés ultérieurement. Ce qu’il m’avait laissé entendre, en 2011, à l’issue d’une projection du film L’ordre et la morale de Mathieu Kassovitz, long métrage consacré à « l’affaire » d’Ouvéa.
Après la Calédonie, le général Vidal avait été nommé adjoint du général commandant de la Force d’action rapide. Il avait terminé sa carrière militaire à Rennes en 1996, dans ce qui est aujourd’hui la zone de défense et de sécurité Ouest.
*Opération Victor
**Auteur de Ouvéa, quelle vérité ?
Photo : DR