Le Pakistan compliqué


Aujourd’hui, le Rafale et l’industrie de défense française sont la cible des réseaux sociaux pakistanais (voir post du 31 mai). « Il ne s’agit là que d’un nouvel épisode des relations bilatérales complexes » rappelle un diplomate, solide connaisseur de la région. « Les Pakistanais qui cultivent une obsession anti-indienne considèrent souvent que la France a fait son choix « ajoute notre interlocuteur. D’où cette nouvelle campagne. Savamment orchestrée ? « L’ISI utilise évidemment des trolls » réagit un spécialiste français de la guerre informationnelle. L’ISI, c’est l’Inter-Services Intelligence, le plus puissant des services de renseignement, contrôlé par les militaires. C’est-à-dire les hommes les plus influents du Pakistan. « Ce sont eux qui décident ce qui est bien ou pas bien pour le pays » précise le diplomate français.

Le sentiment anti-français
En 2021, le parti islamiste radical Tehrik-e-Labbaik Pakistan (TLP), avait appelé les Français à quitter le territoire et ses partisans avaient bloqué partiellement plusieurs métropoles. Des Français bien peu nombreux dans ce pays d’Asie du Sud de plus de 215 millions d’habitants. Moins de 1 000 inscrits sur les registres consulaires, dont beaucoup sont des bi-nationaux.
Cette surexcitation fanatique avait, officiellement, été causée par la réédition des caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo lors de l’ouverture, le 3 septembre 2020, du procès des attentats de janvier 2015. Quelques semaines plus tard à l’occasion de la cérémonie d’hommage à Samuel Paty, le président de la République avait, dans son discours, affirmé : « Nous ne renoncerons pas aux caricatures. » Le Premier ministre pakistanais d’alors, Imran Khan*, avait accusé Emmanuel Macron « d'attaquer l’islam ».

Déclarations outrancières
Dans ce pays où le blasphème est une question sensible, le chef du gouvernement « essayait ainsi de ne pas être débordé, mais ce n’était là que des calculs politiques à courte vue » précise le diplomate interrogé.
Les autorités d’Islamabad avaient ensuite convoqué l’ambassadeur français qui avait également été la cible de menaces de mort. Les réseaux sociaux locaux diffusaient ad nauseam un tweet de la ministre des droits de l’homme qui expliquait que : « Macron fait aux musulmans ce que les nazis infligeaient aux juifs. »
Les ministres français ne se bousculent pas pour se rendre à Islamabad.

A suivre.


* En août 2023 M. Khan a été placé en détention, cité dans 200 affaires, a été condamné, en janvier dernier, à 14 ans de prison pour corruption.
Illustration :  © logo ISI Facebook

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