Un roman pour comprendre la Syrie paranoïaque


L’une des meilleures définitions du roman avait été fournie par Stendhal, dans le Rouge et le Noir : « Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l'azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers ». En écrivant Kamal Jann, Dominique Eddé ne pensait pas que son roman offrirait à ses lecteurs d’infinies clés pour comprendre les terrifiants événements syriens. Cette fiction est traversée par les personnages insaisissables d’une famille syrienne déchirée. Avocat d’affaires à New York, K. Jann entretient  sa vengeance contre son oncle, chef des services de renseignement de Damas, à l’automne de sa vie parce qu’il commence  à gêner « le patron », le chef, le leader syrien. Trente ans plus tôt, l’homme des basses besognes fit tuer les parents de Kamal lors des massacres de Hama. La CIA approche Kamal. Celui-ci pactise pour sauver son jeune frère, islamiste sur le point de devenir bombe humaine. Tous les personnages sont manipulés par les services arabes et occidentaux. Tous sont piégés et paieront le prix fort. 
Franco-libanaise, Dominique Eddé possède ce style effilé, nerveux, dépouillé qui approche au plus près la folie des sicaires syriens, de leurs affidés et la vacuité de certaines entreprises occidentales.
Kamal Jann de Dominique Eddé, Albin Michel, 22€.

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