Les armes tchadiennes ou le développement piégé


La France aime le Tchad, au point de soutenir ce pays à bout de bras. L’expression « pré carré de la France » a, encore ici, tout son sens. En retour, les présidents savent acheter français. Des armes notamment.
Un rapport du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD-Terre solidaire) publié ces derniers jours, constate que les dépenses militaires du pays sont passées de 53 millions d’euros en 2004 à 420 millions, en 2008. Soit en quatre ans, une multiplication par 7,79. La protection du pays n’a pas de prix, dit M. Deby, le chef de l’Etat. Toutefois, dans les années 2000, les premiers puits de pétrole commençant à être exploités, on pouvait s’illusionner et penser que le développement du pays pourrait y gagner. Les Gabonais, les Congolais eux connaissent depuis bien longtemps la réponse. Comme le titre du rapport le suggère, parlons plutôt de « développement piégé ».
Ces quinze dernières années, le gouvernement tchadien a du (durement) lutter contre des rebellions armées ; alors il lui a fallu s’équiper. La France  a fourni hélicoptères Fennec, Gazelle, Puma, véhicules AML, VAB, missiles Milan et l’Ukraine, hélicoptères MI-17, Mi-24, avions Antonov, Sukhoï, chars T55, T62, véhicules blindés BMP, BTR… Ces deux pays représentent ses plus gros fournisseurs.
Dans cette liste on trouve même la Suisse, à son corps défendant, qui en 2006 a exporté un avion d’entraînement Pilatus PC-9. Entrant dans la catégorie des biens à double usage, qui peuvent donc être aussi bien civils que militaires, il a été armé par le Tchad et évidemment utilisé à des fins militaires. Tollé à Berne !
Selon l’un des deux rapporteurs, Zobel Behalal, « le Tchad utilise d’autres filières ou réseaux parallèles d’acquisition d’armes et d’équipements militaires, qui sont sud-africaines, israéliennes, chinoises… ». Constatant également dans ce grand flou que constitue le commerce des armes, que des fusils israéliens ont été cédés à des rebelles soudanais.
Précisons qu’avec plus de 50 % des habitants qui vivent sous le seuil de pauvreté (estimés à 11 millions), le pays reste l’un des plus pauvres de la planète…

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