L'Allemand, l'ennemi utile

C'est un sujet qu'abordent volontiers les légionnaires, anciens d'Indochine. Qu'ont également traité le général Hallo dans Monsieur légionnaire (Lavauzelle, 1994), Pierre Montagnon dans son Histoire de la Légion (Pygmalion 1999/Taillandier 2012), André-Paul Comor dans le Dictionnaire de la Légion étrangère (Robert Laffont/ministère de la défense, 2013) et moi-même dans Légionnaires (Pascal Galodé 2011) : la présence des Allemands dans la Légion de la fin de la Seconde Guerre mondiale à l'Indochine (et l'Algérie). Mais que les autorités ont considéré comme "tabou" depuis soixante ans. On parle là d'un "apport massif" explique, aujourd'hui, Pierre Thoumelin. "Dans certaines unités on a 80 % d'Allemands" (en Indochine). Ce jeune historien qui prépare une thèse de doctorat à l'université de Caen ne sera pas enseignant. Mais gendarme. Il est actuellement en formation à l'école des officiers de Melun. Pierre Thoumelin a retracé le parcours des Allemands -et c'est cela la nouveauté- dans L'ennemi utile (Schneider Text) 1.



Ces hommes vaincus ont été recrutés dans les camps de prisonniers à partir de 1943 (Afrique du nord) puis 44-45 (en France, en Allemagne, en Autriche...) ; la plupart avait combattu au sein de la Wehrmacht. 10% d'entre eux, estime P Thoumelin auraient servi au sein de la Waffen SS. Combien seront-ils ces légionnaires dont la présence a marqué l'institution : 20-30.000 sur un corps expéditionnaire de 70.000 ?
A l'origine, il y a la décision du gouvernement de ne pas envoyer les appelés combattre. Alors la Légion est en première ligne.Où elle compense le manque de volontaires français. "A Dien-Bien-Phu, ils sont entre 1200 et 1300 Allemands" renseigne l'historien. En Indochine, 11000 légionnaires ont été tués. 3000 étaient Allemands.

(1) La chaîne Histoire évoquera le sujet le 6 mai prochain à 20h4O : Du D-Day à Dien-Bien-Phu

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