vendredi 8 mai 2020

Jean Jaouen né en 18, mort en 45, le jour de son anniversaire


@Ordre de la Libération
Jean Jaouen a plusieurs particularités. Il est né l’année de la fin de la Première Guerre mondiale et il est mort l’année de la fin de la Seconde. Plus précisément, le jour de son vingt-septième anniversaire. Adolescent, ce Quimpérois se rêvait marin. La maladie l’en a empêché. Il ne pourra se présenter à l’Ecole navale. Ce sera l’école d’hydrographie où il étudie lorsqu’il est mobilisé, en septembre 1939. Mais, quelques mois plus tard, après les EOR (Elève officier de réserve), il choisit l’armée de terre. Il se bat en Belgique où il est fait prisonnier, le 29 mai 1940. Rapatrié au bout de dix-huit mois, il est nommé professeur dans un lycée de sa ville natale.

La Résistance
« Il consacrait tous ses loisirs au recrutement et à l’organisation de la Résistance. Travaillant pour Libération Nord, il prend contact à Paris avec Turma Vengeance. Et devient le premier chef du mouvement dans le Finistère » explique un membre de sa famille. Recherché par la Gestapo, il quitte la France, à Douarnenez, pour l’Angleterre le 23 août 1943, à  bord d’un bateau de pêche. En novembre, il est affecté à la brigade des canons d’infanterie de la 13e demi-brigade de Légion étrangère. Il est des combats d’Italie. Le 24 mai 1944, au Monte Leucio (Radicofani), il continue de diriger les tirs malgré les éboulements provoqués par l’artillerie ennemie. Promu sous-lieutenant, Jean Jaouen débarque avec son unité en Provence et participe à la libération de Toulon, de la vallée du Rhône, des Vosges et de l’Alsace. Il est blessé le 23 janvier 1945 à Illhaeusern (combats de la poche de Colmar). Mais reste à son poste. « Du 5 au 19 mars 1945, nous eûmes, une dernière fois, la joie de le revoir à Quimper en mission de recrutement pour cette Légion qu’il aimait tant et qui avait payé si cher ses dernières victoires. Le 17 avril, se célébrait à Quimper le mariage de sa sœur aînée. Pas un instant il hésita entre son devoir et cette joie familiale.» Il rejoint donc la 13 pour les derniers combats de la guerre, ceux de l’Authion.

Mourir le jour de son anniversaire
Le 30 mai, jour de son vingt-septième anniversaire, Jean Jaouen se promène sur la plage de Juan-les-Pins. « Il a vu une mine qu’il a prise, essayant de la déverrouiller ; mais cette mine avait séjourné sans doute longtemps dans l’eau et n’était plus  normale. Elle a éclaté, causant une mort instantanée. » Une semaine auparavant, le jeune officier avait envoyé une lettre à sa sœur Louise, dans laquelle il évoquait les dernières journées et l’avenir : « Nous avons donc participé au défilé de la victoire à Nice. Pendant deux heures, les groupements politiques, drapeaux rouges, poings levés ont défilé (c’est probablement eux qui ont gagné la guerre), puis ce fut nous autres. Le 18 juin prochain, nous participerons au défilé monstre de Paris. Là, j’en suis persuadé, ce sera différent. » Louis Jaouen fut fait compagnon de la Libération à titre posthume. Il est l’un des 97 militaires de la 13e DBLE à recevoir la croix de la Libération.

Ce portrait de Jean Jaouen est extrait de mon prochain ouvrage : « Les compagnons de la Libération de la 13e DBLE » à paraître, le mois prochain, aux éditions Mareuil.