DGSE, communiquer pour recruter (1)

Cette série sur la communication, en particulier numérique, de la DGSE comporte 3 volets. Voici le premier.



« L’espion est l’homme du secret ». Ainsi commence le livre de l’universitaire Alain
Dewerpe, Espion, une anthropologie historique du secret d’Etat contemporain *. L’usine du secret avait innové en nommant, il y a quinze ans, un premier chargé de communication. Ce que d’autres services étrangers avaient réalisé auparavant.

Recruter des profils « rares »
Une passerelle utile vers l’extérieur afin de construire une image et éventuellement une notoriété, tout en la contrôlant, afin d’éviter à la seule fantasmagorie d’occuper le terrain. Cette transparence contrôlée est aujourd’hui orientée « recrutement ». Un choix dicté par la réalité des mondes du travail.
LinkedIn est l’outil idoine. Afin de continuer à attirer des profils de spécialistes de langues rares mais surtout dans les domaines de contre-prolifération, de spécialistes 
cyber (RD, sécurité des systèmes), d’ingénieurs informatique, de spécialistes de l’informatique quantique, de l’IA...

Pour anticiper et non suivre
Loin, très loin d’être une évidence lorsqu’on sait que ces « profils numériques » qui sont particulièrement convoités souhaitent être logiquement rémunérés « à leur juste valeur ». Et dans ce domaine salarial, se font jour des inégalités propres au clivage public/privé : tous les employeurs potentiels ne disposent pas des mêmes enveloppes.
Toutefois, la Direction générale de la sécurité extérieure et d’autres services de renseignement, disposent d’un ressort propre : le mystère de l'employeur et donc de l'exercice professionnel. Un piment dans un début de carrière, par exemple, propre à animer un volant de jeunes ingénieurs. « Un premier job pour moi sans nul autre pareil, effectivement » confirme dans un commentaire lapidaire un ingénieur aujourd’hui passé dans le privé. Être passé par la « boîte » constitue un plus dans une ligne de curriculum, confirme un DRH parisien. 
Pour positionner son attractivité dans des domaines concurrentiels, la mise en scène sur une platerforme spécialisée est essentielle. « A travers ses canaux de diffusion, la DGSE s'applique à rendre les métiers du renseignement accessibles. Et y parvient » explique le responsable d'une agence de communication parisienne. « Ce qui a pour conséquence d'humaniser une organisation singulière » répond un autre spécialiste de l'image. Un exercice toutefois compliqué entre l'indispensable hermétisme d'un service de renseignement et l'utile visibilité sur les réseaux sociaux.

A suivre. Prochain volet : LinkedIn, sergent-recruteur de la DGSE 

*Gallimard, 1994
Illustration : copie d'écran LinkedIn.

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