Comment Vladimir Poutine trahit-il l’histoire ?



La fin de la Seconde Guerre mondiale et la victoire sur le nazisme sera commémorée demain mais seulement vendredi à Moscou. L’Armée Rouge a pris sa part dans cette lutte contre la tyrannie. Une armée qu’il ne faut pas confondre avec l’actuelle armée russe, comme nous y invite le cynique metteur en scène du Kremlin qui se sert de l’histoire et d’un vocabulaire mémoriel pour légitimer son agression contre l’Ukraine. Superposant « l’opération militaire spéciale » avec « la Grande Guerre patriotique ».

Minorer le rôle des Alliés
Le 9 mai 2022, ne déclarait-il pas que ses soldats « combattent pour la même cause que leurs pères et leurs grands-pères » ? Justifiant sa tentative de conquête de l’Ukraine par une opération de « dénazification ». Le roman national tel que raconté par la Russie tend à survaloriser le rôle de l’URSS dans la bataille contre l’Allemagne, minorant ainsi celui joué par les Alliés. Alors que les actions militaires des Occidentaux ont, par exemple, obligé les Allemands à dégarnir le front de l’Est. Rappelons également que l’Armée rouge a bénéficié de l’aide américaine (17 millions de tonnes de matériels de guerre) et de celle fournie par les Britanniques (4 millions de tonnes de matériels).

Le pacte des diables
Mais ce que n’aime surtout pas évoquer le dictateur russe est le début de l’histoire. Les années allant de l’été 1939 à juin 1941. Celles ou deux impérialismes se sont fourvoyés, à l’initiative de Staline. Le 23 août 1939, Joachim von Ribbentrop, ministre des affaires étrangères du Reich et son homologue d’URSS, Viatcheslav Mikhaïlovitch Molotov signent le pacte connu son le nom de « germano-soviétique ou pacte des diables ». Sous le vernis de l’accord, ont été paraphées des clauses secrètes pour dépecer l’Europe de l’Est. Ainsi, en septembre, l’invasion de la Pologne par les soldats des deux pays dans un climat de fraternité d’armes. Un défilé commun a d’ailleurs été organisé à Brest-Litovsk.
L’URSS attaque ensuite, en novembre 1939, la Finlande, épisode connu sous le nom de « guerre d’hiver ». Puis Moscou enverra ses troupes occuper la Lettonie, la Lituanie et de l’Estonie (juin 40). L’argument de constituer ainsi un bouclier contre l’Allemagne nazie n’est, en fait, que de la poudre aux yeux. Des massacres ciblés sont immédiatement constatés dans les pays conquis par l’URSS (et l’Allemagne). La Roumanie est fermement invitée à restituer à Moscou la Bessarabie et la Bucovine qui vivraient sous « occupation coloniale ». Un million de moldaves auraient été tués ou déportés en Sibérie. L’aimantation des deux impérialismes prendra fin le 22 juin 1941, lorsque Hitler envahira son « allié ».

7 millions d’Ukrainiens tués

L’URSS a subi d’abominables pertes jusqu’à la victoire finale. Les Ukrainiens ont, en particulier, payé très cher leur tribut à cette boucherie. Sur les 7 millions d’engagés ukrainiens de l’Armée rouge 1 650 000 sont morts. Ces engagés ont constitué des réserves indispensables à l’armée de Staline, sans laquelle la victoire n’aurait pas été possible. L’Ukraine a été martyrisée : 5 millions de victimes civiles (chiffre minimum),700 villes et 28 000 villages détruits.
Mais tout cela est cela ne semble pas avoir existé dans l’esprit de M. Poutine.

Photo : Ribbentrop signe le pacte germano-soviétique. Derrière lui, Staline et Molotov. ©DR

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