Israël, l’agonie d’une démocratie*
L’abomination du 7 octobre 2023 menée par le Hamas et ses séides, ses 1 200 morts, ses otages auraient conduit à la démission plus d’un dirigeant politique, tant la faillite sécuritaire est irréfragable. Les entreprises de billard à huit bandes de M. Netanyahou, sa cécité, ont également une lourde part de responsabilités dans ce drame indélébile.
7 octobre
Une date qui marque personnellement tous les Israéliens car dans un petit pays, tout le monde connait forcément l’une des victimes de ces atrocités ou l’un des otages. L’image la plus appropriée pour fixer ce qui s’est passé, à quelqu’un qui comme moi travaille sur la Seconde Guerre mondiale, pourrait être celle d’Oradour-sur-Glane**.
Ces enfants, parents, grands-parents, massacrés indifféremment. Ces mêmes visages sont ceux de ces Israéliens abattus. Mais ces traits sont également ceux de ces Gazaouis, étrangers aux terroristes du Hamas, sacrifiés au nom de la vengeance d’un Premier ministre, que l’on soupçonne également de mener une guerre personnelle qui lui permet ainsi de rester au pouvoir, encore et toujours soutenu par l’ami américain, le glaçant Trump mais aussi par d’autres réprouvés, comme le « sympathique » Poutine.
Crimes de guerre
La justice israélienne a engagé trois procès contre Benjamin Netanyahou pour corruption, fraude, abus de confiance et son épouse est également sous la menace d’une enquête pour soupçons de harcèlement de témoins et d’opposants.
Un mandat d’arrêt pour « crimes contre l’humanité et crimes de guerre » a été lancé par les juges de la Cour pénale internationale (CPI) contre ce dirigeant cynique, qui contribue très largement à la déstabilisation du monde. Un pionnier en la circonstance. Voilà aujourd’hui que ce chef de gouvernement avance en contrôlant la zone démilitarisée du Golan (Syrie) et le sud-Liban et ouvertement vers une conquête de Gaza. Puis la Cisjordanie ?
Une position qui sans être surprenante ébranle une partie des juifs d’Israël et du monde, favorables à l’instauration de deux états. Ainsi Delphine Horvilleur, l’une des trois femmes rabbins de France qui vient d’exprimer « sa douleur » de voir Israël « s’égarer dans une déroute politique et une faillite morale » après l'annonce d'un plan de « conquête » de Gaza.
Et nous ?
L’autre interrogation qui vient souvent interpeller mes journées est celle-ci : si moi, si mes proches, mes amis, nous vivions dans la prison de Gaza parce que nés là-bas, comment réagirions-nous ? En ayant pour voisins, plus de 40.000 morts ?*** Combien clairement identifiés du Hamas ? Vivrions-nous dans un prudent silence pour conserver le maigre acquis, celui d’être autorisé à vivre… provisoirement. Quel avenir baliserions-nous pour nos enfants ?
Ou nous engagerions-nous, face à cette tristesse absolue, pour pouvoir disposer d’une liberté comme celle dont bénéficient les Européens ? Pour simplement améliorer l’ordinaire et vivre avec un minimum d’espoir.
Entre les extrémismes d’où qu’ils viennent et qui se renforcent, les récupérateurs politiques obscènes d’une situation qu’ils semblent découvrir (LFI en France mais pas que) et qui relancent l’antisémitisme, il est tant d’interroger notre tranquillité occidentale trop souvent à géométrie variable. Et comme l’académicien Jacques Soustelle se dire, en son temps, que « Celui qui triomphe n’a pas forcément raison et le vaincu n’est pas condamné par sa défaite ».
*Titre de l’ouvrage de Charles Enderlin, Seuil 2023
** 643 femmes, enfants, hommes et vieillards massacrés le 10 juin 1944 dans cette commune de Haute-Vienne, par les SS de la division « Das Reich »
***Le plus couramment avancé.
Photo : ©X.