Dans l’armée russe, mieux vaut ne pas être blessé
« Les soldats touchés savent qu’ils sont susceptibles de pas être évacués, leurs camarades refusant de prendre le risque d’être ciblés à leur tour par des frappes ukrainiennes » détaille un militaire français. Secourir un camarade blessé expose également au repérage des drones ukrainiens. En outre, lorsque ceux-ci sont récupérés, ils sont pris en charge par un système de santé qui ne possède pas le savoir-faire pour traiter des blessés au combat, avec notamment des structures médicales sous-équipées.
Abandon
Dans ce panorama bien sombre, ajoutons que la propagande russe ayant diabolisé l’ennemi, la croyance parmi les militaires des FAFR* est largement répandue que tout blessé sera torturé ou sommairement abattu par les Ukrainiens. De quoi accroître le sentiment d'abandon chez les soldats blessés. Depuis 2022, « l’opération militaire spéciale » aurait fait 500.000 blessés selon différentes sources.
Stigmatisation
Ceux-ci n’attendent donc pas grand-chose de l’institution militaire et de la société civile qu’ils savent méprisantes à leur égard. « Ils sont marginalisés à leur retour à la vie civile » témoigne Dimitri (le prénom a été modifié), un quadragénaire russe réfugié en France dont l’un des proches a été blessé en Ukraine. « Ils sont vus comme des fardeaux alors que la propagande du Kremlin glorifie la force. Ces infirmes se retrouvent désocialisés. » Car ils représentent une image négative pour la communication officielle. En outre, ils sont vus comme une menace sécuritaire croissante. Selon certains chiffres 100 000 d’entre eux souffriraient de stress post-traumatique non traité. Cette armée russe, dont le système hiérarchique favorise toujours la brutalité, enregistre également des suicides de soldats blessés. 250 cas ont été documentés.
*Forces armées de la Fédération de Russie
Photo : @CNN