mardi 29 mai 2012

Qui a tué Jérôme Muriaux ?

Il est mort un vendredi 13. Il s’appelait Jérôme Muriaux et était avocat au barreau de Paris. Il a été victime de l’explosion d’une grenade. Qui lui aurait été offerte, deux jours plus tôt, « par un ami ».

Sources et journalistes

Les journalistes via les sites respectifs de leurs rédactions, reprennent immédiatement  une  dépêche de l’AFP, dont le titre sera maintes fois utilisé : Un avocat tué par l’explosion accidentelle d’une grenade dans son cabinet à Paris. Ces informations ont été fournies par des « sources policières ». On y apprend ainsi que Jérôme Muriaux, né en 1967 « et réputé comme collectionneur d’armes, selon les tous premiers éléments de l’enquête… » avait « commandé des grenades, sans doute à un ami, et les a reçues par La Poste, vendredi à son cabinet ». Un journaliste de francesoir.fr qui traite cette brève est plus prudent : Muriaux « aurait été collectionneur d’armes ». Un  confrère du parisien.fr, pose le lendemain, au début de son papier, les hypothèses qui seraient à l’origine de la mort de l’avocat : « Un drame de l’imprudence ou de l’inconscience? ». Suit un long week-end de trois jours.... Aujourd’hui, tout conduit à penser que ces deux pistes ne conduisent à rien. Parce que tant du côté de son entourage que de son milieu professionnel, personne n’a jamais vu l’avocat s’intéresser aux armes.

Un appât facile ?
« Jérôme était fasciné par les services secrets », explique un de ses confrères. Cet intérêt pour le monde de l’ombre lui serait venu, confie un proche, de son service militaire effectué en  coopération en Roumanie, alors que le pays était en train de vivre sa brève révolution qui conduisit à la chute des Ceaucescu ». Un autre se souvient qu’il avait connu dans ce pays une première « très grosse frayeur » avec la Securitate. Dans cette Roumanie post-dictature, J. Muriaux  rencontre le nouveau Premier ministre, le francophile Petre Roman. Puis, le jeune homme rentre à Paris et devient avocat. « Un bon professionnel, qui adorait attirer l’attention » se rappelle l'un. « Pour cela », complète un autre, « il n’hésitait jamais à utiliser la provocation » mais tous sont d’accord pour dire que c’était un homme trop gentil, qui par certains côtés était resté un enfant : rêveur, candide, trop confiant…
Homme au carnet d’adresses fourni, Jérôme Muriaux semblait trouver de l’adrénaline dans certaines affaires. Avocat d’Henri Antona, vice-président de l’assemblée de Corse et ancien patron de Tecni, filiale de la Générale des eaux spécialisée dans le chauffage, dont il fut question dans les marchés truqués des HLM de Paris, « il approcha les réseaux Pasqua. Il aimait s’en vanter ». Muriaux était fasciné par de telles rencontres. « Plus généralement,  je lui recommandais la prudence », lance ce témoin, « car il pouvait facilement se laisser embarquer. C’était un appât idéal ».

Ses fréquentations
Par qui s’est donc laissé embarquer cet avocat qui venait de fêter son quarante cinquième anniversaire ? Il avait été révolté par la mort d’enfants tués par Mohamed Merah à Toulouse. Il était outré par les images de cadavres d’enfants en Syrie. Il voulait faire quelque chose. Est-ce pour cela qu’il s’était rendu à Washington le 11 mars dernier ? Etait-ce pour d’autres raisons ? Au même moment, il avait organisé l’interview d’un leader de la résistance syrienne avec un journaliste parisien. Il est rentré le 13, défait. Il avait peur pour sa vie. A un ami d’enfance, il dit  laconique, « Ils ne vont pas me laisser vieillir ! ». A un autre, il lance « Ils me lâchent ! ».

Qui ?
Le 12 avril Jérôme Muriaux a assisté aux obsèques de son ami Claude Poirier, à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher). Il rentre tendu. Une amie de la famille raconte : « Non, il était effondré, effondré ! Il a parlé de son ami qui, avant de mourir, avait perdu son domaine de chasse au Mali. Il aurait voulu se battre pour lui ! ». Le lendemain, il a besoin de plaisanter. C’est ce qu’il fait avec sa collaboratrice. Il prend en main, lui l’homme qui adorait faire des tours de magie, cette grenade, la fait rouler. Il comprend immédiatement qu’elle n’est pas désarmée. Il la récupère, va dans les toilettes. Il sauve ainsi la vie de sa collaboratrice mais pas la sienne….

Pourquoi ?
Jérôme Muriaux avait-il été « recruté » ? Par qui ? Sa mort est-elle un message que seuls les initiés peuvent décoder ? Pour l’instant aucune réponse. En aura-t-on un jour ? Paris-Match qui vient de consacrer une double page à Muriaux (n°3288 du 24 mai 2012)  note également l’insistance de la préfecture de police de Paris à accréditer, dans les heures qui ont suivi la mort de l’avocat, la thèse de « l’homicide involontaire ». Et ce par l’intermédiaire de deux hauts fonctionnaires, le directeur de cabinet puis de son adjoint. L’amie de la famille, de son côté, s’interroge sur la perquisition qui a suivi au domicile de l’avocat : « Pourquoi plus de quarante fonctionnaires auraient été mobilisés pour un simple accident ? Pourquoi la perquisition a-t-elle duré cinq heures ? ». Jérôme Muriaux, père de jumelles, devait se marier le 12/12/2012.

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