Qui a tué Jérôme Muriaux ?
Il est mort un
vendredi 13. Il s’appelait Jérôme Muriaux et était avocat au barreau de Paris.
Il a été victime de l’explosion d’une grenade. Qui lui aurait été offerte, deux
jours plus tôt, « par un ami ».
Sources et journalistes
Les journalistes via les sites respectifs de leurs
rédactions, reprennent immédiatement une dépêche de l’AFP, dont le
titre sera maintes fois utilisé : Un
avocat tué par l’explosion accidentelle d’une grenade dans son cabinet à Paris.
Ces informations ont été fournies par des « sources policières ». On
y apprend ainsi que Jérôme Muriaux, né en 1967 « et réputé comme
collectionneur d’armes, selon les tous premiers éléments de l’enquête… »
avait « commandé des grenades, sans doute à un ami, et les a reçues par La
Poste, vendredi à son cabinet ». Un journaliste de francesoir.fr qui traite cette brève est plus
prudent : Muriaux « aurait été collectionneur d’armes ».
Un confrère du parisien.fr,
pose le lendemain, au début de son papier, les hypothèses qui seraient à
l’origine de la mort de l’avocat : « Un drame de l’imprudence ou de
l’inconscience? ». Suit un long week-end de trois jours.... Aujourd’hui,
tout conduit à penser que ces deux pistes ne conduisent à rien. Parce que tant
du côté de son entourage que de son milieu professionnel, personne n’a jamais
vu l’avocat s’intéresser aux armes.
Un appât facile ?
« Jérôme était fasciné
par les services secrets », explique un de ses confrères. Cet intérêt pour
le monde de l’ombre lui serait venu, confie un proche, de son service militaire
effectué en coopération en
Roumanie, alors que le pays était en train de vivre sa brève révolution qui
conduisit à la chute des Ceaucescu ». Un autre se souvient qu’il avait connu
dans ce pays une première « très grosse frayeur » avec la Securitate.
Dans cette Roumanie post-dictature, J. Muriaux rencontre le nouveau
Premier ministre, le francophile Petre Roman. Puis, le jeune homme rentre à
Paris et devient avocat. « Un bon professionnel, qui adorait attirer
l’attention » se rappelle l'un. « Pour cela », complète un
autre, « il n’hésitait jamais à utiliser la provocation » mais
tous sont d’accord pour dire que c’était un homme trop gentil, qui par certains
côtés était resté un enfant : rêveur, candide, trop confiant…
Homme au carnet d’adresses
fourni, Jérôme Muriaux semblait trouver de l’adrénaline dans certaines
affaires. Avocat d’Henri Antona, vice-président de l’assemblée de Corse et
ancien patron de Tecni, filiale de la Générale des eaux spécialisée dans le
chauffage, dont il fut question dans les marchés truqués des HLM de Paris,
« il approcha les réseaux Pasqua. Il aimait s’en
vanter ». Muriaux était fasciné par de telles rencontres. « Plus
généralement, je lui recommandais la prudence », lance ce témoin,
« car il pouvait facilement se laisser embarquer. C’était un appât
idéal ».
Ses fréquentations
Par qui s’est donc laissé
embarquer cet avocat qui venait de fêter son quarante cinquième
anniversaire ? Il avait été révolté par la mort d’enfants tués par Mohamed
Merah à Toulouse. Il était outré par les images de cadavres d’enfants en Syrie.
Il voulait faire quelque chose. Est-ce pour cela qu’il s’était rendu à
Washington le 11 mars dernier ? Etait-ce pour d’autres raisons ? Au
même moment, il avait organisé l’interview d’un leader de la résistance syrienne
avec un journaliste parisien. Il est rentré le 13, défait. Il avait peur pour
sa vie. A un ami d’enfance, il dit
laconique, « Ils ne
vont pas me laisser vieillir ! ». A un autre, il lance « Ils me lâchent ! ».
Qui ?
Le 12 avril Jérôme Muriaux a assisté
aux obsèques de son ami Claude Poirier, à Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher). Il
rentre tendu. Une amie de la famille raconte : « Non, il était effondré,
effondré ! Il a parlé de son ami qui, avant de mourir, avait perdu
son domaine de chasse au Mali. Il aurait voulu se battre pour lui ! ». Le
lendemain, il a besoin de plaisanter. C’est ce qu’il fait avec sa
collaboratrice. Il prend en main, lui l’homme qui adorait faire des tours de
magie, cette grenade, la fait rouler. Il comprend immédiatement qu’elle n’est
pas désarmée. Il la récupère, va dans les toilettes. Il sauve ainsi la vie de
sa collaboratrice mais pas la sienne….
Pourquoi ?
Jérôme Muriaux avait-il été
« recruté » ? Par qui ? Sa mort est-elle un message que
seuls les initiés peuvent décoder ? Pour l’instant aucune réponse. En
aura-t-on un jour ? Paris-Match qui vient de consacrer une double page
à Muriaux (n°3288 du 24 mai 2012) note également l’insistance de la
préfecture de police de Paris à accréditer, dans les heures qui ont suivi la
mort de l’avocat, la thèse de « l’homicide involontaire ». Et ce par
l’intermédiaire de deux hauts fonctionnaires, le directeur de cabinet puis
de son adjoint. L’amie de la
famille, de son côté, s’interroge sur la perquisition qui a suivi au domicile de
l’avocat : « Pourquoi plus de quarante fonctionnaires auraient été
mobilisés pour un simple accident ? Pourquoi la perquisition a-t-elle duré
cinq heures ? ». Jérôme Muriaux, père de jumelles, devait se marier le 12/12/2012.
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