Le renseignement de mesure et de signature.

Comment s’obtient un renseignement ? Par source humaine (HUMINT) ou technique : électromagnétique (ROEM ou SIGINT), images, optique infrarouge ou radar (ROIM). Les technologies dans ces domaines permettent aujourd’hui d’obtenir un renseignement de plus en plus précis.
Ancien  officier-marinier qui effectua une partie de sa carrière dans la branche technique du renseignement militaire, Emmanuel Remy  -aujourd’hui consultant- est un spécialiste d’un autre domaine d’acquisition du renseignement, le MASINT.
Q : MASINT, à savoir Renseignement de mesure et de signature. Domaine qui tend à une précision sans cesse accrue ?
R : Oui, il s’agit de pouvoir identifier à partir de caractéristiques propres et intrinsèques un élément observé. Par exemple, les signatures de tel véhicule par les vibrations qu’il occasionne au sol lors de son passage, la structure de tel immeuble par le matériau qui le compose ou encore l’identification d’activité industrielles en fonction des particules émises dans l’atmosphère et ceci à des milliers de kilomètres de distance.
Quels sont les enjeux de ce nouveau domaine ?
Ils sont de deux ordres, l’un pour le renseignement lui –même qui va gagner en précision, en profondeur de pertinence et en avancées technologiques, l’autre pour les acteurs industriels qui voient là s’ouvrir un nouveau champ de développement de systèmes d’acquisition et de traitement considérant le volume de données à traiter.
Qui sont les industriels concernés ?
A terme, les grands groupes seront sans aucun doute les acteurs principaux du domaine. Cependant dans un premier temps, le développement de ces technologies est plutôt le fait de petites structures ou d’entités liées à la recherche. Il faut considérer que le spectre des technologies intéressant le MASINT est vaste et souvent dual. Seule la maturité du domaine et le rassemblement des systèmes d’acquisition et de traitement justifiera l’implication des grands industriels dont les échelles de marchés sont plus "dimensionnantes".
Qui en est leader?
Les Etats-Unis sont, je vais dire "naturellement" leaders en la matière. En effet leur échelle et leur pragmatisme leur ont fait prendre en compte et développer le domaine du MASINT depuis déjà plusieurs années.  D’autres nations s’intéressent au MASINT de façon plus ou moins isolées et on peut déplorer un manque d’engagement européen capable de lancer une vraie dynamique de développement de ce domaine.
Pour quelles raisons ?
Comme je le disais précédemment, le domaine est technologiquement très étendu et inspiré de développements souvent liés aux applications civiles. D’autre part, il répond à des besoins non encore fédérés comme peuvent l’être le ROIM ou le ROEM. Enfin, des dynamiques dispersées et d’évidentes notions de souveraineté sont autant de frein à une prise en compte communautaire. Le risque majeur est de voir ce domaine contraint à des standards que nous ne pourrons que suivre.
Et la France ?
La France n’est pas en reste et a parfaitement compris les enjeux au moins opérationnels de ce nouveau domaine. Cela nécessitera un investissement  conséquent dans la durée, en termes de systèmes et de ressource humaine. Mais on peut croire que la dynamique est  lancée. Il faut aussi comprendre que les enjeux d’intégration interalliés sont fortement présents. En particulier, à l’heure d’une optimisation des moyens dans le cadre d’opérations conjointes.



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