L'avenir syrien


Le pouvoir syrien est enfermé dans le déni. Tombera-t-il pour autant ? Difficile à prévoir, même si, ces dernières heures, le leader des druzes libanais, Walid Joumblatt, le pronostiquait.
Les printemps arabes ne sont pas reproductibles à l’infini, bien que l’onde de choc soit considérable. A l’aune de cette récente expérience, et même si personne dans les chancelleries ne se hasarde à le formuler ainsi, la percée des partis islamistes en Tunisie et en Egypte, la déstabilisation du Yémen incitent les gouvernements occidentaux à une prudente réflexion. Qui pour succéder à un Bachar-el-Assad qui compte toujours des soutiens sur la scène internationale ? Les ennemis de mes ennemis ne sont-ils pas mes amis ?
La situation régionale fait du gouvernement israélien l’un des plus réticents aux changements, bien que le déchirement des pays arabes sur le sujet, réjouisse. Mais par dessus tout, Tel-Aviv craint l’aventurisme à ses frontières. C’est pour cette raison qu’Israël reste partisan d’un statut-quo. Raisonnement qui repose, en particulier, sur les importants stocks de munitions détenus par Damas. Où ces armes iraient-elles ? Seraient-elles transférées, dans les derniers instants du régime Al-Assad, au Hezbollah libanais ? A d’autres factions proches du pouvoir syrien ? En Iran ? Tomberaient-elles dans les mains d’une opposition hétérogène ? Et ensuite ? Le scénario libyen interpelle bien des gouvernements arabes et occidentaux. Dont beaucoup penchent pour l'envoi, (par le conseil de sécurité) de l'ONU, d'une force internationale, idée que pourrait vendre Moscou à son allié syrien.
Dernier élément, non négligeable. La campagne électorale française puis celle à venir aux Etats-Unis recentrent les préoccupations des politiques de ces pays sur leur propre avenir. Bachar-el-Assad le sait. Pour lui, la crise financière tombe également "à pic". La Syrie ne devrait pas constituer un enjeu électoral durant ces prochaines semaines. La Syrie risque donc de redevenir lointaine, « cet Orient compliqué », cher au général de Gaulle. Reste une réalité, la matérialité du terrain. Cinq mille opposants, des gens courageux, sont morts en Syrie. 

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