Marie-Antoinette en Syrie
C’était en décembre 2010. Paris-Match publiait une photo du couple Assad,
hilare. « Le président syrien et sa femme
se sont offerts une escapade amoureuse dans la plus romantique des
capitales » précisait l’hebdomadaire, en marge de la visite officielle
qu’effectuait le chef d’état à Paris. Les formules les plus flatteuses étaient
alors employées, de par le monde, pour qualifier la très belle jeune
femme : « Lumière dans un pays plein de zones d’ombre » pour
certains, « rose du désert » ou « Carla Bruni de Syrie »
pour d’autres. Celle-ci offrait une image alternative du pays, apparaissant
comme un vecteur de communication fort utile au régime. Un mirage, pour les
opposants.
Elevée à
Londres par des parents amis du père de son futur mari, Hafez-el-Assad qui régna sur
la Syrie trente ans, de 1970 à 2000, Asma Asma-al-Akhras est diplômée
en informatique et en littérature française du King’s College où elle a vécu les vingt premières années de sa vie.
C’est dans le secteur bancaire qu’elle débute sa vie professionnelle. Elle se frotte aux hedge funds à la Deutsche Bank, puis aux fusions
et acquisitions à la banque JP
Morgan à Londres et à New
York, et compte poursuivre des études à Harvard quand elle rencontre
Bachar-el-Assad, qu’elle épouse en 2000. Un mariage compliqué car dans la
famille, alaouite, certains s’opposent à l’arrivée de cette sunnite.
Dans les dix premières
années de cette union, son engagement social apporta un peu d’espoir de
modernité à beaucoup de Syriens. Depuis le soulèvement, en revanche elle n'a
fait preuve que de silence et de froideur. Aujourd’hui, « la première
dame » glamour mais qui sait parfaitement être distante, est qualifiée par
beaucoup d’observateurs et d’internautes, de « Marie-Antoinette de Damas ».
Mais aurait-elle voulu manifester de la compassion, les durs du régime
l’auraient-ils laissé faire ?
L’année dernière, le
quotidien britannique The
Indépendant évoquait cet
autre visage d’Asma-el-Assad alors que fin septembre, elle avait invité un
groupe d’humanitaires pour discuter de sécurité. Pendant l’entretien, Asma El-Assad s’est trouvée devant des témoins
directs des violences commises par le régime de son mari. Pourtant, selon un
bénévole qui faisait partie du groupe, cette femme (...) mère de trois
enfants a semblé totalement indifférente en apprenant le sort réservé aux
manifestants.
Mercredi, elle était souriante aux côtés de son mari
lors d’une manifestation de soutien à Damas. En 2009, sur la chaine américaine d’informations CNN, Mme Assad évoquait les
souffrances des enfants de Gaza, dévastée par une offensive israélienne.
« C’est le XXIe siècle, dans quelle partie du monde ces choses
arrivent-elles encore ? ». Cette déclaration qui n’a rien perdu de son
actualité s'applique, in extenso en janvier
2012, à la Syrie du clan.