François de Rugy, co-président du groupe parlementaire Vert à l’Assemblée nationale, « Le défilé militaire du 14 juillet fait partie de la fête nationale ».
Député Europe écologie les Verts (EELV) de Loire-Atlantique, François de Rugy est co-président du groupe parlementaire Ecologiste à l’Assemblée nationale. Pour son deuxième mandat, ce trentenaire a intégré la commission de la défense.
C’est donc la première fois qu’un écologiste siège à la commission de la défense….
Oui. Il n'y a des députés écologistes à l'Assemblée nationale que depuis 1997. Mais il n'y en avait jamais eu suffisamment pour constituer un groupe et siéger dans toutes les commissions. Depuis les élections législatives des 10 et 17 juin derniers, nous sommes 17 député-e-s : nous pouvons donc avoir au moins un, une député-e dans chacune des commissions, qui sont au nombre de huit.
Ce n’est pas un hasard si vous, vous participez aux travaux de celle de la défense ?
Il y a une volonté politique d'abord : celle d'intervenir dans tous les débats de l'Assemblée nationale. Nous pensons que le mouvement écologiste, qui a montré une vraie légitimité au niveau local et régional, souffre encore en France d'un déficit de crédibilité sur la politique nationale. Pour combler ce déficit, il nous faut travailler l'ensemble des sujets traités par le gouvernement. La défense fait partie des plus importants d'entre eux. Il y a aussi une raison plus personnelle : j'ai toujours gardé un oeil sur les questions de défense. Peut-être est-ce mon histoire familiale qui m'a marqué ? Mon grand-père paternel, que je n'ai jamais connu, est mort en service en tant que pilote de l'armée de l'air. Mon grand-père maternel, instituteur de profession, était lui officier de réserve : il a été fait prisonnier sur la ligne Maginot en 1940.
Votre parti, Europe Ecologie les Verts (EELV) ayant soutenu François Hollande lors du deuxième tour de la présidentielle, deux des vôtres siégeant au gouvernement, il parait logique que vous participiez à tous les débats de société y compris ceux dans lesquels, comme la défense et les affaires étrangères, vous vous faites rare ?
Oui, cela renvoie à ce que je disais quant à un certain déficit de crédibilité sur la politique nationale. Il nous faut, en quelque sorte, combler des lacunes. Je veux préparer les grands débats à venir : re-définition des missions des armées françaises pouvant impliquer un nouveau format et des nouvelles priorités d'équipement, loi de programmation, actions de coopération européenne et internationale…
Votre vision ne se limitera donc pas à la seule dissuasion nucléaire ?
Bien sûr que non. Si je voulais être provocateur, je dirais que celle-ci me paraît aujourd'hui presque secondaire. La dissuasion nucléaire continue à jouer un rôle certain dans les équilibres internationaux : peut-on encore parler d'équilibre de la terreur? Comment faire face concrètement au risque de dissémination et de prolifération nucléaires? Comment participer au désarmement multilatéral? Comment réduire son coût pour la France ? Comment l'inscrire dans une démarche de défense européenne? Autant de questions qui méritent débats et décisions mais qui ne doivent pas occulter les autres débats et surtout les menaces face auxquelles la dissuasion nucléaire est impuissante (guerres civiles, révoltes nationales, terrorisme...). Je ne veux pas tomber dans le cliché "écolos = anti-nucléaire" sans développer la moindre autre forme de réflexion.
Assisterez-vous demain au défilé à Paris ou à Nantes ?
Je serai à Nantes pour ce 14 juillet... Où il n'y a plus de défilé depuis que les 900 militaires qui étaient à Nantes ont quitté la ville dans le cadre de la restructuration des armées voulue par Nicolas Sarkozy et Hervé Morin. Une prochaine année, j'assisterai au défilé du 14 juillet à Paris. Je suis attaché à cette tradition qui est indissociable de l'histoire de la République française.
Eva Joly, votre candidate à la présidentielle avait crée la polémique en proposant la suppression du défilé militaire du 14 juillet. Une déclaration qui ne semble plus d’actualité pour les Verts ?
Cette déclaration avait semé un trouble légitime... Avant bien d'autres... Pour moi les choses sont claires : le défilé militaire du 14 juillet fait partie de la fête nationale, parce que le fait que le peuple puisse se lever en armée fait partie intégrante de l'histoire de la Révolution française. Avec une armée de métier, le succès qui demeure d'une telle manifestation montre non seulement le lien qu'il y a entre le peuple français et son armée mais aussi très concrètement que c'est le militaire qui est au service du politique et non l'inverse.