Seconde Guerre mondiale, la mémoire des villes réprouvées


Je traitais dans mon dernier post, de la mémoire du 10 juillet 1940. Hier soir, je regardais, une nouvelle fois Le chagrin et la pitié sur Arte. Les témoignages recueillis il y à quarante ans, à Clermont-Ferrand et en Auvergne, qui constituent le périmètre géographique de l’étude de ces années noires, sont excessivement intéressants. Le film, que nous n’avions pu voir à ses débuts à la télévision est un outil pédagogique indispensable. Il constitue, comme l’histoire, un lien entre les vivants et les morts. Aujourd’hui,  nous sommes, face à l’horizon. Bientôt, les témoins de la Seconde Guerre mondiale auront disparu.
Ce passé obsède tant notre présent. Il est toujours difficile de briser le tabou de Vichy et de débattre, encore sereinement du sujet. Vivre avec ces années là est un exercice délicat. C’est un peu comme être contraint de ne pas se salir en mangeant de la confiture, les yeux bandés.
Le noeud est encore plus difficile à desserrer pour ces communes dont le nom est lié à la politique de la collaboration, lieux de l’expiation pétainiste. Aucune ne l’a réellement choisi. Mais, face à l’inusable non-dit, elles sont condamnées à en souffrir encore longtemps. La sous-préfecture de l'Allier au premier chef qui semble être figée depuis 1945 et qui ne sait comment se débarrasser de l’État français dont elle fut la capitale. Montoire est aussi un cas intéressant. Que faire des poignées de main Pétain-Hitler du 24 octobre 1940, et Hitler- Laval (22 octobre) ? Il aura fallu attendre le début du XXIe siècle pour qu’un musée édifié dans l’ancienne gare rappelle ces événements. Comment assumer cet épisode ? Une contorsion de vocabulaire a été nécessaire : les panneaux indicateurs, à l’intérieur de la commune, indiquent « la gare historique » et le musée porte le nom quelque peu romantique de « musée des rencontres ». Un colloque se dessine dans mon esprit, qui réunirait les élus des villes « réprouvées » telles que Vichy, Montoire, Beaune-la-Rolande, Compiègne, Drancy, Gurs... Mais aussi de lieux de souffrance : Oradour-sur-Glane, Tulle, Vassieux-en-Vercors, Chateaubriant... Que répondre, aujourd’hui, à ce passé ? L’ignorer ? Ce serait comme botter le derrière du monde réel !




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