Histoire de Camerone, Jean-Marc Tanguy


                                                  Camerone à Camerone
                                                   Par Jean-Marc Tanguy, journaliste  (1)




En avril 2010 (1), Hervé Morin décide d'aller fêter Camerone à Camerone (Mexique) avec un détachement du 2e REI. Ce déplacement a aussi des visées diplomatiques (se rabibocher avec le Mexique, après la brouille consécutive au dossier Florence Cassez) et commerciales (ventes d'hélicoptères).
Via un Boeing 727 de la marine mexicaine, puis un hélicoptère CH-53 de l’armée de l’air locale, nous arrivons dans un petit village typique du fin fond du Mexique, qui s'est transformé lui aussi pour l'occasion. La venue de Français est l'évènement de l'année, sur lequel compte capitaliser le gouverneur de l'état de Vera Cruz, qui pourrait être appelé à d'autres fonctions.
Le village est pauvre, mais digne, et la population, comme souvent en Amérique du Sud en pareil cas, a tenu à recevoir ses visiteurs avec faste. Devant la modestie de leur habitat, je mesure l'effort que cela a représenté pour eux. Il y a des reines de beautés locales à cheval, et une équipée de cavaliers, chapeau de cow-boy sur la tête.
Pour toutes ces raisons, les légionnaires qui en ont pourtant vu d'autres sont évidemment saisis par l'émotion. L'accueil de la population est extraordinaire, avec des vivats. Une première cérémonie a lieu devant le mémorial qui célèbre le courage des Français et des Mexicains (en français et en espagnol), puis dans ce qui est devenu, aujourd'hui, une petite école primaire. Traversée du village, sous l'oeil curieux des autochtones, qui saluent les légionnaires. Ces derniers leur renvoient leurs saluts de la main.

                                                                        Le mémorial                 (photo jmt)

Un dernier discours, sous un même soleil de plomb, devant ce qui est présenté comme le reste de l'hacienda dans laquelle les légionnaires ont résisté, à l'époque. Une délégation de l'école d'infirmières militaires toute proche a aussi fait le déplacement sur cette place d'armes improvisée. Les Mexicains lorgnent les infirmières, les Mexicaines lorgnent les légionnaires qui ont fière allure malgré la canicule ambiante.

                                                                    L'hacienda                      (photo jmt)

Une fois les cérémonies terminées, je m'engouffre à l'intérieur de l'hacienda, devenue une sorte de petit bazar, poursuivant une escouade de képis blancs. Déjà des vétérans de l'AALE ont pris possession du coeur de l'hacienda, ombragé et fourni par la population en alcools locaux. Tout est frais, ce qui permet de reconstituer la température interne des corps.
Les gosiers français font honneur à la générosité mexicaine, et parfaitement huilés, entonnent les champs légionnaires. Les Mexicaines semblent goûter l'ensemble, posent question sur question. Et veulent, comme à l'extérieur, se faire prendre en photo avec les légionnaires.
De mon côté, je croise un vétéran légionnaire qui a fait l'Indochine, humble. Comme les autres membres du groupe de l'AALE, il est frappé par l'émotion du moment. En ce jour de Camerone, il me parle de l’Indochine de laquelle il est revenu presque par miracle. Un petit cercle se forme pour écouter.

                                                                Dans les rues                      (photo jmt)

Chacun, avec les moyens du bord, est reparti, qui, avec un caillou, une poignée de terre. Les uns et les autres sont encore là, dans un globe de verre, à côté de l'ordinateur, alors que j'écris cet article.

(1) : Jean-Marc Tanguy est le créateur du blog Le Mamouth. Il est également journaliste à Raids. http://lemamouth.blogspot.fr/

    

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