Après Medvedev-Poutine, voici Poutine-Medvedev
Je ne sais pas quel message envoyer à mon ami Dima (contraction de Dimitri), à Moscou. L'interroger sur sa perception de la présidentielle ? Ce n'est pas la peine. Je connais déjà sa réponse.
- Personne ne serait allé voter, on aurait eu le même résultat, devrait-il me répondre dans son français parfait. Nous sommes gouvernés par des voleurs et des mafieux, ajouterait-il.
C'est d'ailleurs ce que vient de déclarer Guennadi Ziouganov, le candidat communiste qui juge le scrutin absolument malhonnête. C'est ce que disent également les observateurs étrangers, mais cette déclaration est captivante émanant d'un homme formé à l'école du parti, spécialiste pendant soixante dix ans de trucages, bourrages et autres tours de magie électoraux...A ce propos, félicitons l'heureux vainqueur pour son score en Tchétchénie : 99,73 %.
Dima lui n'est pas coco, il assiste aux tours de passe-passe politiques. Aujourd'hui, par ordre d'apparition à l'image : Poutine-Medvedev. Quand j'étais enfant ma mère me chantait cette chanson :
- Je te tiens, tu me tiens par la barbichette...
Qualifier le vainqueur d'homme fort est arithmétiquement juste. Mais politiquement ? Là, ce serait hasardeux. Car ce mandat devrait être le plus délicat qu'effectuera VP. Sur le plan intérieur où les opposants attendent un visage pour les fédérer (ce qui n'est pas le plus aisé) ; sur le plan extérieur, où le niet, ne pourra pas être utilisé à tout bout de champ. VP a bombé le torse pendant cette campagne, relevé le menton mais cela ne règle pas, par exemple, le dossier syrien. En ce début d'après-midi, Bachar l'ami damascète s'est félicité de son élection... Maintenant, le "souriant" ex-colonel du KGB (mais qui a toujours du mal à sourire) qui ne donne jamais dans la souplesse, aurait certainement intérêt à jouer le "gagnant-gagnant" avec ses partenaires étrangers, c'est-à-dire négocier son infléchissement pour obtenir des contreparties sur d'autres dossiers. Je le concède, ce n'est pas le genre de la maison Russie.
Il serait prétentieux de croire qu'il est le maître de l'empire (neuf fuseaux horaires) et en cela incontesté. L'histoire nous apprend à relativiser : tous les empires se lézardent...
Mais pour l'heure VP compte ses amis. Dans quel délai ses pairs lui adressent-ils leurs félicitations ? Dans quels termes ? La subtilité politique est porteuse de beaucoup d'informations. Mme Merkel va appeler son homologue pour lui souhaiter du succès. Le président serbe Tadic veut renforcer les liens avec son allié historique. David Cameron estime le résultat décisif malgré les problèmes. Le président chinois Hu Jintao a rapidement félicité VP apès le succès de l'élection. Paris a pris note, a sobrement commenté, ce matin, le porte-parole du Quai d'Orsay, en attendant les déclarations prochaines du président de la République et du ministre des affaires étrangères. Enfin, François Hollande, traitera avec tous les dirigeants légitimes a déclaré son directeur de campagne, Pierre Moscovici. Intéressante lecture, non ?Alors Dima, courage, courage car il en faut dans cette Russie "nouvelle". Une info mon bon Dima, ici notre président, lui, ne devrait pas être élu au premier tour !