La mémoire d'Ouvéa
Ouvéa ne s’est pas terminée
en 1988, mais un an plus tard, avec l’assassinat sur cette même terre, des
chefs de file indépendantistes Yeiwéné Yeiwéné et Jean-Marie Tjibaou. Ce
dernier ayant signé, quelques mois plus tôt, les accords de Matignon, avec le
leader anti-indépendantiste, Jacques Lafleur. Des accords obtenus par l’engagement
de Michel Rocard, qui allaient mettre un terme au cycle de violence.
Mesure-t-on, aujourd’hui,
les effets assourdissants causés en Nouvelle-Calédonie, (dans tous les milieux),
par cette affaire ?
Le film de Mathieu Kassovitz
« L’ordre et la morale »
actionne les souvenirs. Jusqu’ici des livres, des
documentaires y ont été consacrés. M. Kassovitz a lui-même, dit-il dans ses
interviews, mené une enquête de dix ans. Avec ses collaborateurs ils ont rencontré certains des acteurs, des familles,
des proches pour écrire un scénario. Il revendique un engagement qui n’a pas
été partagé par toutes les familles d’Ouvéa, puisque le film n’a pu y être
tourné.
M.Kassovitz, dessine au
travers de ce long métrage les ressorts de l’affaire, son contexte, les
rapports Elysée-Matignon entre les deux tours d’une élection présidentielle. Et
les jeux d’ombre. Autour de son héros (qu’il joue lui-même), une
opposition gendarmes/armée de terre. C’est un message fort qu’il veut
envoyer. Des acteurs de l’époque eux, le contestent. Je l'ai déjà écrit dans un post précédent, le rôle confié à l’ex-chef
du GIGN pose également problème à un certain nombre de témoins, de subordonnés.
Après l’affaire, les journalistes se souviennent aussi que M. Legorjus n’était
pas dans la critique qui est la sienne aujourd'hui.
Il est maintenant nécessaire que les historiens s'emparent de ces pages calédoniennes. Afin que le lecteur d’archives puisse dégager, sûrement, d’autres informations.
Le présent du passé, c’est la mémoire. A qui appartient celle d’Ouvéa ?
Jeudi soir, le directeur de la Maison de la Calédonie à Paris a pris l’initiative d’une projection privée dans le quartier de l’Opéra. Ensuite, le public s’est retrouvé avec certains des protagonistes. C’est une initiative courageuse car la Maison de la Nouvelle-Calédonie est gérée par les autorités de l’archipel, qui sont elles mêmes divisées.
Il est maintenant nécessaire que les historiens s'emparent de ces pages calédoniennes. Afin que le lecteur d’archives puisse dégager, sûrement, d’autres informations.
Le présent du passé, c’est la mémoire. A qui appartient celle d’Ouvéa ?
Jeudi soir, le directeur de la Maison de la Calédonie à Paris a pris l’initiative d’une projection privée dans le quartier de l’Opéra. Ensuite, le public s’est retrouvé avec certains des protagonistes. C’est une initiative courageuse car la Maison de la Nouvelle-Calédonie est gérée par les autorités de l’archipel, qui sont elles mêmes divisées.
Joel Viratelle, (caldoche)
qui dirige cette représentation, a eu le mot juste : Nous avons vécu beaucoup de
souffrance, aujourd’hui, il faut raisonner en termes d’espérance. Avant
lui, Maki Wea, élu indépendantiste d’Ouvéa, frère de Djubelly, l’homme qui a
tué Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yéweiné, a expliqué qu’il avait accepté de
jouer dans ce film pour envisager la
réconciliation. Pour que l’on puisse se retrouver avec les familles de
gendarmes à Ouvéa. Recevant l’approbation de Marie-Claude Tjibaou, veuve du
signataire des accords de Matignon.
Ceci s’est déroulé à Paris.
Les Calédoniens, eux, ne pourront pas voir le film dans le multiplex de Nouméa, son
directeur ayant déclaré forfait, le jugeant "trop polémique et caricatural". Ils
sont pourtant parmi les premiers concernés. Et si on les laissait simplement
juger ?