mercredi 9 novembre 2011

M. Kassovitz héroïse P. Legorjus



Vingt trois ans après, l’actualité d’aujourd’hui donc fait écho à celle d’hier. En 1988, la Nouvelle-Calédonie vivait l’affaire d’Ouvéa, aujourd’hui celle-ci revient par deux entrées : le film L’ordre et la morale que Mathieu Kassovitz lui consacre et qui sortira le 16 novembre ( qui multiplie les avant-premières en métropole) et un nouvel ouvrage Ouvea, la République et la morale (Plon) écrit par Philippe Legorjus, qui dirigeait le groupement d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) au moment des faits (voir également le quotidien Libération de ce 9 novembre).
En 1990, l’ex commandant du GIGN disait déplorer, dans un premier livre, La morale et l’action (Fixot) sa notoriété nouvelle, née de l’affaire. Aujourd’hui, M. Kassovitz, l’héroïse dans son long métrage. Pour résumer, son personnage central P. Legorjus, un homme qui n’a pas été écouté et qui aurait pu éviter qu’on en arrive là. Choix que le réalisateur explique ainsi dans la préface du dernier livre de l’ex-officier de gendarmerie : je n’aurais jamais approché ce personnage trouble pour certains, traître pour d’autres s’il n’avait pas été un héros pour moi quand, un an et demi après l’assaut d’Ouvéa, il fait le choix de se retirer, avec respect mais conviction, de la vie militaire pour redevenir un civil… afin de ne plus jamais obéir à des ordres quels qu’ils soient, à l’encontre de sa morale personnelle.
Car comme l’évoque le réalisateur, les prises de position de l’ex-chef du GIGN sur la gestion par les politiques du dossier (en métropole mais aussi en Calédonie), ses mises en cause ont suscité des critiques, des polémiques (voir post précédent). Certains lui contestent également le rôle qu’il décrit avoir joué et lui reprochent d’utiliser cette affaire comme un tremplin. Enfin, des ressentiments internes au GIGN ont été également exprimés. Lui balaie ces récriminations. « Ils ne veulent pas voir les évidences et cela me fait mal au cœur !» m’a-t-il répondu, il y a quelques jours. Extraits de cet entretien téléphonique :
-          En 1988-1989, vous n’étiez pas dans la critique ?
-          J’étais imprégné par le moule ; je gardais pour moi des choses discutables. Ce ressenti je l’ai exprimé plus tard.
-          Les reproches qui vous sont faits… ?
-          Je suis extrêmement fier de ce que j’ai fait à Ouvéa !
-          Le film de Mathieu Kassovitz fait de vous un héros…
-          Je n’étais pas favorable au film de Kassovitz. Il a mis du temps à m’apprivoiser...