"Le chevalier de Jérusalem"
Victor K. a imaginé un personnage mystérieux (c’est son métier) et raffiné. Il s’agit de la colonelle Coralie Desnoyers (Athéna) qui commande le service action de la DGSE. Que tout lecteur, certainement, aimerait croiser dans sa vie.
Dans ce tome 4, voici la quadragénaire engagée avec ses personnels dans une troublante et complexe mission en Orient. Le Proche et le Moyen. « L’Orient compliqué » parfaitement nommé naguère par le général de Gaulle. Mission d'ailleurs qualifiée de « quasi-impossible » par l’auteur.
"Le Chevalier de Jérusalem" est encore un roman d'actualité ?
Pleinement. L'objet de la série "Service Action" est d'inscrire la trame romanesque de chaque opus dans les crises contemporaines qui secouent le monde. Et qui hélas ne manquent pas. J'avais un autre sujet en tête pour ce quatrième volume dont j'avais écrit les cent premières pages, jusqu'à cet épouvantable 7 octobre au matin. Tout alors a basculé. Cette fois, le SA est projeté au Proche et Moyen-Orient au service d'une paix impossible.
Pourquoi ce choix ?
Cela a fait immédiatement sens. La position de la France sur le Proche Orient, équilibrée mais acrobatique, permet aussi une nuance de propos intéressante. Aussi, je place mes personnages entre les différents protagonistes de tous les camps. La DGSE et son Service Action doivent s'adapter aux contradictions de la diplomatie.
Est-ce un roman à messages ?
Sur les évènements de Gaza et Israël, j'essaie de ne surtout pas tomber dans le manichéisme, tout en condamnant les actes de barbarie du 7 octobre. Je place le Hamas premier responsable de cette abomination qui ensanglante la Terre sainte depuis. Mais je ne peux pas non plus épargner des dirigeants israéliens cyniques, ni des colons fanatiques. D'ailleurs mon personnage central, le Chevalier de Jérusalem évolue dans un empire de cynisme absolu. En général j'essaie de me départir de tout moralisme, ou de toute leçon en tout cas. Malheureusement, les faits se suffisent à eux-mêmes.
Vous racontez toujours avec beaucoup de pédagogie ?
Je ne sais pas. Lorsque j'écris, le romancier l'emporte sur l'expert. J'essaie d'être plutôt dans le visuel que dans le démonstratif. De "projeter" une image qui parfois est plus parlante que de trop de mots. Souvent, je me sens plus réalisateur qu'écrivain. Mais sans contraintes de production. La première liberté d'un romancier, finalement. Sur le Service Action, oui, j'essaie de relater le quotidien des agents, mais en racontant le fonctionnement de l'unité à travers l'intrigue, et les opérations, dans le seul mouvement.
La posture d'Athéna est de plus en plus délicate ?
Cette fois, "Jupiter", le président de la République, délègue à la cheffe du SA une mission quasi-impossible : retrouver et protéger un personnage fantasmatique au coeur de tous les enjeux, le Chevalier de Jérusalem. Son unité va devoir frapper au Soudan, et elle va se retrouver au plus proche des démons, Ali Khamenei en tête... Mais elle recouvre dans le n°4 une posture de soldat, en servant sans états d'âme.
Sera-t-elle à la tête du SA dans le prochain roman ?
Évidemment oui. Je ne peux pas me passer d'elle. Suis accro. J'ai cette fille dans la peau. J'ai vraiment de l'affection pour mes personnages. Je suis pleinement attaché à cet effectif pourtant fictif, et à Athéna plus encore. Mais elle va douter, c'est certain, parce que la prochaine mission qui lui sera assignée sera lourde à assumer sur le plan éthique.
Comment l'environnement de la "Boîte" perçoit-il vos livres ?
Deux écoles. La première n'est pas fan. Et n'est pas fan en général de ceux qui ont oeuvré pour le Service et écrivent en suivant, des essais comme des romans. Je comprends leur épure. La seconde a compris que la fiction permettait d'imprimer une image de puissance, et une influence certaine. Les Américains et les Britanniques ont intégré pour leur part depuis des décennies le rôle primordial de la fiction, écrite ou audiovisuelle, pour construire une image et une réputation positives pour la CIA ou le MI-6. La DGSE, avec l'adoubement du "Bureau des Légendes", suit l'exemple anglo-saxon. Pour ma part, quels que soient certains grincements de dents, je m'évertue à présenter un visage positif de la "Boîte", à laquelle je serai pour toujours redevable. Je le répète : la DGSE est devenue l'une des toutes premières agences de renseignement au monde, dans le top 3, pleinement respectée par ses homologues. En présentant cette maison sous un angle très dynamique, et réaliste, j'ai ainsi l'impression de continuer à rendre naturellement service sans jamais rien demander en échange pour conserver ma liberté d'écrivain. Ma première exigence.
"Le chevalier de Jérusalem", Victor K, Robert Laffont
Vincent Crouzet alias Victor K. |
Pleinement. L'objet de la série "Service Action" est d'inscrire la trame romanesque de chaque opus dans les crises contemporaines qui secouent le monde. Et qui hélas ne manquent pas. J'avais un autre sujet en tête pour ce quatrième volume dont j'avais écrit les cent premières pages, jusqu'à cet épouvantable 7 octobre au matin. Tout alors a basculé. Cette fois, le SA est projeté au Proche et Moyen-Orient au service d'une paix impossible.
Pourquoi ce choix ?
Cela a fait immédiatement sens. La position de la France sur le Proche Orient, équilibrée mais acrobatique, permet aussi une nuance de propos intéressante. Aussi, je place mes personnages entre les différents protagonistes de tous les camps. La DGSE et son Service Action doivent s'adapter aux contradictions de la diplomatie.
Est-ce un roman à messages ?
Sur les évènements de Gaza et Israël, j'essaie de ne surtout pas tomber dans le manichéisme, tout en condamnant les actes de barbarie du 7 octobre. Je place le Hamas premier responsable de cette abomination qui ensanglante la Terre sainte depuis. Mais je ne peux pas non plus épargner des dirigeants israéliens cyniques, ni des colons fanatiques. D'ailleurs mon personnage central, le Chevalier de Jérusalem évolue dans un empire de cynisme absolu. En général j'essaie de me départir de tout moralisme, ou de toute leçon en tout cas. Malheureusement, les faits se suffisent à eux-mêmes.
Vous racontez toujours avec beaucoup de pédagogie ?
Je ne sais pas. Lorsque j'écris, le romancier l'emporte sur l'expert. J'essaie d'être plutôt dans le visuel que dans le démonstratif. De "projeter" une image qui parfois est plus parlante que de trop de mots. Souvent, je me sens plus réalisateur qu'écrivain. Mais sans contraintes de production. La première liberté d'un romancier, finalement. Sur le Service Action, oui, j'essaie de relater le quotidien des agents, mais en racontant le fonctionnement de l'unité à travers l'intrigue, et les opérations, dans le seul mouvement.
La posture d'Athéna est de plus en plus délicate ?
Cette fois, "Jupiter", le président de la République, délègue à la cheffe du SA une mission quasi-impossible : retrouver et protéger un personnage fantasmatique au coeur de tous les enjeux, le Chevalier de Jérusalem. Son unité va devoir frapper au Soudan, et elle va se retrouver au plus proche des démons, Ali Khamenei en tête... Mais elle recouvre dans le n°4 une posture de soldat, en servant sans états d'âme.
Sera-t-elle à la tête du SA dans le prochain roman ?
Évidemment oui. Je ne peux pas me passer d'elle. Suis accro. J'ai cette fille dans la peau. J'ai vraiment de l'affection pour mes personnages. Je suis pleinement attaché à cet effectif pourtant fictif, et à Athéna plus encore. Mais elle va douter, c'est certain, parce que la prochaine mission qui lui sera assignée sera lourde à assumer sur le plan éthique.
Comment l'environnement de la "Boîte" perçoit-il vos livres ?
Deux écoles. La première n'est pas fan. Et n'est pas fan en général de ceux qui ont oeuvré pour le Service et écrivent en suivant, des essais comme des romans. Je comprends leur épure. La seconde a compris que la fiction permettait d'imprimer une image de puissance, et une influence certaine. Les Américains et les Britanniques ont intégré pour leur part depuis des décennies le rôle primordial de la fiction, écrite ou audiovisuelle, pour construire une image et une réputation positives pour la CIA ou le MI-6. La DGSE, avec l'adoubement du "Bureau des Légendes", suit l'exemple anglo-saxon. Pour ma part, quels que soient certains grincements de dents, je m'évertue à présenter un visage positif de la "Boîte", à laquelle je serai pour toujours redevable. Je le répète : la DGSE est devenue l'une des toutes premières agences de renseignement au monde, dans le top 3, pleinement respectée par ses homologues. En présentant cette maison sous un angle très dynamique, et réaliste, j'ai ainsi l'impression de continuer à rendre naturellement service sans jamais rien demander en échange pour conserver ma liberté d'écrivain. Ma première exigence.
"Le chevalier de Jérusalem", Victor K, Robert Laffont