"Afrique Adieu" de Jean-Pierre Augé
Jean-Pierre Augé a d’abord été officier servant à la Légion étrangère. 2e RE à Corte (1979 à 1981) puis quatre ans au 1er REC (alors à Orange). Ensuite, une nouvelle carrière s’offre à lui, la DGSE pendant près de 20 ans. Cette expérience, celle de l’Afrique noire tant à Paris que sur le terrain comme chef de poste, il la raconte dans Afrique adieu, mémoires publiées chez Mareuil éditions.
- De la Légion à la DGSE, un parcours qui, sans être courant, n’est pas totalement inhabituel ?
Je n’en ai connu que deux, entrés à la Maison comme capitaines. J’en ai accueilli un, lieutenant au REP lorsque je commandais le Secteur Afrique noire.
- Servir dans une telle direction, n’est-ce pas prendre des risques pour le déroulement de la suite de sa carrière militaire ?
C’est un choix. Le « risque » était de ne pas prendre les moyens de réussir le concours de l’Ecole de guerre ! Je l’ai décidé en toute connaissance de cause pour me donner entièrement à mon nouveau métier. Je ne le regrette pas.
- Vous avez toutefois été chef de corps d’un régiment singulier, le 44e RI ?
Effectivement. Être responsable, de 2002 à 2005, en liaison étroite avec la DPMAT* et la chancellerie du MinDef**, de la gestion de carrière de 450 officiers et 750 sous-officiers (recrutement, avancement, et défense des intérêts de la communauté militaire face à des manœuvres internes qui lui étaient peu favorables) fut un honneur.
- Mais avant ce commandement vous avez, notamment, été chef de poste au Niger, au Tchad, en Côte d’Ivoire, avec des situations différentes. Représentant officiel de la « Boîte » avec une mission large et complexe ?
Missions passionnantes, sous couverture diplomatique au Niger, auprès des présidences au Tchad et en Côte d’Ivoire. Entre rebellions, coups d’Etat, complots, élections mouvementées… mes camarades chefs de poste extérieurs de recherche comme moi-même étions bien occupés et bénéficions d’une large initiative.
- Quelles relations nouer avec l’autre chef de poste, diplomatique celui-là, représentant officiel de la France dans le pays concerné ?
L’idéal est que ces relations entre l’ambassadeur et le chef de poste soient excellentes. Leurs missions sont complémentaires. L’un comme l’autre peuvent tirer un grand profit de leur entente. Dans ce domaine, j’ai connu le meilleur et (presque) le pire.
- Vous avez également dirigé ce qui était le secteur SR/N (Afrique noire) à Paris. De quoi est fait alors votre quotidien ?
En premier lieu, comme dans toute unité militaire, veiller à la cohésion et à l’efficacité du Secteur, placer les bonnes personnes aux bons endroits, épauler les chefs de poste confrontés à des situations difficiles, seuls avec leur radio-secrétaire à des milliers de kilomètres de la Centrale, décider de la pertinence des renseignements recueillis avant de décider de leur diffusion aux grands destinataires de la DGSE.
- Votre ouvrage laisse apparaître nombre de conflits de personnes ?
Tout n’est pas aussi « rose « que dans Le Bureau des Légendes. La réalité est souvent plus proche de la série américaine Homeland. Comme je le raconte dans le livre, le « pic » de conflits, heureusement circonscrit, est apparu entre 2000 et 2002. Je n’avais pas connu un phénomène d’une telle ampleur précédemment.
- Des situations préjudiciables au bon fonctionnement de toute entreprise, organisation, institution…
Fort préjudiciables en effet. Motif pour lequel j’en fais état et n’hésite pas à « égratigner » les responsables.
- L’Elysée reproche, semble-t-il, à Mortier de ne pas avoir prévu les récents coups d’État en Afrique ?
Il semble. Je continue néanmoins de penser que les héritiers de SR/N ont fait leur travail avec les moyens dont ils disposaient.
- Vous fournissez au lecteur dans ces 300 pages, un aperçu communicable des missions d’un espion. Vous dites d’ailleurs dans le dernier chapitre « qu’écrire sur la DGSE est une gageure ». La Centrale a-t-elle réagi à la publication de l’ouvrage ?
Pas que je sache.
*Direction du personnel militaire de l'armée de Terre
**Ministère de la défense.
- De la Légion à la DGSE, un parcours qui, sans être courant, n’est pas totalement inhabituel ?
Je n’en ai connu que deux, entrés à la Maison comme capitaines. J’en ai accueilli un, lieutenant au REP lorsque je commandais le Secteur Afrique noire.
- Servir dans une telle direction, n’est-ce pas prendre des risques pour le déroulement de la suite de sa carrière militaire ?
C’est un choix. Le « risque » était de ne pas prendre les moyens de réussir le concours de l’Ecole de guerre ! Je l’ai décidé en toute connaissance de cause pour me donner entièrement à mon nouveau métier. Je ne le regrette pas.
- Vous avez toutefois été chef de corps d’un régiment singulier, le 44e RI ?
Effectivement. Être responsable, de 2002 à 2005, en liaison étroite avec la DPMAT* et la chancellerie du MinDef**, de la gestion de carrière de 450 officiers et 750 sous-officiers (recrutement, avancement, et défense des intérêts de la communauté militaire face à des manœuvres internes qui lui étaient peu favorables) fut un honneur.
- Mais avant ce commandement vous avez, notamment, été chef de poste au Niger, au Tchad, en Côte d’Ivoire, avec des situations différentes. Représentant officiel de la « Boîte » avec une mission large et complexe ?
Missions passionnantes, sous couverture diplomatique au Niger, auprès des présidences au Tchad et en Côte d’Ivoire. Entre rebellions, coups d’Etat, complots, élections mouvementées… mes camarades chefs de poste extérieurs de recherche comme moi-même étions bien occupés et bénéficions d’une large initiative.
- Quelles relations nouer avec l’autre chef de poste, diplomatique celui-là, représentant officiel de la France dans le pays concerné ?
L’idéal est que ces relations entre l’ambassadeur et le chef de poste soient excellentes. Leurs missions sont complémentaires. L’un comme l’autre peuvent tirer un grand profit de leur entente. Dans ce domaine, j’ai connu le meilleur et (presque) le pire.
- Vous avez également dirigé ce qui était le secteur SR/N (Afrique noire) à Paris. De quoi est fait alors votre quotidien ?
En premier lieu, comme dans toute unité militaire, veiller à la cohésion et à l’efficacité du Secteur, placer les bonnes personnes aux bons endroits, épauler les chefs de poste confrontés à des situations difficiles, seuls avec leur radio-secrétaire à des milliers de kilomètres de la Centrale, décider de la pertinence des renseignements recueillis avant de décider de leur diffusion aux grands destinataires de la DGSE.
- Votre ouvrage laisse apparaître nombre de conflits de personnes ?
Tout n’est pas aussi « rose « que dans Le Bureau des Légendes. La réalité est souvent plus proche de la série américaine Homeland. Comme je le raconte dans le livre, le « pic » de conflits, heureusement circonscrit, est apparu entre 2000 et 2002. Je n’avais pas connu un phénomène d’une telle ampleur précédemment.
- Des situations préjudiciables au bon fonctionnement de toute entreprise, organisation, institution…
Fort préjudiciables en effet. Motif pour lequel j’en fais état et n’hésite pas à « égratigner » les responsables.
- L’Elysée reproche, semble-t-il, à Mortier de ne pas avoir prévu les récents coups d’État en Afrique ?
Il semble. Je continue néanmoins de penser que les héritiers de SR/N ont fait leur travail avec les moyens dont ils disposaient.
- Vous fournissez au lecteur dans ces 300 pages, un aperçu communicable des missions d’un espion. Vous dites d’ailleurs dans le dernier chapitre « qu’écrire sur la DGSE est une gageure ». La Centrale a-t-elle réagi à la publication de l’ouvrage ?
Pas que je sache.
*Direction du personnel militaire de l'armée de Terre
**Ministère de la défense.