Les émeutes calédoniennes ont armé les discours opportunistes


@DR

A l’heure où à Nouméa un membre du gouvernement de Nouvelle-Calédonie (indépendantiste) lançait un vibrant appel au calme « La paix n’est pas une option, c’est un devoir ! », des élus métropolitains, députés pour la plupart, jouaient sur X (ex-Twitter) au spin doctor ou au cracheur de mots incendiaires. Alors que face aux émeutes, quelle que soit l’opinion de chacun, ce sont des hommes et femmes de bonne volonté dont on a besoin. Afin que le Caillou soit « Terre de parole, terre de partage » comme l’affirme sa devise.

Colonialisme

Sandrine Rousseau, députée de Paris (EELV) appelait à « trouver la voie de la décolonisation ». Thomas Porte, député de Saint-Saint-Denis (LFI) écrivait que le gouvernement « tente de nier les ravages de la colonisation (…) et se comporte dans la pire tradition coloniale ». Elu du même département, Bastien Lachaud qui siège dans le même groupe politique, condamnait le recours à l’armée pour protéger des sites : « Une caractéristique des régimes autoritaires. L’armée n’est pas formée pour maintenir l’ordre. Elle défend la nation contre ses ennemis. Pas contre des Français et encore contre un peuple colonisé. Naufrage colonialiste ». Pour sa part, Antoine Léaument député de l’Essonne (LFI) visant le gouvernement, parlait d’ « apprentis sorciers de l’autoritarisme » et Danièle Obono, députée de Paris (LFI) avançait un jugement définitif : « Macron est un irresponsable ».Mme Obono et M. Lachaud se sont récemment rendus dans l’archipel.

Vision caricaturale

Comment l’exprimait ces dernières heures sur Facebook, Christian Belhôte, magistrat honoraire, qui connaît le territoire et ses arcanes « Les commentateurs de la crise calédonienne sont prompts à désigner les coupables : le président de la République (qui se rend ce mardi soir sur le terrain), le ministre de l’Intérieur ou le précédent ministre des outre-mer. N’est-ce pas un peu court comme explication ? ». Ou dit par Patrick Roger, qui longtemps au Monde a suivi les méandres de l’outre-mer, « La mise en accusation d’une France coloniale en Nouvelle-Calédonie est caricaturale »*. Il n’est donc pas inutile de rappeler que les indépendantistes dirigent deux provinces sur trois (Nord et Loyauté), le Congrès du territoire et le gouvernement. Et que l’archipel bénéficie d’une large autonomie. Enfin, précision qui n’est pas inutile, Paris injecte 1,5 milliard € annuellement dans cette collectivité d’outre-mer à statut particulier.

* Patrick Roger, Nouvelle-Calédonie, la tragédie, Cerf, sortie le 23 mai.

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