Général Tony Maffeis, directeur de la STAT : « Notre finalité est opérationnelle et son point d’application est le soldat »
Au sein des armées, la Section technique de l’armée de terre est une unité spécifique, héritière du Comité d’artillerie créé en 1795. Elle est, particulièrement, chargée de veiller à la mise à disposition de matériels et d’équipements destinés aux besoins opérationnels des forces aéro-terrestres. « C’est une mission qui s’inscrit dans le temps long » précise son directeur, le général Tony Maffeis qui fut entre 2011 et 2013 chef de corps de la 13e DBLE.
- Vous aimez évoquer la "profondeur historique" de la STAT. Pourquoi ?
Comme dans toutes les autres unités de l’armée de Terre, l’esprit de corps est nécessaire à la cohésion et au développement du sentiment d’appartenance de son personnel. Cet esprit de corps se construit souvent autour de racines historiques fortes, ancrées dans les esprits.
Par ailleurs, il est important que les partenaires de la STAT comprennent que ce n’est pas une unité récente mais qu’elle s’inscrit dans une histoire pluriséculaire (ce qui n’est pas toujours le cas) et particulièrement riche au service des équipements de l’armée de Terre. Elle n’a certes pas de faits d’armes à son actif comme beaucoup de régiments de l’armée de Terre peuvent en compter dans les plis de leurs drapeaux et étendards, mais elle n’en mérite pas moins de respect eu égard aux services rendus et qu’elle continue de rendre chaque jour à l’armée de Terre.
- Votre raison d'être, c'est apporter "le meilleur pour le soldat" ?
Les opérations d’armement s’inscrivent souvent dans le temps long (plusieurs années). Il peut alors être facile de perdre la finalité de notre mission. Il est donc important de toujours garder à l’esprit que l’objectif de la STAT est de faire en sorte qu’in fine le soldat reçoive le meilleur équipement. Pour cela un ancien directeur rappelait inlassablement que chaque jour la bonne question à se poser est « qu’as-tu fait aujourd’hui pour tes camarades en opération ? ». La finalité de la Section est bien opérationnelle et son point d’application est le soldat.
- Vous conduisez des opérations d'armement. Cela englobe quoi ?
Une opérations d’armement vise à fournir un ou des équipements aux forces pour répondre à un besoin. La STAT conduit au profit de l’armée de Terre environ 400 opérations d’armement, en liaison avec la direction générale de l’armement et les différents services de soutien et de maintien en condition opérationnelle.
Une opération d’armement se décompose en plusieurs étapes. C’est d’abord exprimer un besoin détaillé pour répondre à une ou plusieurs situations opérationnelles. Puis, lorsque les contrats ont été notifiés aux industriels retenus par la DGA, il s’agit de les accompagner dans le développement de la solution. C’est le rôle des officiers de programme. Ensuite, lorsque l’industriel a livré son prototype ou son tout premier équipement de série à la STAT, les équipes de marque entrent en action pour conduire les évaluations dans les conditions les plus proches possibles de l’emploi opérationnel et ainsi s’assurer que l’équipement produit répond au besoin exprimé. Enfin, lorsque ces étapes sont réalisées, nous proposons au chef d’état-major de l’armée de Terre l’adoption ou l’autorisation d’emploi de l’équipement ce qui permet sa livraison et son appropriation par les unités. L’équipement va rester en service parfois plusieurs décennies avant la phase ultime de retrait de service (exemple, le pistolet PA MAC 50 est entré en service en 1950, il est progressivement retiré au profit du Glock).
- Donc à la recherche permanente de l'innovation ?
La captation de l’innovation est effectivement devenu un vrai enjeu. Il s’agit d’identifier très tôt les technologies ou tout au moins les applications innovantes des technologies et d’évaluer rapidement les apports concrets qu’elles pourront générer dans le cadre d’une utilisation militaire. L’objectif est d’innerver les opérations d’armement afin de ne pas laisser en route des options possibles.
- Quelles seront les armes de demain ?
Les armes de demain sont celles qui arrivent progressivement en ce moment et qui équiperont l’armée de Terre pour les 30 ou 40 prochaines années, les plateformes blindées du programmes Scorpion dont 2300 seront livrés dans la loi de programmation militaire 2024-2030. Ce sont des véhicules (Griffon, Serval, Jaguar, char Leclerc rénové) aux versions variées (génie, postes de commandement, guerre électronique, observation d’artillerie, ….) plus mobiles, mieux protégés que leurs prédécesseurs et surtout connectés. C’est le combat collaboratif qui permettra une meilleure circulation de l’information et une prise de décision plus rapide.
Les armes de demain, ce sont celles qui n’existent pas encore mais qui nourrissent déjà les réflexions sur les équipements futurs qui entreront en service à l’horizon 2040.
- Quel est le profil des militaires et des civils qui y servent ?
Le personnel qui sert à la STAT qu’il soit civil ou militaire est souvent un expert reconnu de son domaine. Cette expertise a été acquise dans les régiments et les états-majors pour les militaires qui ont souvent une grosse expérience opérationnelle. Ainsi les militaires qui servent à la STAT sont, en moyenne, âgés de 43 ans et comptent 22 ans d’ancienneté.
Le personnel civil tient une place particulière. Rouage important, sa stabilité sur les postes constitue le socle sur lequel repose une bonne partie de la continuité de l’action. Il est donc indispensable à son bon fonctionnement. Il est présent dans tous les groupements et dans tous les services. Si le personnel civil occupe principalement des fonctions de soutien, quelques-uns, ingénieurs de formation, occupent des postes d’officier de marque quand d’autres, techniciens ou ouvriers de l’État, sont développeurs ou expérimentateurs.
Les métiers exercés et les statuts sont très variés et souvent uniques. Ils sont ainsi, ouvrier, mécanicien auto ou de l’armement, tourneur, magasinier, secrétaire, gardiens veilleurs, photographe…
- La devise de la STAT est "Être exact". Que signifie-t-elle ?
« Être exact » était la devise du général Charles Delestraint, spécialiste des chars de combat et premier chef de l’armée secrète. Arrêté à Paris par la Gestapo en juin 1943 il meurt en déportation au camp de Dachau en avril 1945, quelques jours avant l’arrivée des Alliés.
À la demande du général Charles Beaudouin, directeur de 2013 à 2017, cette devise est attribuée à la STAT en 2015. En effet, pour accomplir sa mission et maîtriser le triptyque « coûts, délais, performances » propre à la conduite des opérations d’armement et effectuer des évaluations permettant de vérifier que les équipements mis en service répondent aux besoins de l’armée de Terre, la STAT se doit d’être exacte.
- Vous aimez évoquer la "profondeur historique" de la STAT. Pourquoi ?
Comme dans toutes les autres unités de l’armée de Terre, l’esprit de corps est nécessaire à la cohésion et au développement du sentiment d’appartenance de son personnel. Cet esprit de corps se construit souvent autour de racines historiques fortes, ancrées dans les esprits.
Par ailleurs, il est important que les partenaires de la STAT comprennent que ce n’est pas une unité récente mais qu’elle s’inscrit dans une histoire pluriséculaire (ce qui n’est pas toujours le cas) et particulièrement riche au service des équipements de l’armée de Terre. Elle n’a certes pas de faits d’armes à son actif comme beaucoup de régiments de l’armée de Terre peuvent en compter dans les plis de leurs drapeaux et étendards, mais elle n’en mérite pas moins de respect eu égard aux services rendus et qu’elle continue de rendre chaque jour à l’armée de Terre.
- Votre raison d'être, c'est apporter "le meilleur pour le soldat" ?
Les opérations d’armement s’inscrivent souvent dans le temps long (plusieurs années). Il peut alors être facile de perdre la finalité de notre mission. Il est donc important de toujours garder à l’esprit que l’objectif de la STAT est de faire en sorte qu’in fine le soldat reçoive le meilleur équipement. Pour cela un ancien directeur rappelait inlassablement que chaque jour la bonne question à se poser est « qu’as-tu fait aujourd’hui pour tes camarades en opération ? ». La finalité de la Section est bien opérationnelle et son point d’application est le soldat.
Evaluation d'un ensemble parachutage |
- Vous conduisez des opérations d'armement. Cela englobe quoi ?
Une opérations d’armement vise à fournir un ou des équipements aux forces pour répondre à un besoin. La STAT conduit au profit de l’armée de Terre environ 400 opérations d’armement, en liaison avec la direction générale de l’armement et les différents services de soutien et de maintien en condition opérationnelle.
Une opération d’armement se décompose en plusieurs étapes. C’est d’abord exprimer un besoin détaillé pour répondre à une ou plusieurs situations opérationnelles. Puis, lorsque les contrats ont été notifiés aux industriels retenus par la DGA, il s’agit de les accompagner dans le développement de la solution. C’est le rôle des officiers de programme. Ensuite, lorsque l’industriel a livré son prototype ou son tout premier équipement de série à la STAT, les équipes de marque entrent en action pour conduire les évaluations dans les conditions les plus proches possibles de l’emploi opérationnel et ainsi s’assurer que l’équipement produit répond au besoin exprimé. Enfin, lorsque ces étapes sont réalisées, nous proposons au chef d’état-major de l’armée de Terre l’adoption ou l’autorisation d’emploi de l’équipement ce qui permet sa livraison et son appropriation par les unités. L’équipement va rester en service parfois plusieurs décennies avant la phase ultime de retrait de service (exemple, le pistolet PA MAC 50 est entré en service en 1950, il est progressivement retiré au profit du Glock).
- Donc à la recherche permanente de l'innovation ?
La captation de l’innovation est effectivement devenu un vrai enjeu. Il s’agit d’identifier très tôt les technologies ou tout au moins les applications innovantes des technologies et d’évaluer rapidement les apports concrets qu’elles pourront générer dans le cadre d’une utilisation militaire. L’objectif est d’innerver les opérations d’armement afin de ne pas laisser en route des options possibles.
Evolution d'une équipe avec robot armé |
- Quelles seront les armes de demain ?
Les armes de demain sont celles qui arrivent progressivement en ce moment et qui équiperont l’armée de Terre pour les 30 ou 40 prochaines années, les plateformes blindées du programmes Scorpion dont 2300 seront livrés dans la loi de programmation militaire 2024-2030. Ce sont des véhicules (Griffon, Serval, Jaguar, char Leclerc rénové) aux versions variées (génie, postes de commandement, guerre électronique, observation d’artillerie, ….) plus mobiles, mieux protégés que leurs prédécesseurs et surtout connectés. C’est le combat collaboratif qui permettra une meilleure circulation de l’information et une prise de décision plus rapide.
Les armes de demain, ce sont celles qui n’existent pas encore mais qui nourrissent déjà les réflexions sur les équipements futurs qui entreront en service à l’horizon 2040.
- Vous rassemblez à Versailles et sur d'autres sites, une armée de "Géotrouvetout", pour reprendre le nom de ce personnage de bande dessinée de notre enfance ? Des touche-à-tout ?
La STAT est composée d’hommes et de femmes passionnés, dont certains se reconnaîtraient certainement en Géotrouvetout. Être inventif, curieux, s’adapter en permanence aux circonstances, mais rester rigoureux, sont effectivement autant de qualités recherchées pour servir à la STAT.
- C’est bien une unité singulière...
La STAT est une unité singulière à bien des égards. D’abord parce qu’elle est à elle seule un concentré des compétences que l’on trouve dans toute l’armée de Terre et couvre ainsi l’ensemble des fonctions opérationnelles.
La STAT est une unité singulière parce qu’elle ne ressemble à aucune autre. Bataillon « d’entrée en premier » dans les équipements, structuré autour de groupements, elle n’est pas vraiment comparable à un régiment.
La STAT est une entité singulière parce qu’elle n’a aucun équivalent dans les autres armées ni en France, ni en Europe. Les autres armées nous l’envient souvent.
La STAT est une unité singulière parce qu’elle est capable de s’adapter à toutes les situations et apporter son expertise partout où c’est nécessaire, en appui des forces, y compris sur les théâtres d’opération intérieures et extérieures.
La STAT est composée d’hommes et de femmes passionnés, dont certains se reconnaîtraient certainement en Géotrouvetout. Être inventif, curieux, s’adapter en permanence aux circonstances, mais rester rigoureux, sont effectivement autant de qualités recherchées pour servir à la STAT.
- C’est bien une unité singulière...
La STAT est une unité singulière à bien des égards. D’abord parce qu’elle est à elle seule un concentré des compétences que l’on trouve dans toute l’armée de Terre et couvre ainsi l’ensemble des fonctions opérationnelles.
La STAT est une unité singulière parce qu’elle ne ressemble à aucune autre. Bataillon « d’entrée en premier » dans les équipements, structuré autour de groupements, elle n’est pas vraiment comparable à un régiment.
La STAT est une entité singulière parce qu’elle n’a aucun équivalent dans les autres armées ni en France, ni en Europe. Les autres armées nous l’envient souvent.
La STAT est une unité singulière parce qu’elle est capable de s’adapter à toutes les situations et apporter son expertise partout où c’est nécessaire, en appui des forces, y compris sur les théâtres d’opération intérieures et extérieures.
Evaluation d'un radar détecteur de roquettes |
- Quel est le profil des militaires et des civils qui y servent ?
Le personnel qui sert à la STAT qu’il soit civil ou militaire est souvent un expert reconnu de son domaine. Cette expertise a été acquise dans les régiments et les états-majors pour les militaires qui ont souvent une grosse expérience opérationnelle. Ainsi les militaires qui servent à la STAT sont, en moyenne, âgés de 43 ans et comptent 22 ans d’ancienneté.
Le personnel civil tient une place particulière. Rouage important, sa stabilité sur les postes constitue le socle sur lequel repose une bonne partie de la continuité de l’action. Il est donc indispensable à son bon fonctionnement. Il est présent dans tous les groupements et dans tous les services. Si le personnel civil occupe principalement des fonctions de soutien, quelques-uns, ingénieurs de formation, occupent des postes d’officier de marque quand d’autres, techniciens ou ouvriers de l’État, sont développeurs ou expérimentateurs.
Les métiers exercés et les statuts sont très variés et souvent uniques. Ils sont ainsi, ouvrier, mécanicien auto ou de l’armement, tourneur, magasinier, secrétaire, gardiens veilleurs, photographe…
- La devise de la STAT est "Être exact". Que signifie-t-elle ?
« Être exact » était la devise du général Charles Delestraint, spécialiste des chars de combat et premier chef de l’armée secrète. Arrêté à Paris par la Gestapo en juin 1943 il meurt en déportation au camp de Dachau en avril 1945, quelques jours avant l’arrivée des Alliés.
À la demande du général Charles Beaudouin, directeur de 2013 à 2017, cette devise est attribuée à la STAT en 2015. En effet, pour accomplir sa mission et maîtriser le triptyque « coûts, délais, performances » propre à la conduite des opérations d’armement et effectuer des évaluations permettant de vérifier que les équipements mis en service répondent aux besoins de l’armée de Terre, la STAT se doit d’être exacte.