Burkina, poursuite de la mise au pas de la presse
Cela fait six jours qu’Adama Bayala est introuvable. Ce journaliste-enseignant, par ailleurs président du Réseau national des consommateurs du Faso (RENCOF) n’a plus donné signe de vie après avoir quitté son bureau, le 28 juin. Cette disparition d’un homme critique à l’égard de la junte au pouvoir à Ouagadougou, intervient, précise son épouse, « après une publication sur Facebook le mettant en garde et lui disant de faire attention à lui ».
Fragilité du pouvoir
Commentant l’actualité locale, le 16 juin, sur les antennes de la télévision BF1, Adama Bayala constatait que le climat politique (depuis l’arrivée de la junte) « était délétère, malsain » et que « l’air était pollué ». Il avait l’habitude de manifester sa réprobation, souvent en des termes moins métaphoriques.
Mise au pas
De son côté, le pouvoir né du coup d’État de septembre-octobre 2022 « talonne » (pour reprendre la formule d’un journaliste africain) les voix critiques à l’égard du discours officiel. À l’image de TV5Monde dont la diffusion a été suspendue six mois le 18 juin dernier. La chaîne a également été condamnée à payer 50 millions de francs CFA (environ 76 000 euros). Cette décision suit celle d’une longue liste de médias étrangers suspendus, de manière temporaire ou définitive, depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré.
"Médias menteurs"
Quelques jours plus tôt, le bihebdomadaire L’Evènement a fait l’objet d’une suspension d’un mois, et son directeur de la publication, Serge Oulon, a été enlevé par une dizaine d’hommes. Commentaire immédiat du quotidien Aujourd’hui : « Ce qui arrive à notre confrère intervient au lendemain de la folle semaine de rumeurs et d’allégations et surtout de la menace sur les “médias menteurs“ et les comploteurs ». Hier, l'organisation Reporters sans frontières évoquait également la disparition de Kalifara Séré, qui intervient également sur BF1, porté disparu depuis le 19 juin au lendemain d’une audition à la police judiciaire.
Photo, Adama Bayala, ©DR