19 août 1944, une journée dans la libération de Paris



Ce samedi 19 août,  Amédée Bussière entame sa dernière journée de préfet de police de Paris. Nommé en 1942 par Vichy, il affronte depuis quatre jours une grève des policiers parisiens à la suite de la décision des Allemands de désarmer leurs collègues des commissariats d’Asnières et de Saint-Denis*. Il sait que tout est fini pour Pétain, Laval et le gouvernement dit de Vichy qu’il représente.

Virage pour la police
Depuis le 15 août, les policiers obéissent plutôt aux responsables des Forces française de l’intérieur (FFI). Une volte-face pour cette police jusqu’ici au service de l’Etat français, auxiliaire de l’occupant. Précisons que trois réseaux de résistance existent au sein de la préfecture et qu’une minorité des fonctionnaires a gardé un comportement exemplaire durant cette période.
Yves Bayet, un commissaire devenu sous-préfet, au comportement controversé pendant les années noires, mais qui joue un rôle majeur dans l’insurrection, adresse le 18 août au soir au Comité de libération de la police, le message suivant : « Le CPL (Comité parisien de libération) donnera dans la matinée lʼordre dʼinsurrection. Il faut rassembler deux mille hommes demain matin à 7 heures aux abords immédiats de la Préfecture de Police. Vous attendrez les instructions du CNR (Conseil national de la Résistance) et du CPL ». Dans la journée la préfecture de police sera prise.

Insurrection
Alexandre Parodi représentant du gouvernement provisoire de la République française, qui vient d’être nommé par le général de Gaulle, ministre des territoires libérés apporte ce 19 août, à Henri Rol-Tanguy son soutien à l’insurrection. Un accord pas forcément évident à obtenir.
Henri Tanguy, alias Rol, Louis, Théo, Morel, Prat, Gay, Imbert, Nordal, militant communiste dirige les Forces françaises de l’Intérieur (FFI ) des 4 départements d’Ile-de-France. Il donne alors l’ordre d’occuper les bâtiments publics, les gares, les mairies, les centraux téléphoniques et surtout engage les parisiens et les parisiennes à rejoindre le mouvement. « Le succès était fonction du nombre » expliquera-t-il ultérieurement.

Les Allemands répriment
Le journaliste Jean Le Quiller, pour l’AFP naissante, raconte la réaction des Allemands : « Dès 13h30, ils lancent des chars contre la préfecture de police ; mais ceux-ci sont pris audacieusement à revers par des agents qui utilisent la rue Saint Jacques et le boulevard Saint- Michel ; vers 17 heures, nouvelle attaque ; les Allemands perdent 40 tués et 70 blessés ; à 17h30, ils essaient d'arroser la cour de la préfecture avec des mines, puis de pénétrer par les toits. Ils sont repoussés... » Si la Wehrmacht (armée allemande) n’a plus le contrôle de Paris et de sa banlieue, elle continue à réprimer. Jean Le Quiller : « A Neuilly, par exemple, où la mairie a été occupée par des FFI vers 14h, les chars allemands l'ont bombardée tout l'après-midi, et ont forcé une partie des FFI à se rendre ; dix Français ont trouvé la mort dans cet engagement. Un groupe continuera de résister jusqu'au lendemain. »
Trois jours auparavant, 35 résistants, âgés de 18 à 32 ans ont été fusillés devant la cascade du Bois de Boulogne.

*Les gendarmes se sont eux mis en grève le 13 août
Photo : DR conservée à la BPK, Berlin..

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